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Histoire de la Révolution française depuis 1789 jusqu'en 1814

Titel: Histoire de la Révolution française depuis 1789 jusqu'en 1814 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: François-Auguste-Marie-Alexis Mignet
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réellement à Louis XVI les projets qui, dans la bouche de Vergniaud, n’avaient été que des suppositions. Peu de jours après, Brissot s’exprima plus ouvertement   : « Le péril où nous sommes, dit-il, est le plus extraordinaire qu’on ait encore vu dans les siècles passés. La patrie est en danger, non pas qu’elle manque de troupes, non pas que ses troupes soient peu courageuses, ses frontières peu fortifiées, ses ressources peu abondantes… Non. Elle est en danger parce qu’on a paralysé ses forces. Eh   ! qui les paralysait   ? un seul homme   ; celui-là même que la constitution a fait son chef et que des conseillers perfides faisaient son ennemi   ! On vous dit de craindre les rois de Hongrie et de Prusse… et moi je dis que la force principale de ces rois est à la cour, et que c’est là qu’il faut les vaincre d’abord. On vous dit de frapper sur des prêtres réfractaires par tout le royaume… et moi je dis que frapper sur la cour des Tuileries, c’est frapper ces prêtres d’un seul coup. On vous dit de poursuivre tous les intrigants, tous les factieux, tous les conspirateurs… et moi je dis que tous disparaissent, si vous frappez sur le cabinet des Tuileries   ; car ce cabinet est le point où tous les fils aboutissent, où se trament toutes les manœuvres, d’où partent toutes les impulsions   ! La nation est le jouet de ce cabinet. Voilà le secret de notreposition, voilà la source du mal, voilà où il faut porter le remède. »
    La Gironde préparait ainsi l’assemblée à la question de la déchéance. Mais on termina auparavant la grande question sur les dangers de la patrie. Les trois comités réunis déclarèrent qu’il y avait lieu à prendre des mesures de salut public, et l’assemblée proclama alors cette formule solennelle   : Citoyens, la patrie est en danger   ! Aussitôt toutes les autorités civiles se placèrent en surveillance permanente   ; tous les citoyens en état de porter les armes, et ayant déjà fait le service des gardes nationales, furent mis en activité   ; chacun fut tenu de déclarer les armes et les munitions dont il était pourvu   ; on donna des piques à ceux qu’on ne put pas armer de fusils, on enrôla des bataillons de volontaires sur les places publiques, au milieu desquelles on avait planté des bannières avec ces mots   : Citoyens , la patrie est en danger   ; et l’on forma un camp à Soissons. Toutes ces mesures de défense, devenues indispensables, portèrent au plus haut degré l’exaltation révolutionnaire. On eut lieu de le remarquer à l’anniversaire du 14 juillet, pendant lequel les sentiments de la multitude et des fédérés des départements éclatèrent sans retenue. Pétion y fut l’objet de l’idolâtrie du peuple   ; il eut tous les honneurs de la fédération. Peu de jours auparavant il avait été destitué, à cause de sa conduite au 20 juin, par le directoire du département et par le conseil   ; mais l’assemblée l’avait rétabli dans ses fonctions, et le seul cri proféré le jour de la fédération fut celui de Pétion ou la mort   ! Quelques bataillons de la garde nationale, tels que celui des Filles-Saint-Thomas, montraient encore de l’attachement à la cour, ils devinrent l’objet de la défiance et des ressentiments populaires. On excita dans les Champs-Élysées, entre les grenadiers des Filles-Saint-Thomas et les fédérés de Marseille, une rixe dans laquelle quelques grenadiers furent blessés. La crise devenait chaque jour plus imminente   ; le parti de la guerre ne pouvait plus souffrir celui de la constitution. Les attaques contre La Fayette se multipliaient   ; il était poursuivi dans les journaux, dénoncé dans l’assemblée. Enfin les hostilités commencèrent   : le club des Feuillants fut fermé   ; on cassa les compagnies de grenadiers et de chasseurs de la garde nationale, qui étaient la force de la bourgeoisie   ; les soldats de ligne et les Suisses furent éloignés de Paris, et l’on prépara ouvertement la catastrophe du 10 août.
    La marche des Prussiens et le fameux manifeste de Brunswick contribuèrent à hâter ce moment. La Prusse s’était réunie à l’Autriche et aux princes d’Allemagne contre la France. Cette coalition, à laquelle se réunissait la cour de Turin, était formidable, quoiqu’elle ne comprît pas toutes les puissances qui d’abord avaient dû se joindre à elle. La mort de Gustave, désigné comme le chef de

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