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Histoire des colonisations: Des conquetes aux independances, XIIIe-XXe siecle

Histoire des colonisations: Des conquetes aux independances, XIIIe-XXe siecle

Titel: Histoire des colonisations: Des conquetes aux independances, XIIIe-XXe siecle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marc Ferro
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essentiellement de l’inadéquation des comportements anglais aux réalités culturelles et politiques de l’Inde. « Les Anglais sont comme des passagers sur une terre étrange, mais ils ne doivent pas cesser d’avancer. » Ce commentaire de R.A. Butler signifiait qu’il fallait savoir combiner fermeté et réformes, « ce que seul Minto avait su équilibrer ». Car les réformes, dues à une initiative de New Delhi, mais élaborées à Londres, pouvaient — la preuve en est — être réduites à rien par ces « maladresses », dues au mépris pour l’Inde.
    Les réponses aux trois affronts furent trois campagnes de Gandhi, celle de la non-coopération en 1920-1922 ; puis celle de la désobéissance civile, en 1930-1931, marquée par la grève de l’impôt du sel ; enfin, la campagne «  Quit India  », durant la Seconde Guerre mondiale.
    Pendant ces deux décennies, des liens s’étaient établis et s’étaient resserrés entre le parti de Gandhi et les communautés paysannes dont on connaissait les difficultés spécifiques : ici, la crise de l’indigo, là, des mesures répressivestrop dures. Gandhi savait être partout, « enflammant les imaginations paysannes par des visions millénaristes ». Mais il assurait les Britanniques qu’il en contrôlait les excès ; et, le plus souvent, c’était vrai. « Car il était impérieux en diable, commente Nehru, et son magnétisme agissait. » De fait, il sut prévenir les révoltes rurales, car il savait que les Anglais les réprimeraient, comme ils avaient fait pour celle des Moplahs, en 1921, pour les Chemises Rouges, dans les années trente.
    Les effets de la stratégie de Gandhi étaient clairs : les Anglais ne pouvaient guère plus agir sans l’aval du Parti du Congrès, qui devenait à la fois un contre-pouvoir et un pouvoir parallèle. L’avantage pour les Anglais était de disposer d’un « interlocuteur valable », car le Congrès voyait le nombre de ses adhérents s’accroître : 3 millions en 1937.
    La montée du Congrès impliquait la relative déchéance à la fois de l’Inde des Princes et de la communauté musulmane. Forts de cette certitude, les Anglais qui étaient hostiles à une émancipation de l’Inde pouvaient juger qu’ils resteraient ainsi les maîtres de la situation pendant une bonne dizaine d’années. Ils ne s’imaginaient pas à quel point ce pronostic était juste.
    L’agression japonaise à Pearl Harbor, puis les désastres que connut la Grande-Bretagne, avec la chute de Singapour au début de 1942, déterminent un schisme au sein du mouvement national indien, une partie des partisans du puma swaraj (la complète indépendance) jugeant que l’occasion devait être saisie de s’associer aux Japonais, qui approchaient de la Birmanie pour chasser les Britanniques.
    Le mouvement était animé par Chandra Bose. Il était un des leaders du mouvement depuis son ouvrage, publié en 1934, The Indian Struggle , où il jugeait insuffisants les résultats de la non-violence, estimant que les objectifs étaient mal définis, même si la technique de Gandhi méritait tous les hommages. Surtout, il lui reprochait de trop ménager les puissants, de ne pas être assez révolutionnaire ; et aussi d’être trop coquet avec les Anglais, fraternisant même avec eux, à Londres. Il rejoignait ainsi les communistes. Bose animait une aile radicale, alors que lepandit Nehru jouait la carte modératrice. En 1939, ce fut Chandra Bose qui fut élu président du Congrès, face au candidat de Gandhi.
    Lors de l’ouverture du conflit, Gandhi eut une attitude ambiguë. Il écrivit une lettre à Hitler pour l’inviter à la paix, celle de l’âme essentiellement, tout en conseillant aux Juifs la non-violence… En cas d’invasion (le 13 avril 1940, avant l’entrée en guerre du Japon et des États-Unis), il suggérait « la non-coopération avec l’agresseur si Néron occupait l’Inde — ou la résistance non violente, pour se proposer comme victime, et un peuple en chaînes qui attendrait la mort ». Mais le Congrès rejeta à la fois la révolution que préconisait Chandra Bose, et la non-violence. Vinova Bhave, un disciple de Gandhi, fit un discours contre la guerre. Il fut arrêté, tout comme Nehru, Pavel et 400 membres des différentes instances de l’État, après que Gandhi se fut prononcé en faveur de la désobéissance civile. Une mission anglaise, dirigée par Stafford Cripps, avait certes proposé

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