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Histoire des colonisations: Des conquetes aux independances, XIIIe-XXe siecle

Histoire des colonisations: Des conquetes aux independances, XIIIe-XXe siecle

Titel: Histoire des colonisations: Des conquetes aux independances, XIIIe-XXe siecle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marc Ferro
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de Nouvelle-Zélande). Ainsi les réactions violentes aux mouvements antibritanniques se manifestèrent spécialement lorsque les sujets de Sa Majesté furent directement impliqués : à Chypre, à Gibraltar, au Kenya, en Rhodésie, aux Malouines-Falkland.
    Pour le reste, on a pu juger que la perte de prestige de la Chambre des Lords, la démocratisation de l’après-guerre, l’instauration du Welfare State surtout, ont dévalorisé les vertus que l’Empire incarnait, que le sentimentalisme avait pris la place de la virilité, que l’Empire est ainsi devenu à la fois une entreprise charitable et une source de revenus — ce qui changeait tout.
    Car la vraie démocratie sociale, instituée par le Welfare State, était incompatible avec l’impérialisme, et, seule, la retraite impérialiste, par les économies qu’elle impliquait, rendait possible le Welfare State. Au vrai, cette idée se croisait avec la certitude, ancienne chez de nombreux Britanniques, que l’Empire avait donné à la classe dirigeante l’assise qui l’avait perpétuée au pouvoir . Depuis le début du XIX e  siècle, en outre, les héritiers de Cobden, voire de Gladstone, étaient persuadés que les guerres étaient désormais l’héritage des rivalités impérialistes. Il y avait ainsi toute une gauche travailliste qui, après laSeconde Guerre mondiale, marqua sa différence sur le problème colonial en faisant des concessions au mouvement national en Inde comme en Palestine, en 1947-1948 ; il est vrai qu’elle n’eut pas le choix. Ensuite, elle ne se dit pas hostile à l’Empire mais à la politique « d’aventure » qu’incarna Eden lors de la crise de Suez, et favorable à un Commonwealth qui perpétuerait la grandeur de la Grande-Bretagne sans ruiner ses liens avec les peuples de couleur. Le moment difficile fut bien la crise en Afrique centrale, au début des années soixante, où le racisme blanc en Rhodésie nécessita un semi-décrochage difficile à opérer, et l’auto-proclamation de l’indépendance par le gouvernement Smith, contestée par les travaillistes, leur attira le désaveu des Britanniques du reste du Commonwealth.
    Au pouvoir de 1951 à 1964, ce furent les conservateurs qui ont eu à assumer les défaites les plus humiliantes : d’abord, le « départ » de l’Australie et de la Nouvelle-Zélande, dans cette alliance avec les États-Unis, qui en a exclu la Grande-Bretagne (le pacte Anzus de 1951), effet à retardement du choix stratégique de Churchill pendant la Seconde Guerre mondiale — lorsque la défense de Singapour a pris le pas sur celle de l’Australie — que les Australiens ne lui ont jamais pardonné ; et puis cette série d’échecs, soulèvement des Mau-Mau au Kenya (1952) ; création de la Central African Federation ; affaire de Suez (1956) et fin de la présence britannique au Moyen-Orient avec la chute du régime du roi Fayçal en Irak (1958) ; indépendance de la Malaisie et du Ghana, de la Sierra Leone, du Tanganyika (1957-1961), puis des Caraïbes (1962). En vérité, les conservateurs ont eu les reins brisés dès que le groupe de Suez, animé par Lord Amery, qui poussa Eden à intervenir contre Nasser, perdit cette bataille qui s’acheva par la reconnaissance par Macmillan de la propriété des Égyptiens sur le canal.
    Dès lors, ils durent accepter les nécessités du dégagement avec cette différence que, contrairement aux travaillistes, on ne les soupçonna pas d’avoir voulu liquider l’Empire…
    Dans le cas de la Grande-Bretagne comme dans celui de la France, les pressions de l’extérieur n’ont pas manqué deconduire au dégagement, à la décolonisation. Pendant la Seconde Guerre mondiale, indépendamment du rôle joué par le Japon, les États-Unis avaient ajouté aux menaces qui pesaient sur l’avenir de l’Empire en stigmatisant ouvertement la politique de Stafford Cripps et de Churchill en Inde, « où elles perpétuaient le régime colonial »… Les émeutes qui avaient suivi l’arrestation de Gandhi, durant l’été 1942, ne devaient rien aux Américains mais, pour la première fois, le gouvernement de Londres voyait poindre, de la part de son puissant allié, une critique, un défi, une menace. Se croyant innocents de toute visée impérialiste — et n’imaginant pas que leur politique en Amérique latine constituait une variété de colonisation indirecte —, les Américains faisaient ainsi de la morale aux Puissances coloniales

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