Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Histoire des colonisations: Des conquetes aux independances, XIIIe-XXe siecle

Histoire des colonisations: Des conquetes aux independances, XIIIe-XXe siecle

Titel: Histoire des colonisations: Des conquetes aux independances, XIIIe-XXe siecle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marc Ferro
Vom Netzwerk:
Lomé, et à Tarbes le lycée de Bobo-Dioulasso. »
    Georges Bidault fustigea ceux qui avaient, de la France, « une vision de comptable ». Il n’en précisait pas moins, concernant l’Algérie, que le pétrole saharien ferait pencher la balance du côté bénéficiaire…
    L’identité de la nation et le rôle des dépendances
    L A   F RANCE
    Face à ceux qui voient la survie de la grandeur française dans le repliement économique ou la sauvegarde de son rôle moral, se trouve une cohorte de courants qui s’opposent à « l’abandon », à la « déchéance » de la nation. Pour l’essentiel, depuis la défaite de 1940 — et même un peu auparavant, depuis l’Exposition coloniale de 1931, ils voient dans l’Empire un espace qui permettra au pays de retrouver sa grandeur. Ce qui est une nécessité pour Pétain est également une nécessité pour de Gaulle qui, à Brazzaville, promet des réformes, mais dans un cadre républicain. C’est d’ailleurs entre 1930 et 1950 que se multiplient les films et les écrits à la gloire de la colonisation française, de son œuvre. En 1954 encore, François Mitterrand déclare que « des Flandres au Congo il y a la loi, une seule nation, un seul parlement ».
    Au temps de la guerre froide, la défense de l’intégrité nationale s’exprime contre « la menace soviétique », contre le communisme, une appréciation qui a trouvé son fondement dans la guerre d’Indochine, avec l’appartenance d’Hô Chi Minh au Komintern avant 1943, au Parti communiste toujours. De sorte que, en assurant la défense de l’Empire, c’est l’Occident et sa civilisation dont la France se fait la sentinelle. Lorsque la révolte coloniale se développe au Maghreb, la défense de la France est présentée aussi bien comme la sauvegarde de l’ordre républicain face à la révolution mondiale ; telle est souvent la position des chefs militaires, ils ne veulent pas « brader » l’Empire. Mais, chez les hommes politiques tel Jacques Soustelle, le réformiste se croise avec le contre-révolutionnaire et avec le jacobin. Il sait bien qu’en Algérie la France n’a pas accompli son devoir ni les réformes qui légitimeraient sa présence. Il réclame lui aussi justice pour les Arabes — comme Albert Camus : « Quand un Français d’Algérie s’appelle Pierre, il a droit à notre affection parce qu’il a toujours été un des nôtres ; quand il s’appelle Antonio, il y a droit deux fois, parce qu’il a choisi d’être parmi nous. Quand il s’appelle Rachid, il y a droit trois fois, parce que c’est nous qui l’avons entraîné sur un chemin difficile et dangereux. » Mais que les Arabes refusent sa justice, et Soustelle juge alors qu’ils sont manipulés, par le communisme et l’URSS, d’abord, puis par Nasser.
    Ce sont ces vues que, en général, partage la droite, tant ses milieux politiques, tel Georges Bidault, qui s’y rallie, que ses écrivains, mais avec plus de nuances, tels le romancier Jacques Laurent, ou l’historien Raoul Girardet.
    Bientôt, à ce front de résistance s’adjoignent, nolens volens , les dirigeants pris dans le cycle de la guerre et de la répression : de Martinaud-Deplat à Mitterrand, et jusqu’aux socialistes Mollet et Robert Lacoste — du moins pour l’Algérie.
    De sorte que, globalement, en France, cette orientation l’emporte dans les faits.
    Avec de Gaulle, certes, l’action décolonisatrice va émaner du pouvoir, de celui de la République. Or, ce n’est pas l’anticolonialisme qui est à l’origine de ce changement,mais bien les luttes de libération, surtout en Algérie. En Afrique noire, non plus, l’indépendance n’a pas de grosses dettes envers l’anticolonialisme. Mais il est sûr que dans ce cas, grâce à Gaston Defferre et à de Gaulle, a été accomplie une œuvre de décolonisation. On y reviendra.
    L A   G RANDE - B RETAGNE
    Pour les Anglais, l’orgueil d’être les maîtres d’un vaste empire existait certes, mais l’attitude de la métropole était plus différenciée, selon qu’il s’agissait de territoires peuplés de Blancs, ou non. Il existait bien deux versions de l’Empire britannique, celle qu’avait incarnée Lord Curzon et qui faisait de l’Inde le joyau de l’Empire, celle de Lord Milner qui concevait plutôt un Commonwealth, qui était peuplé de Blancs (ce qui revenait à ne faire cas ni des Indiens du Canada, ni des aborigènes d’Australie ou des Maoris

Weitere Kostenlose Bücher