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Histoire des colonisations: Des conquetes aux independances, XIIIe-XXe siecle

Histoire des colonisations: Des conquetes aux independances, XIIIe-XXe siecle

Titel: Histoire des colonisations: Des conquetes aux independances, XIIIe-XXe siecle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marc Ferro
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— une manière, au vrai, de tenter de se substituer à elles. Ce qui se produisit au lendemain de la crise de Suez.
    La domination française était également sous la même menace extérieure que celle de sa rivale — qui, pendant la guerre, au Levant et à Madagascar, avait essayé de prendre sa relève. La France vaincue était en effet très vulnérable, dans son Empire aussi bien. Mais Bourguiba, le sultan du Maroc et Ferhat Abbas avaient fait le même choix qu’Hô Chi Minh — s’opposer à la menace fasciste pour mieux s’appuyer, ensuite, sur les Américains, afin d’obtenir de la France les concessions attendues… En novembre 1942, lors du débarquement en Afrique du Nord, Murphy eut des entretiens avec Ferhat Abbas, comme Roosevelt avec le sultan du Maroc. Mais, avant tout soucieux de gagner la guerre, les Américains se contentèrent de distribuer des bonnes paroles. Les colons sentirent bien qu’il y avait là une menace pour leur avenir, et, au Maroc au moins, ils ne manquèrent pas d’imputer une part des événements de 1950-1952 à l’action des Américains.
    En Algérie, on l’imputa plutôt aux Soviétiques… au communisme. Mais nul ne pensait alors qu’Américains et Russes allaient, à Suez, se donner la main…
    Le contexte international : Suez et l’éclipse des Empires
    L’éclipse des Empires a été due à trois ensembles de données : l’exigence des peuples colonisés, la mise en cause, en métropole, des avantages de l’expansion — enfin, la pression venue de l’extérieur, émanant de concurrents ou de puissances nouvelles exprimant un défi.
    La montée en puissance des États-Unis et de l’URSS, et l’affirmation du nationalisme arabe se sont ainsi croisées, lors de la crise de Suez, pour signer la décomposition des Empires français et britannique, avancée déjà, désormais irréversible.
    Il est, au reste, paradoxal qu’alors que la rivalité multiséculaire de la France et de l’Angleterre avait stimulé leur montée en puissance, et contribué au développement de leur Empire, pour la première fois leur association sur le terrain colonial a abouti à leur perte.
    Au début des années cinquante, la Guerre froide bat son plein. N’ayant plus les mains liées en Corée, les États-Unis semblent sur le point d’intervenir au Vietnam. Ayant le sentiment de jouer les dupes depuis les accords de Yalta, les Américains voient qu’après la Chine le Moyen-Orient menace de passer à l’Est, au communisme. L’alerte a déjà été chaude en Iran où Mossadegh a nationalisé les pétroles ; certes, le pouvoir du Shah a été restauré, mais un accord de ventes d’armes entre Moscou et Damas, en 1954, témoigne de l’avancée de l’URSS vers les « mers chaudes » et les zones pétrolifères de l’Orient.
    Les dirigeants de Washington, animés de l’esprit de Riga — parce que conseillés par des Baltes hostiles à l’esprit de Yalta —, sont d’une méfiance inconditionnelle vis-à-vis de l’expansionnisme soviétique : à leur tête, Foster Dulles développe la politique du containment qui vise à encercler l’URSS — et la Chine communiste — d’un réseau d’alliances militaires, appuyées sur un système de bases sous contrôle américain. C’est ainsi que doit être arrêtée la marche en avant de l’expansionnisme soviétique qui s’est déjà assuréle contrôle de l’Europe de l’Est, de la Corée du Nord, de la Chine — et dont les partis communistes sont actifs en Iran (Tudeh), en Égypte, en Indonésie, etc. Ce rôle doit être joué, à l’Ouest, par l’OTAN, en Extrême-Orient, par l’OTASE (ou SEATO), en Orient, par le pacte de Bagdad. Désormais, pour Washington, l’adhésion à ce pacte, l’humeur avec laquelle on y participe constituent le critère de jugement que le gouvernement américain porte sur ses partenaires ; ainsi le rejet du traité de la Communauté européenne de défense (CED), en août 1954, par l’Assemblée nationale suscite, aux États-Unis, une méfiance durable envers Paris ; ses effets se firent sentir lors de la crise de Suez. En Orient, ils comptent sur les Anglais pour faire signer l’Irak et la Jordanie. Ils négocieront eux-mêmes l’adhésion à ce pacte, alors appelé MEDO (Middle East Defense Organization), de l’Iran, de la Turquie, de l’Égypte.
    Foster Dulles rencontre ainsi le colonel Nasser ; le contexte est favorable, car les militaires n’ont pas

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