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Histoire des colonisations: Des conquetes aux independances, XIIIe-XXe siecle

Histoire des colonisations: Des conquetes aux independances, XIIIe-XXe siecle

Titel: Histoire des colonisations: Des conquetes aux independances, XIIIe-XXe siecle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marc Ferro
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Congrès.
    Ainsi, on assiste à un mouvement centrifuge qui est la réponse des minorités au centralisme institutionnel, lui-même réponse à la menace que le monde extérieur fait peser sur chaque État, sur chaque communauté.
    L’ uniformisation institutionnelle et bureaucratique s’est manifestée avec le développement de l’État, qu’on le date, en Occident, du XVI e  siècle, de la Révolution française ou de l’âge technocratique. Ce phénomène s’est traduit par la multiplication des groupes sociaux qui ont élargi l’aire du pouvoir central, qu’il se soit agi successivement du clergé, des militaires, des fonctionnaires, des cadres, voire des universitaires et autres experts. Leur promotion élargit la distance entre le centre et la périphérie, distance sociale, il s’entend ; celle-ci aboutit au rejet vers l’extérieur de tous ceux qui ne sont pas intégrés au système : qu’il s’agisse des exclus, de toutes les autres victimes collectives, aussi bien « arrière-pays » que régions entières et nations prolétaires, concernant même les pays développés depuis que la bureaucratie est devenue supranationale. A la fin du XIX e  siècle, le paysan des Cévennes retrouvait, au-dessus des épaulettes de son officier, la figure de son ancien maître. Aujourd’hui, le pouvoir n’est plus celui du sous-préfet ou du député, mais il appartient à la Commission de Bruxelles. Le citoyen, qui a perdu ses repères, a aussi perdu son recours . Or, ce phénomène concerne aussi bien tous les États nouveaux nés ou réapparus depuis la fin de l’ère coloniale. L’occidentalisation du monde, liée à la colonisation, a abouti à une uniformisation des institutions, depuis les formes de la « démocratie représentative » jusqu’à celles de la dictature. Les mêmes glissements de fonctionse retrouvent en Afrique noire ou en Asie du Sud-Est.
    Dans les conférences internationales, ce ne sont pas les nations « prolétaires » qui ont le moins d’experts, leur personnel politique est l’homologue de celui des autres pays : la petite Barbade a ses députés, ses ambassadeurs, son cortège d’anciens ministres, etc.
    L’ unification culturelle — comme l’unification matérielle du reste — tend vers l’uniformisation aussi, mais dans ce cas il s’agit souvent des suites de ce qu’on a appelé « l’échange colombien », outre l’Amérique et l’Europe, celui des produits alimentaires ou autres, qui ont traversé l’Atlantique dans un sens ou dans un autre — le dindon, le maïs, le cheval, etc. —, ou sont passés d’une civilisation à l’autre — le thé, le café, le tabac… —, souvent identifiés à la mode nouvelle…
    On retrouve cette unification dans quelques autres domaines… Le plus universel est sans doute la danse, car dans ce domaine le processus de conquête est parti des Amériques noires. Dans son désir souvent réprimé de la Vénus Noire, l’homme blanc accepte les danses nègres, mais il en a accentué la distance. La première a été le lundu , danse érotique bantoue, adoptée par les mulâtres et mulâtresses du XVIII e  siècle. Puis sont venus les fous du tango des Noirs de Buenos Aires, métissé, ne gardant plus qu’une réminiscence de l’acte sexuel, qui est devenu une sorte de danse nationale en Argentine avant de gagner l’Europe et les États-Unis. Puis ce fut la samba brésilienne, peu à peu devenue une danse blanche, comme la rumba, adoucie par rapport à ses origines africaines, etc.
    Alors que la musique nègre — avec le jazz entre autres — a aussi gagné la planète, l’art africain a eu un parcours plus difficile ; « ydoilles estranges », disait-on en ramenant des statuettes d’Afrique au XVI e  siècle ; ces « idoles », « art primitif », dit-on lors de la première grande exposition, suite à une mission de Pierre Savorgnan de Brazza, en 1886. Celle-ci accueille près de 30 000 visiteurs, mais elle a lieu à l’Orangerie du Jardin des Plantes, dépendance du Muséum d’histoire naturelle… ce qui définit son statut. Toujours à Paris, lors de l’Exposition universelle de 1889, il s’agit, pour les organisateurs, de populariser l’idée coloniale. Certes, il est des collectionneurs qui savent voir les raffinements de cette statuaire, mais les publications qui portent sur les artefacts sont essentiellement dues à des géographes, ethnologues, anthropologues.
    Vlaminck et

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