Histoire des colonisations: Des conquetes aux independances, XIIIe-XXe siecle
par Diego Velazquez. C’est de cette île que des expéditions sont lancées vers la tierra firme qui passe pour recéler des richesses fantastiques.
En 1519, avec 11 vaisseaux, 100 marins et 600 soldats, 10 canons et 16 chevaux, Hernan Cortez débarque à l’île de Cozumel, le 18 février. Impressionnées par ces hommes sortis de la mer et qui sur leurs chevaux ressemblent à des centaures, les tribus se soumettent, et Cortez fonde Rica de Vera Cruz, un nom symbolique puisque l’or y voisine la croix. En ignorant les instructions de Diego Velazquez, Cortez crée ainsi un établissement au nom de son roi, et, pour manifester sa volonté d’autonomie, il détruit ses propres vaisseaux afin de ne plus dépendre de Cuba. Charles V, averti par Diego Velazquez, envoie une flotte pour le combattre, mais entre-temps Cortez avait détruit et conquis un empire.
Il l’emporte d’abord sur les Tlaxcaltèques et s’en fait des alliés contre les Aztèques, qui les opprimaient. Pour détourner le conquérant de la route de Mexico, Montezuma fait porter au Dieu d’outre-mer les trésors deQuetzalcoatl et fait comprendre qu’il se soumet à Charles, qu’il lui paiera tribut. Ayant découvert un complot, Cortez fait exécuter en deux heures plus de trois mille hommes. Il rencontre enfin Montezuma, veut qu’il détruise ses idoles, le fait prisonnier et bientôt gouverne en son nom, tout en le tenant enchaîné. Pendant ces mois, 600 000 pesos sont ainsi recueillis, un cinquième est envoyé à Charles V (le Quinto ), le reste est distribué à ses soldats qui, fous de joie, détruisent toutes les idoles. A la suite d’une révolte qui éclate malgré les harangues de Montezuma, les Espagnols doivent s’enfuir par un pont portatif, et les débris de leur armée, bombardée dans ses cantonnements par des flèches enflammées, trouvent refuge chez les Tlaxcaltèques.
La deuxième conquête fut aussi une expédition punitive. Cortez organise l’investissement systématique de Mexico en faisant monter pièce à pièce une flottille de 13 bateaux qu’il dispose sur la lagune de la ville. Un exploit que Werner Herzog reconstitue, au cinéma, mais en le plaçant ailleurs. Cortez coupe l’aqueduc qui le ravitaille en eau, détruit les 1 500 canots aztèques, affame la cité et exécute, dit-on, 67 000 hommes ; plus de 50 000 étaient déjà morts de faim ou de maladie. Grande fut la déception du conquérant devant un butin finalement assez maigre, mais suffisant pour que l’empereur le reconnaisse capitaine général de la Nouvelle-Espagne. Cortez transforme aussitôt le Teocalli aztèque en une cathédrale dédiée à saint François.
Comment expliquer une victoire aussi facile ?
Il l’avait emporté grâce à son alliance avec Xicoténcatl, chef des Tlaxcaltèques, ennemi des Mexicains, réprouvé par les habitants de Cholula : « Regardez ces infâmes Tlaxcaltèques, lâches et dignes d’un châtiment. Comme ils se voient battus par les Mexicains, ils s’en vont chercher des gens pour leur défense. Comment avez-vous pu, en un temps si court, vous avilir à ce point ? Comment vous êtes-vous soumis à des gens si barbares et sans foi, à des étrangers que personne ne connaît ? » (cité in Todorov).
Cortez avait vaincu avec une poignée d’hommes qui, très vite, disposèrent d’alliés contre les Aztèques, une vraie coalition — celle des Totonaques d’abord, celle de la vieillenation guerrière des Tlaxcaltèques, après la chute de Mexico. Elle fournit près de 6 000 guerriers alors que Cortez n’en avait pas 500. S’il sut aussi bien jouer des alliances, ce fut, dit-on, grâce à Dona Marina, que les Aztèques avaient vendue aux Mayas, et qui devint la maîtresse de Cortez ; assoiffée de vengeance contre les siens qui l’avaient déshonorée, elle connaissait, par ses hautes origines, la topographie politique du pays et put donner à son amant les informations nécessaires pour le mener à la victoire.
Mais Cortez l’avait emporté aussi — comme bientôt d’autres conquistadores, et notamment Pizarre au Pérou — grâce à la longue épée, la espada , grâce au cheval — que les Mexicains cherchent à tuer plutôt que les humains —, grâce surtout aux armes à feu — mais qui souvent se rouillent, tandis que la poudre se mouille —, grâce à l’arbalète, enfin, qui perce les tuniques, et à l’ escaupil , cette tunique fourrée que les flèches ne peuvent
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