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Histoire des colonisations: Des conquetes aux independances, XIIIe-XXe siecle

Histoire des colonisations: Des conquetes aux independances, XIIIe-XXe siecle

Titel: Histoire des colonisations: Des conquetes aux independances, XIIIe-XXe siecle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marc Ferro
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d’aventuriers, les missionnaires et les martyrs.
    L’Église entre en scène : les missions en Extrême-Orient
    Les textes qui stigmatisèrent les cruautés des conquérants n’eurent guère d’influence sur le comportement des États et des hommes. Mais l’Église prit position, et de plus en plus vivement, contre les excès de la colonisation. Après Francisco de Vitoria et Las Casas, le franciscain Juan Da Silva, influencé lui-même par le théologien juriste dominicain Domingo de Soto avait adressé plusieurs Mémoriaux au roi d’Espagne Philippe II. Il avait une mission spirituelle à remplir dans le Nouveau Monde en vertu de la bulle d’Alexandre VI. Mais nulle contrainte ne devait s’exercer en matière de foi ; il fallait se conformer aux ordres du Christ qui avait envoyé ses apôtres « comme des brebis au milieu des loups ». Or, au Mexique, l’empereur Montezuma avait été tué avant même qu’on ne proposât l’Évangile aux Indiens. Agir ainsi, « c’est suivre l’exemple détestable de Mahomet pour propager sa secte inique ». Certes, les Indiens pouvaient massacrer quelques prédicateurs s’ils n’étaient pas accompagnés de soldats, « mais l’Église a besoin, pour naître, du sang de martyrs ». Il faut desméthodes « suaves », ajoute Juan Da Silva, comme on a pu le faire en Floride et même au Pérou.
    Ces controverses trouvent un écho à Rome où, dès 1568, le pape Pie V institue des commissions qui sont à l’origine de la Congrégation de la Propagande . Certes, il s’agit de prévenir les violences criminelles, mais aussi de coordonner, sous le contrôle exclusif du Saint-Siège, l’action des missions catholiques dans le monde. En 1659, les Instructions d’Alexandre VII prohibent toute collusion des porteurs de l’Évangile avec les autorités politiques. Elles recommandent le respect des traditions locales, prescrivant aussi l’usage de la langue locale.
    Des Instructions que les jésuites avaient mises en application plus et mieux que d’autres, notamment en Extrême-Orient. François Xavier (1506-1552) est un des premiers à pénétrer au Japon, dans ce qu’il croit être un monde inviolé. Il est séduit par la conception de l’honneur cultivée par cette nation. Aux Moluques, il avait marché dans la jungle, un chant malais aux lèvres pour attirer les indigènes. Au Japon, il avance pieds nus dans la neige, lors d’un voyage de plusieurs centaines de kilomètres qui l’amène à Kyoto.
    Mais au Japon comme en Chine tous n’avaient pas adopté le même comportement.
    É TENDRE LE   R OYAUME DU   C HRIST
    Pour propager le christianisme, les premiers missionnaires — de Chine ou des autres pays d’Extrême-Orient — bâtirent des hôpitaux, des écoles, etc., bref, pénétrèrent la société par leurs pratiques sociales plus que par leur enseignement proprement religieux, un peu à la façon dont le bouddhisme lui-même s’était introduit. Et ce furent aussi bien les nouveautés de caractère technique — horloges mécaniques, instruments d’optique ou de musique — que l’enseignement des mathématiques et de l’astronomie qui contribuèrent le mieux à cette pénétration qui, au point de vue religieux, allait bientôt devenir une confrontation. Il exista ainsi à la fois des formes savantes et des formes populaires d’adaptation du christianisme. Chez les lettrés,par exemple, on s’intéressa à tout ce qui avait trait, dans l’enseignement missionnaire, à la morale et aux méthodes d’autodiscipline ; d’où l’intérêt de l’ouvrage publié par Diego de Pantoja, Les Sept Victoires (contre les sept péchés capitaux) (Pékin, 1604). Matteo Ricci raconte que, lors de son passage à Nankin en 1599, « l’usage était de constituer des congrégations où l’on faisait des conférences sur les questions de morale ». Dans les milieux populaires, en revanche, ce furent les activités de caractère miraculeux de certains missionnaires — guérisons notamment — qui assurèrent la greffe du christianisme.
    L’action des jésuites atteignit son apogée durant la première moitié du XVII e  siècle. L’époque de la fin des Ming ouvrit une période d’instabilité qui s’acheva avec l’installation d’un nouveau régime, de plus en plus soupçonneux à l’encontre des missionnaires d’origine étrangère. L’ordre des Jésuites devait être supprimé en 1773 (Y. Ishizawa, in Forest , p. 17-34,

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