Histoire des colonisations: Des conquetes aux independances, XIIIe-XXe siecle
à l’emporter lors de ce siège, car les musulmans se protégeaient de l’artillerie par d’immenses balles de coton sur lesquelles les obus s’amortissaient — jusqu’au jour où les Portugais eurent l’idée de mettre le feu à ces balles…
Il restait aux Portugais à l’emporter, en haute mer, sur la flotte mamelouke, ancrée à Diu, ce qui fut fait en 1508, assurant pour longtemps l’hégémonie aux flottes d’Albuquerque, ouvrant ainsi l’Inde, Diu occupée, au roi Manuel.
Mais les royaumes indiens et les communautés musulmanes, animés par Mamale de Cananor, trouvèrent la parade aux ambitions d’Albuquerque. Celui-ci avait tôt compris qu’il existait des fuites dans le contrôle des convois d’épices en provenance de Ceylan et de l’Extrême-Orient. Il voulut donc en contrôler le parcours, remontant vers leur amont. Il s’assura ainsi du détroit de Malacca, conquérant cette position et y installant ses garnisons. Or, les marchands indiens utilisaient le parcours des Maldives pour tourner les contrôles et garder leur monopole. Là se trouvait l’enjeu d’un conflit avec Mamale de Cananor, qui y possédait des droits et des intérêts. Celui-ci disposaitd’autres cartes pour combattre Albuquerque : bon nombre de Portugais mettaient en cause sa politique belliqueuse et conquérante, ils regrettaient les temps d’Almeida où le commerce, et le commerce seul, animait les rapports entre les chrétiens et l’Inde, la guerre n’intervenant qu’à l’occasion… alors qu’avec Albuquerque l’occupation de territoires — Cananor, Diu, Malacca — devenait le principe de sa politique, les prémisses à la création d’une sorte d’empire territorial. Par contrecoup, cela faisait entrer les Portugais dans le jeu des rivalités entre princes indiens, ce dont le musulman Mamale se réjouissait parce que cela affaiblissait à la fois ses rivaux et le Portugais ; toutefois, à ce jeu, Albuquerque fut le meilleur… Pourtant, Mamale n’avait pas tout perdu, car, grâce au relais des Maldives, il garda le monopole du commerce des épices avec le monde arabe…
Les comptoirs en Inde une fois bien ancrés, Albuquerque eut l’idée, après avoir écrasé la flotte mamelouke, de ruiner l’Égypte en utilisant une armée de casseurs de pierres ; il percerait la montagne et assécherait les sources du Nil, guidé par les conseils des Éthiopiens. Simultanément, depuis Aden, il irait se saisir du corps du Prophète à La Mecque, puis l’échangerait contre les lieux saints.
La Croisade, toujours la Croisade.
L’orgueil des Espagnols
« Comme je l’ai déjà dit, nos Espagnols ont découvert, parcouru, converti énormément de terres en soixante ans de conquête. Jamais aucun roi et aucune nation n’ont parcouru et subjugué autant de choses en si peu de temps, ainsi que nous l’avons fait, ni n’ont fait ni mérité ce que nos gens ont fait et mérité par les armes, la navigation, la prédication du Saint Évangile et la conversion des idolâtres. C’est pour cette raison que les Espagnols sont tout à fait dignes de louange. Dieu soit béni qui leur donna cette grâce et ce pouvoir. C’est la grande gloire et l’honneur de nos rois et des Espagnols d’avoir fait accepter aux Indiens un seul Dieu, une seule foi et un seul baptême et de leuravoir enlevé l’idolâtrie, les sacrifices humains, le cannibalisme, la sodomie et encore d’autres grands et méchants péchés, que notre Bon Dieu déteste et qu’il punit. De même on leur a enlevé la polygamie, vieille coutume et plaisir de tous ces hommes sensuels ; on leur a montré l’alphabet sans lequel les hommes sont comme des animaux et l’emploi du fer tellement nécessaire à l’homme. On leur a également montré plusieurs bonnes habitudes, arts, mœurs policées pour pouvoir mieux vivre. Tout cela — et même chacune de ces choses — vaut plus que les plumes, les perles, l’or qu’on leur a pris, d’autant plus qu’ils ne se servaient pas de ces métaux comme monnaie — qui en est l’usage propre et la véritable façon d’en profiter —, même s’il aurait été préférable de ne leur avoir rien pris, et de se contenter de ce qu’on retirait des mines, des rivières et des sépultures. L’or et l’argent — qui sont plus de soixante millions [de pesos] — et les perles et les émeraudes qu’ils ont tirés de la mer et de la terre sont beaucoup plus que le peu d’or et d’argent que
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