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Histoire des colonisations: Des conquetes aux independances, XIIIe-XXe siecle

Histoire des colonisations: Des conquetes aux independances, XIIIe-XXe siecle

Titel: Histoire des colonisations: Des conquetes aux independances, XIIIe-XXe siecle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marc Ferro
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expliqué que les Boers ne savent pas que, dans un troc avec les Xhosas, une vache ne peut être échangée contre un objet inanimé, même s’il s’agit d’une grande quantité de métal ou de tabac. L’usage est de restituer, dans l’échange, un des rejetons de la femelle, la vache servant de gage. Se procurant ainsi des bêtes auprès des Xhosas, les Boers sont surpris et furieux de les voir disparaître, enlevées dès qu’elles ont mis bas. Ils les traitent de « voleurs ». Et cette méconnaissance de l’Autre est à l’origine de conflits et de guerres.
    Angleterre, la piraterie d’État
    En Angleterre également, vers la fin du XV e  siècle, on assiste à un mouvement de « nationalisation » des forces économiques. L’État stimule et contrôle les échanges, par exemple en prescrivant que les vins de France seront importés seulement sur des navires anglais. De même, à la suite d’un édit de Henri VII, on ne pourra charger de navires étrangers que s’il n’y a pas dans les ports de fret anglais disponible.
    Devant l’expansion des entreprises castillanes ou portugaises, tout l’effort de Henri VII est tendu vers l’ouverture de la mer Baltique. Néanmoins, Giovanni Caboto fait miroiter aux Anglais les richesses de l’Atlantique, et,nommé amiral de l’Angleterre, maître de 5 navires où flotte la bannière royale, il s’élance en 1497 à la recherche d’une route du nord-ouest. C’est ainsi qu’il atteint le cap Breton et le Labrador. Mais grande est la déception de ne trouver là ni trésors ni épices.
    La création de la Fellowship of Merchant Adventurers à Londres, en 1486, répondait à d’autres nécessités. Il s’agissait de s’assurer une position prépondérante à Anvers pour élargir le marché de la laine et surtout des tissus. Celui-ci s’était créé grâce au prodigieux développement des industries rurales, en Angleterre, qui garantissaient un prix de revient des tissus moins élevé que dans les villes : Immanuel Wallerstein a bien montré que la fondation des Merchant Adventurers fut à la fois offensive et défensive, ayant pour but de sauvegarder l’exportation de ce tissu, produit unique que l’île pouvait vendre à l’étranger proche ou lointain. Et encore la route du nord-est que cherchait Richard Chancellor quand il aborda à Arkhangelsk. En 1555, une patente était accordée aux Merchant Adventurers d’Angleterre pour la découverte des « contrées, territoires, îles, possessions et seigneuries inconnues et non communément fréquentées par mer ou navigation ». Bientôt appelée Compagnie de la Moscovie, cette société reçut le monopole du commerce de la Russie et des pays limitrophes. En 1557, ayant signé un traité avec le tsar, Jenkinson descendit la Volga, atteignit la Caspienne, et, par la Perse, trouva une autre route de l’Inde.
    Si, pour l’Angleterre, il n’était question, encore à la fin du XVI e  siècle, que de routes et de commerce, un tournant apparaissait à l’époque d’Elisabeth, où Walter Raleigh se fit le théoricien d’une sorte d’impérialisme maritime : « Celui qui commande la mer commande le commerce ; celui qui commande le commerce commande la richesse du monde, et par conséquent le monde lui-même… »
    L’occasion avait fait le larron : Francis Drake menait sa guerre de piraterie contre l’Espagne papiste lorsque, avec un autre corsaire, français cette fois, Guillaume le Testu, ils capturèrent les convois de mules qui amenaient à Panama l’or du Pérou… Grâce à la complicité de la reine Élisabeth, il réitère et pille les côtes du Chili et du Pérou avant de s’enretourner par l’océan Pacifique, puis l’océan Indien. Or, à Ternate, il offre sa protection à un sultan révolté contre les Portugais ; ainsi naquit le premier établissement anglais d’outre-mer. Pour fêter ces prises, la reine l’arme chevalier (1581).
    A ces entreprises, où se retrouvent les directions prises dès les origines — Antilles, Indes, Nord-Atlantique, Russie — et qu’anime le goût du profit, se surajoute l’idée d’établir des colons anglais, de « peupler les pays païens ou barbares non réellement possédés par aucun Prince ou peuple chrétien ». L’idée appartient à Humphrey Gilbert, un gentilhomme élevé à Eton et à Oxford, qui posa la doctrine, en assura la réalisation et fit installer une première colonie à Terre-Neuve : l’Angleterre y

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