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Histoire des colonisations: Des conquetes aux independances, XIIIe-XXe siecle

Histoire des colonisations: Des conquetes aux independances, XIIIe-XXe siecle

Titel: Histoire des colonisations: Des conquetes aux independances, XIIIe-XXe siecle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marc Ferro
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dû à l’initiative des frères Stroganov qui obtinrent du tsar Ivan le Terrible une charte qui faisait d’eux de véritables souverains, à charge de défendre leur territoire « contre les Nogais et autres hordes ». « Moi Ivan Vassilivitch, tsar et Grand Prince de toute la Russie, le 4 du mois d’avril 7066 [1558], comme il m’a présenté une supplique disant que dans notre patrie, sur la rivière Kama, en aval de la grande Permie… le pays est désert, qu’aucun impôt ne parvient à mon trésor […] que ce pays n’est encore donné à personne […] et comme Grigori Stroganov en a présenté la supplique, veut y installer une ville nouvelle, défricher, cultiver, y appeler des gens non taillables chercher des salines, je lui ai concédé ce territoire… » (cité in Laran et Saussay, p. 208).
    Un de leurs premiers actes fut de fonder le couvent de Pyskor, sur le Kama, et de le peupler de colons. Un siècle plus tard, en 1647, il se trouvait 2 004 habitants dans cette région… qui, non taillables jusque-là… l’étaient devenus.
    Quelques années plus tard, l’ataman Ermak surgit avec une troupe de 600 hommes. Stroganov lui donna arquebuses et canon, poudre et plomb… En remontant la rivière Outka, il prit Tiumen… Le khan Khoutchoum, voyant arriver Ermak et ses cosaques, dit : « Marchons sans crainte, ces païens ne peuvent nous faire aucun mal mortel puisque les Dieux sont avec nous… » A ces mots, les gens se précipitèrent au combat comme à quelque festin et l’ataman Ermak ordonna de tirer.
    Furent ainsi soumis des Samoyèdes, des Ostiaks qui payèrent le iassak , impôt en zibeline, la plus recherchée des fourrures du temps : mais il y avait aussi des élans, des rennes, des ours, des renards, des gloutons, des loutres, des castors et d’innombrables poissons, esturgeons, brochets, gardons… Sa fortune devait nourrir la légende historique d’Ermak, sorte de héros aventurier qui apportait bientôt à son tsar le modique cadeau d’un territoire de 6 millions de kilomètres carrés.
    La marche des Russes avait été aussi, à sa façon et en mineur, l’équivalent de la route du Cap pour les Portugais ; il s’agissait de contourner par le nord ce qui restait de l’Empire mongol pour atteindre les richesses de l’Orient extrême. Commencée vers 1465, au moment où les Portugais dépassent le golfe de Guinée, la progression commerciale des Russes vers l’est fut désormais ininterrompue. C’est d’ailleurs entre 1466 et 1472 que le Russe Nikitine atteignit l’Inde.
    La progression s’effectua de rivière en rivière où des forts étaient construits, bien qu’à l’origine les tsars aient émis des réserves. L’Ob et l’Irtych furent atteints en 1585, l’Ienissei en 1628, l’Amour et la Kolyma en 1640. Iakoutsk était bâti en 1632 — avant Montréal — et en 1649 les Russes parvinrent au Kamtchatka.
    Ce fut le butoir de l’Empire mandchou qui arrêta cette progression (traité de Nertchinsk, 1689). On doit ainsi rappeler que l’absorption de ces espaces immenses, avec peu d’hommes, a précédé l’expansion vers la Baltique et la mer Noire : Azov est occupé en 1701, la Livonie en 1710. D’où l’extrême sensibilité des Russes à tous les conflits frontaliers avec la Chine et le Japon.
    Au  XVI e  siècle aussi, les Japonais colonisent
    L’expansion et la colonisation japonaises sont plus anciennes que ne le transmet la tradition historique du monde occidental.
    Selon la vision européocentrique de l’histoire, l’apparition des Européens au Japon — d’abord les Portugais, puis les Espagnols, les Hollandais, les Anglais — marque l’ouverture d’une étape dans l’élargissement du monde, et elle retient généralement la date de 1543, où ont lieu les premiers « incidents de navigation » ; ensuite, elle pose que c’est au milieu du XVI e  siècle que se place l’introduction du christianisme par François Xavier, et que se sont soulevés, au Japon, les problèmes de l’avenir et de l’identité de la nation.
    Toujours selon cette vision, le Japon se ferme ensuite aux étrangers (sakoku) , il subit, au milieu du XIX e  siècle, une nouvelle irruption des Occidentaux, se modernise, puis manifeste la puissance de sa conversion en imitant l’Occident au point d’être capable de devenir impérialiste à son tour.
    Désoccidentalisée, l’histoire du Japon fait apparaître que la première colonisation

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