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Histoire des colonisations: Des conquetes aux independances, XIIIe-XXe siecle

Histoire des colonisations: Des conquetes aux independances, XIIIe-XXe siecle

Titel: Histoire des colonisations: Des conquetes aux independances, XIIIe-XXe siecle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marc Ferro
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japonaise est très ancienne ; elle est synchrone des tentatives de l’Occident, au XVI e  siècle, de prendre pied en Extrême-Orient.
    Simultanément, en effet, tout en se libérant du joug chinois, le Japon établit autour de lui une sorte de système colonial. Au nord d’abord où, dès l’époque de Kamakura ( XIII e  siècle), le Shogun établit des contacts officiels avec les Aïnous de l’île de Yeso (Hokkaïdo depuis 1869). Organisé en chefferies, ce peuple avait sa culture autonome, qui s’exprimait dans Yucar , le poème épique de la nation. Aux XIV e et XV e  siècles, les clans japonais du nord de Hondo étendirent leur domination, pas à pas, dans l’île de Yeso jusqu’à ce qu’en 1604 Ieyasu, depuis la capitale, octroie à la famille Matsumae, un clan vassal du Shogun, le monopole du commerce au nord et lui reconnaisse un droit de contrôle à la fois sur les marchands japonais qui y résidaient et sur les Aïnous qui vivaient dans ces régions (A. Berque).
    Les Aïnous n’eurent plus aucune prise sur leur propre mode de vie : il leur fut interdit de posséder des rizières, ils furent confinés dans des activités traditionnelles, payèrent tribut et certains d’entre eux furent bientôt assimilés à des vagabonds, à des parias. Ils se révoltèrent, notamment en 1669, et furent écrasés.
    Simultanément, à l’extrême sud, les Japonais mettent la main sur le royaume des îles Ryu-Kyu ; surtout, ils ont (déjà) un œil sur la Corée. Au vrai, jusqu’aux débuts du XV e  siècle, la Corée et le Japon étaient placés sur un pied différent dans leur rapport de dépendance vis-à-vis de la Chine. Le Japon opère un premier décrochage lorsqu’il s’adresse au roi de Corée en utilisant dans ses missives le système de datation japonais, et non plus chinois. Puis, dans la seconde moitié du XVI e  siècle, les nouveaux dirigeants du Japon se dégagent du système tributaire vis-à-vis de la Chine et s’efforcent de placer la Corée sous leur domination. Le ministre Hideyoshi envoie même un corps expéditionnaire dans la péninsule (1592).
    Son successeur, Ieyasu, le retire, mais la réception offerte au légat du roi de Corée en 1607 est conçue comme la reconnaissance d’une vassalité…
    Ainsi, alors que les Portugais organisent entre Macao, le Japon et Lisbonne une sorte de commerce triangulaire (H. Ninomiya) qui réanime le trafic en Extrême-Orient, le Japon développe une politique de contrôle des bases — les Ryu-Kyu — associée, à Hokkaido, à une politique d’expansion territoriale. Trois siècles plus tard, ils n’en ont pas perdu le souvenir.

CHAPITRE III
Conflits pour un Empire
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    Préfigurations…
    Peut-on parler de préfiguration ?
    Sans même que le terme d’empire colonial existe, les républiques-villes de la fin du Moyen Age en avaient un, au sens propre, avec ses points forts et les traits du capitalisme moderne — et cela bien avant les Découvertes. En ce qui concerne Gênes, Venise, Fernand Braudel a pu parler d’une « expansion européenne » à partir du XII e  siècle, œuvre de ces cités nouvelles, villes inédites ; en un sens, ces petits univers agressifs étaient tournés vers les échanges extérieurs et non plus en relation exclusive avec leurs campagnes.
    La vie économique y prenant le pas, désormais, sur l’aspect agraire, ces constellations de villes-États ont constitué, bien vite, deux ensembles, le Sud et le Nord, l’Italie et les Pays-Bas, reliés par l’axe des routes marchandes qui a son nœud en Champagne. Ces deux constellations se complètent et se concurrencent, mais le Nord a pour frontières des forêts, et le Sud les richesses de Byzance et du monde arabe. Aussi, plus marchandes que le Nord, ce sont ces villes du Sud qui pendant trois siècles au moins l’emportent, Venise et Gênes surtout, dominant cette première micro-économie-monde qui a pour limites, outre Bruges et la Hanse, Lisbonne, Fès, Damas, Azov. Après avoir éliminé Amalfi et Pise, ces deux cités italiennes possèdent comptoirs et possessions extérieures, des côtes de la Berbérie jusqu’à Caffa en mer Noire. Une sorte d’empire portugais avant la lettre, mais à l’intérieur du monde méditerranéen. A l’époque des Croisades, Venisemanquemême de mettre la main sur l’Empire byzantin, mais Gênes y rétablit les Paléologue. Des deux cités, qui l’emportera ? Aucune, car, divisées, elles se heurtent à

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