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Histoire des colonisations: Des conquetes aux independances, XIIIe-XXe siecle

Histoire des colonisations: Des conquetes aux independances, XIIIe-XXe siecle

Titel: Histoire des colonisations: Des conquetes aux independances, XIIIe-XXe siecle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marc Ferro
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se soucier de son gouvernement. Celui-ci fit de lui néanmoins un duc d’Isly, « pour avoir donné l’Algérie à la France ».
     
    A la différence de Bugeaud, Faidherbe , qui était également un militaire, ne se voulait pas un guerrier. Il avait été envoyé au Sénégal à la requête des commerçants de Saint-Louis, qui, depuis que cette terre avait été reprise aux Anglais, en 1818, souhaitaient que la présence métropolitaine se perpétue et surtout qu’elle s’enracine par la désignation d’un gouverneur nommé pour une longue durée — dix-huit mois — afin que la colonie puisse mieux jouer un rôle dans un cadre africain élargi.
    Faidherbe fut ce premier gouverneur.
    Polytechnicien, officier pauvre, ami de Schœlcher, le libérateur des Noirs, il demeura républicain sous la monarchie comme sous l’Empire. Surtout, il se jugeait investi de la mission d’instituer la liberté, bref, de faire des Sénégalais des Français de couleur, comme l’étaient ceux de la Martinique.
    Seulement, il se heurta à deux obstacles. En premier lieu, après avoir assuré la sécurité des commerçants par la construction d’un grand nombre de fortins, stratégie qui lui permit de battre les Maures de Mohammed el-Habid, il eut à faire face à un expansionnisme rival, celui de El Hadj Omar, Toucouleur d’une grande famille, initié à la confrérie des Tidjanija, et qui, à partir de La Mecque et du Soudan, insuffla un esprit de guerre sainte à la lutte contre les Infidèles. El Hadj Omar incarnait bien l’Afrique musulmane, qui combattait à la fois les païens et les chrétiens. Il fut finalement vaincu et tué en 1864, mais il demeura un modèle pour d’autres chefs africains, Samory et Rabah, qui prirent sa relève.
    Le deuxième obstacle, ce sont les colons eux-mêmes, qui souhaitaient transformer le Sénégal en une colonie de plantation : ils pensaient que leur heure était venue car, avec la disparition de la traite, les Antilles, jugeaient-ils, seraient nécessairement ruinées. Leur idée était de faire travailler les Noirs dans des plantations : ils produiraient de la pistache, de la gomme, mais surtout de l’arachide, bientôt la reine du Sénégal.
    Ils avaient apprécié Faidherbe tant que celui-ci avait mis fin au piratage douanier que pratiquaient les Maures, ou tant qu’il avait combattu les Toucouleurs. Mais sa politique assimilationniste se heurta à la résistance des mêmes colons, peu enclins à admettre, avec l’application effective du Code civil, que Noirs et Blancs pouvaient être égaux devant la loi. Il voulut aider les Sénégalais à devenir producteurs et projeta également d’instruire les Noirs ; surtout, il ne subordonna pas leurs intérêts à ceux des Blancs ; en déclarant « qu’il fallait prendre pour règle de conduite l’intérêt des indigènes », il s’aliéna aussi le ministère, qui le qualifia de sauvage, tandis que les colons le dénommaient « la momie » et que, durant les décennies qui suivirent, les nationalistes sénégalais dénoncèrent son paternalisme.
    De tous les conquérants, le fondateur de Dakar fut sans doute celui qui, eu égard aux idées de son temps, s’efforça avec le plus de droiture de mener une politique qui était en concordance avec les idées de la République.
     
    Parmi les bâtisseurs d’Empire, Cecil Rhodes fut de tous celui qui formula le projet le plus grandiose puisque, pour amener « la fin à toutes les guerres », il se proposait de « mettre la plus grande partie du monde sous nos lois », c’est-à-dire sous la loi britannique. La première étape devait en être la soumission de l’Afrique à la civilisation anglo-saxonne ; suivait l’occupation de l’Amérique du Sud, de la Terre sainte, etc., jusqu’aux États-Unis redevenus partie intégrante de l’Empire britannique avec représentation au Parlement impérial…
    Ce fils de pasteur, d’une famille nombreuse, planteur de coton, se rend à Kimberley à dix-sept ans, ayant apprisqu’on vient d’y découvrir des gisements de diamants ; il gagne suffisamment pour aller ensuite chercher de l’or, et, fortune faite, part étudier en Angleterre. Il a alors vingt ans et découvre à Oxford les théories darwiniennes ainsi que l’enseignement de Ruskin. De retour au pays, il accroît sa fortune et bientôt est le maître de 90 % des mines de diamants du monde. C’est de cette fortune qu’il va se servir pour mettre au point son

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