Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Histoire des colonisations: Des conquetes aux independances, XIIIe-XXe siecle

Histoire des colonisations: Des conquetes aux independances, XIIIe-XXe siecle

Titel: Histoire des colonisations: Des conquetes aux independances, XIIIe-XXe siecle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marc Ferro
Vom Netzwerk:
programme de conquêtes territoriales, car lui-même dépense peu, et l’argent ne l’intéresse que par le pouvoir qu’il confère. Volontiers cynique, il juge que tout s’achète, les consciences notamment, et la corruption devient son instrument préféré. Il considère que l’intérêt prime tout et suggère même à Parnell, le leader du Home Rule irlandais, qu’il admire et qui a des difficultés avec les prêtres catholiques, que peut-être « on pourrait acheter le pape ».
    Ce sont des terres que Cecil Rhodes veut amasser : c’est de terre que Le Cap a besoin, pas d’indigènes. « On ne va tout de même pas laisser l’Afrique à des Pygmées alors qu’une race supérieure se multiplie… Moi, je n’ai pas de scrupule à prendre le territoire du Betchuanaland à Mankoarane… » « Ces indigènes sont destinés à tomber sous notre domination… L’indigène doit être traité comme un enfant et la franchise électorale lui être interdite au même titre que l’alcool. » Il soutient ainsi le projet du Strop Bill qui donne aux magistrats le droit de fouetter les indigènes… Naturellement, arrestations arbitraires, provocations destinées à justifier une guerre, assassinats de courriers et de messagers sont des procédés qu’utilise le « Chartered Gang », surnom donné à la British South Africa Cy — ou Chartered .
    Son plan prévoyait en premier lieu l’annexion de ce Bechuanaland, « canal de Suez » du trafic de ce pays, qui devait permettre d’atteindre le Matabélé en passant par l’ouest de l’Orange et du Transvaal. On bloquerait ainsi la poussée des Allemands débarqués dans le Sud-Ouest africain. Élu député du Cap, il réussit à s’allier les Hollandais et à prendre le dessus sur John Mackenzie, nommé commissaire en Bechuanaland, qui appartenait au groupe des hauts fonctionnaires « humanitaires », et quiessayait de promouvoir une politique impériale de protection, au moins relative, des indigènes en butte au racisme des Boers. Ainsi renforcé et libre d’agir à sa guise, Cecil Rhodes put utiliser ses pratiques habituelles pour déposséder les indigènes du Bechuanaland de leurs terres, et, au Cap, leur allouer un lot délimité, et inaliénable, de sorte que les descendants soient obligés d’aller travailler dans les mines. Coup double.
    L’alliance avec les Hollandais avait aussi pour objectif de mettre en confiance les dirigeants des États boers, afin de leur « souffler » la région du Matabélé, une stratégie que Londres ne pouvait qu’approuver. Mais les Britanniques n’entendaient pas se compromettre directement dans une action aussi risquée. Cecil Rhodes sut utiliser la complicité du gouverneur du Cap, Sir Hercoles Robinson, et de son ami Sydney Shippard, commissaire au Bechuanaland, pour obtenir du roi Lobenguela une sorte de monopole des recherches de mines sur son territoire (1888). Il s’agissait du territoire entre Limpopo et Zambèze, bientôt appelé Rhodésie, capitale Bulawayo. Les étrangers y arrivaient en masse, et, aussitôt, des conflits éclatèrent sur le contenu de cette charte ; les hommes de Cecil Rhodes se jugeant désormais propriétaires des terres sur lesquelles ils n’avaient qu’un droit de prospection. Lobenguela avait écrit à la reine Victoria pour protester, mais ses émissaires furent assassinés. Il en eût fallu moins pour que des incidents éclatent, puis la guerre, que Jameson, représentant de la Compagnie, gagna aisément, mettant le feu au kraal de Lobenguela.
    A Londres, Lord Roseberry, successeur de Gladstone, attribua à la Chartered, par l’ordre en Conseil de 1894, tous les domaines de Lobenguela. Et il en avait peu coûté au Trésor…
    Surnommé « le Napoléon du Cap », Cecil Rhodes fit une tournée triomphale à Londres. Mais ces succès mêmes avaient inquiété et irrité à la fois les Hollandais du Cap et les dirigeants boers, notamment le président Kruger, qui n’avait pas apprécié cette conquête du Matabélé… sur laquelle il avait jeté son dévolu. Au vrai, toute la politique de Rhodes avait pour objectif ultime de s’associer auxRépubliques boers pour constituer une Fédération sud-africaine, sous drapeau britannique, mais sans hostilité envers les Boers, car il partageait leurs idées, notamment sur la question indigène. Or, depuis que le diamant et l’or avaient transformé la vie en Transvaal, les étrangers, ou Uitlanders, y étaient de plus

Weitere Kostenlose Bücher