Histoire des colonisations: Des conquetes aux independances, XIIIe-XXe siecle
d’administration et de douane.
C’est qu’avec l’aide des Anglais on avait appris, entretemps, les exactions du conquérant : exécutions sommaires, malversations, fouet et bâton jusqu’au sang… On disait que Carl Peters abandonnait aux fauves ses porteurs exténués. Le scandale éclata quand la presse catholique et socialiste dénonça le criminel. Carl Peters fut révoqué en 1897.
Vingt ans plus tard, les nationaux-socialistes saluent en lui un précurseur. Au reste, pendant la Première Guerre mondiale, le Mémorandum Wilhelm Solf élargissait les perspectives d’une mainmise allemande sur l’Afrique centrale. Cependant, le général von Epp adoptait le « Fanion Peters » et en faisait l’emblème des sociétés coloniales d’Allemagne. En 1936, à côté de la croix noire sur fond rouge semé de cinq étoiles blanches, on ajoute une croix gammée.
A la différence des autres colonisations, celle du Congo ne fut pas effectuée par des militaires — comme au Sénégal — ou par des hommes d’affaires prêts à faire intervenir des forces armées — tels Cecil Rhodes ou Carl Peters —, mais par des civils qu’animaient au départ l’esprit de découverte et l’exigence de civilisation ; c’est ce qui fait son originalité même si l’internationalisation du problème a fait ultérieurement du Congo un territoire convoité, puis exploité, comme tous les autres.
Les hommes qui y participèrent étaient des explorateurs, tel Brazza , des journalistes, tel Stanley , des hommes de cabinet, tel Banning qui aida Léopold, roi des Belges , à gérer cette affaire et à la prendre en main : ce passionné de géographie était aussi un homme entreprenant.
A l’origine, ce fut la découverte du fleuve Congo que jusque-là on ne pouvait pas remonter au-delà de l’Ogooué, qui déclencha une mise en tutelle du pays, auquel nul nes’intéressait. Tout l’intérêt des explorateurs — plus ou moins liés eux-mêmes à leur gouvernement — portait sur les sources du Nil que le médecin et missionnaire Livingstone avait tenté d’atteindre et dont Cameron, un autre explorateur, apprit la mort en 1873. Le mystère demeurait sur ce pays du « Loualaba », et la grande presse chargea un Anglais américanisé, H. M. Stanley, qui avait rencontré Livingstone naguère, d’essayer à son tour de le retrouver. En octobre 1877, après avoir disparu, étant parti de Zanzibar, on apprit qu’il avait atteint le Congo par l’est, hypothèse que soutenait Banning, le collaborateur de Léopold, roi des Belges, passionné d’exploration et chantre de la lutte contre l’esclavage, mais soucieux également d’offrir une colonie à son pays et à son roi. Pourtant, c’est en tant que personne privée que Léopold décida d’agir : « Ce souverain a vraiment des loisirs », commentait Bismarck, sarcastique.
Simultanément, Savorgnan de Brazza, un jeune officier de marine français d’origine italienne, sollicita une mission d’exploration vers l’Ogooué, au Gabon, et il réussit, sans violence, à se concilier les tribus locales, puis à parcourir le plateau badeké jusqu’à l’Alima, affluent du Congo, ce qui montrait qu’il existait une voie d’accès de l’Atlantique vers le Stanley Pool. Brazza disposait de peu de moyens, 2 Européens et 16 Africains, et, a dit Stanley, « il manquait de tout, sauf de drapeaux tricolores, il en avait bourré ses bagages ». Mais, grâce à sa simplicité et à sa bonhomie, il signa des traités avec des princes indigènes parmi lesquels le prince Makoko, et, lors d’une deuxième expédition, installa 26 forts sur un territoire plus grand que la France. Ces « conquêtes » se heurtèrent alors aux entreprises de Léopold II.
Celui-ci avait réuni, en 1876, une conférence à Bruxelles qui réunissait des géographes et des savants et avait des objectifs ainsi définis : « Ouvrir à la civilisation la seule partie de notre globe où elle n’avait point pénétré. » Chaque nation agirait dans la sphère correspondant à ses intérêts politiques et coloniaux, et une Association se formerait entre elles pour appuyer réciproquement et faciliter la pénétration de leurs voyageurs et agents. Uncomité devait se constituer, où jouerait l’émulation de chaque nation. Il n’était pas question d’acquisitions territoriales, mais de « missions », car le roi savait alors que l’opinion publique de son pays était
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