Histoire des colonisations: Des conquetes aux independances, XIIIe-XXe siecle
occupèrent le Béloutchistan, puis prétendirent contrôler le régime de Kaboul, et que la mission britannique fut tout entière assassinée (1879), une expédition menée par Lord Roberts aboutit à la prise de Kaboul. Les Russes occupèrent alors dans l’Ouzbékistan et le Tadjikistan actuels Merv, Pendjeh et la passe de Zulficar, qui débouche sur l’Afghanistan. C’est la crise. Les Anglais envoyèrent une escadre menacer Vladivostok, et, en 1885, un protocole laissa aux Russes la ville de Pendjeh, mais à l’Afghanistan la passe de Zulficar. Puis, lors de la convention de Simla, une bande de territoire fut octroyée à l’Afghanistan pour que l’Empire russe et l’Inde n’aient pas de frontière commune (1895). Ce « doigt de gant » afghan est au cœur des conflits, un siècle après, entre le Tadjikistan, l’Ouzbékistan, l’Afghanistan et le Pakistan.
« Penser toujours à l’Inde, n’en parler jamais », avait indiqué Alexandre III à son fils Nicolas II, avant sa mort (1894). Mais le tsar savait aussi qu’un conflit anglo-russe ne profiterait qu’aux Allemands dont l’expansionnisme commençait à se développer au Proche-Orient et même au-delà.
« Tenir les Russes à l’écart » des mers chaudes, et du golfe Persique en particulier, était un des objectifs de la politique anglaise, aussi bien. En 1892, Lord Curzon avait écrit un livre sur la Perse pour montrer qu’Anglais et Persans n’avaient pas intérêt à ce que la Perse tombe dans la situation où se trouvaient Boukhara et Khiva. De fait, le tsarisme avait acquis des avantages dans le nord du pays, au reste pénétré par le mouvement révolutionnaire russe. Les Anglais voulaient disposer d’une zone d’influence équivalente dans le Sud, aux abords de l’Inde… Au nom et au titre de l’Entente cordiale, conclue en 1904, la France interféra pour concilier « la baleine et l’éléphant ». Le résultat fut le traité de 1907 qui aboutissait au partage de la Perse en deux zones d’influence.
Une situation qui a survécu à ce traité puisque, malgré les vicissitudes de l’histoire entre 1907 et 1918, puis après, et bien que la Perse devenue Iran fût formellement indépendante, Anglais et Russes occupaient plus ou moins simultanément le pays en 1942, et fraternisaient sur cette première ligne Oder-Neisse au nom de l’alliance retrouvée…
Le traité de 1907 mettait fin à une situation conflictuelle d’agressivité réciproque, dont l’une des manifestationsavait été l’accord conclu par l’Angleterre avec le Japon, en 1902, et qui, en quelque sorte, donnait carte blanche à ce pays pour mener en Mandchourie et en Chine une politique offensive face à l’Empire russe, ce qui devait aboutir à la guerre de 1904-1905.
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1 : L A F RANCE EN I NDOCHINE
Au milieu du XIX e siècle, la Grande-Bretagne s’ouvre le marché chinois lors de la guerre de l’Opium ; elle s’assure la base de Hong-kong (1842), puis l’ouverture de ports chinois, ce que la France obtient à son tour. Toujours au milieu du siècle, le capitaine Nevelskoj prend possession de l’estuaire de l’Amour au nom du tsar, mettant Pékin devant le fait accompli, conquête reconnue par le traité d’Aygun, début de l’expansion russe en Extrême-Orient (1858). Entre-temps, le traité de Koldja, 1758, ouvrait le Sinkiang au commerce russe, premier en date des traités inégaux imposés par la Russie à la Chine.
Au même moment, la marine française, toujours pas remise de la perte de l’Inde, s’intéresse à l’Indochine où des missionnaires ont été massacrés « en dépit des traités ».
Vieille histoire. Au milieu du XVII e siècle, Alexandre de Rhodes, François Pallu et l’évêque Lambert s’étaient mis en route, avec le titre de vicaires apostoliques, pour ne pas dépendre du primat portugais de Goa mais directement du pape. Les Missions étrangères de France prirent l’opération en charge, fondant au Tonkin… une factorerie pour préparer l’évangélisation. Ce fut un premier échec, les Hollandais, purs commerçants, dénonçant la supercherie. Nouvelle tentative au XVIII e siècle, où, à nouveau, Charles Thomas de Saint-Phalle juge que « le commerce aidera grandement la mission… et adoucira la sévérité des décrets qui freinent les conversions religieuses ».
Ayant aidé le roi de l’Annam, Nguyên-Ahn, à retrouver son trône, le
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