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Histoire des colonisations: Des conquetes aux independances, XIIIe-XXe siecle

Histoire des colonisations: Des conquetes aux independances, XIIIe-XXe siecle

Titel: Histoire des colonisations: Des conquetes aux independances, XIIIe-XXe siecle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marc Ferro
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provisoirement, l’idée de conserver toute la Mandchourie. Une première zone est évacuée. Ses ministres jugeaient son « projet de règne » dangereux, onéreux. Mais, plus déterminé que la rumeur ne le laissait entendre, Nicolas II voulait satisfaire cette ambition et il soustrait à son ministre, le comte Lamsdorf, hostile à ces aventures, la conduite des affaires d’Extrême-Orient. Aussitôt le Japon comprend que le temps travaille contre lui. Faute deréponse satisfaisante à une demande sur la deuxième zone, il attaque par surprise, sans déclaration de guerre, la flotte russe stationnée à Port-Arthur et la détruit (1904). Le tsar, ses généraux, ses amiraux avaient sous-estimé la puissance militaire du Japon ; après plusieurs défaites, ils signent la paix de Portsmouth grâce à l’intercession des États-Unis. La Russie reconnaissait la souveraineté du Japon sur la Corée, Port-Arthur redevenait une base japonaise ; le Japon annexait enfin la partie sud de l’île de Sakhaline, que l’URSS récupéra en 1945.
    Pour la première fois dans l’histoire, un grand pays de race blanche était vaincu par un peuple de couleur. Le retentissement fut considérable dans tout le monde colonisé.
    L E   DÉPEÇAGE DE   L ’ E MPIRE OTTOMAN
    L’idée de ce dépeçage remontait, comme on a vu, à la fin du XVIII e  siècle… mais les rivalités entre puissances avaient aidé à la survie de l’Empire, en dépit de l’appui donné par la Russie à la Serbie et aux Bulgares ; par la France à l’Égypte, par l’Angleterre à la Grèce, etc. S’y étaient ajoutées l’annexion par l’Angleterre de Chypre — « pour mieux aider le Sultan à défendre Constantinople » —, celles de l’Algérie et de la Tunisie par la France, de la Libye par l’Italie en 1911…
    L’impérialisme italien, depuis Francesco Crispi, à défaut d’avoir pu se saisir de la Tunisie ou de l’Éthiopie, guignait la Libye, si proche, dont la Tripolitaine, à l’ouest, malgré le nom de sa capitale, avait été punique, tandis que la Cyrénaïque, à l’est, était demeurée plus hellénique en dépit de la conquête romaine, puis arabe. Dans ces régions qui se rappelaient encore l’Empire romain, la Banco di Roma avait des dépôts et, comme en Tunisie, elle se procurait des terres pour des colons, présents ou à venir — toscans puis siciliens — dans ce pays voué à l’olivier. La mainmise française sur le Maroc et l’incident d’Agadir, en 1911, donnèrent enfin au gouvernement italien l’opportunité d’agir. Il fit la guerre à l’Empire ottoman, occupant d’une part Rhodes, d’autre part la côte libyenne. Toutefois, dansl’intérieur, devant la résistance des Senoussis — la Sanousiyya — bien postés sur l’oasis de Koufra et inaccessibles, la conquête ne put aller plus loin. Elle ne reprit qu’après la guerre de 1914, à l’époque de Mussolini, au prix d’une dure guerre de pacification, onéreuse étant donné les difficultés de pénétrer ce désert. Les colons italiens de Tripolitaine n’en étaient pas moins beaucoup plus nombreux que les Français du Sud tunisien — les gouvernements français aidant plutôt la grosse colonisation économique tandis que les Italiens favorisaient l’implantation d’hommes pour résoudre leur problème démographique.
    Lorsque les Italiens manifestèrent leurs ambitions en Tripolitaine, en 1911, le mouvement Jeune-Turc voulut réagir ; il craignait que la perte de la Libye n’ait un effet contagieux dans les autres provinces de l’Empire. Il ne fallait pas que les Arabes jugent qu’Istambul n’était plus capable de défendre les musulmans contre l’Occident. Déjà, après l’annexion de la Bosnie-Herzégovine par l’Autriche-Hongrie, en 1908, puis de la Crète par la Grèce, des mouvements de boycott avaient été organisés contre les produits occidentaux ; ils reprirent de plus belle, contre les Italiens aussi, après 1911, comme pour court-circuiter le mouvement national arabe, mais sans succès. De fait, ce fut bien la révolte arabe qui, en 1914-1918, porta à l’Empire ottoman « un coup de poignard dans le dos ».
    L’Empire ottoman était demeuré pourtant une puissance que guettaient au-dedans les nationalismes arménien, arabe, kurde, au-dehors les appétits conjugués des grandes puissances. Mais le contrôle « impérialiste » commençait à opérer aussi à l’intérieur ; avec le projet

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