Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Histoire des colonisations: Des conquetes aux independances, XIIIe-XXe siecle

Histoire des colonisations: Des conquetes aux independances, XIIIe-XXe siecle

Titel: Histoire des colonisations: Des conquetes aux independances, XIIIe-XXe siecle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marc Ferro
Vom Netzwerk:
la traite disparut, coloniser devenait possible, et, pour le moins, les Africains jugeaient que les Portugais n’étaient pas vraiment « l’expression de la civilisation », comme la propagande officielle commençait à le répéter : entre 1902 et 1914, 57 % des délinquants de la colonie avaient commis des crimes de sang en métropole.
    Lors de la vague de colonisation des terres qui commence à se développer au XIX e  siècle, un des traits qui caractérisent le statut des Noirs en Angola est qu’il n’a pas existé de lois qui réglementaient la ségrégation raciale, une situation qui fait la différence avec l’Afrique du Sud voisine ; un peu comme aux États-Unis où le Nord différait du Sud pour des raisons de même nature.
    Or, l’absence de lois raciales n’impliquait pas qu’il y ait eu la moindre intégration des Noirs dans une société unifiée. Pour autant qu’un mélange des races ait existé, il avait été plutôt « descendant » qu’« ascendant », en ce sens que les exclus de la société blanche se sont souvent retrouvés dans les musseques (bidonvilles) où ils tenaient quelque échoppe. Mais, en 1970, lors des émeutes qui ont précédé le renversement du régime Caetano, Portugais et Cap-Verdiens ont quitté le « quartier nègre ».
    Quant aux mariages mixtes, ils ont été extrêmement rares en Angola, comme dans le reste de l’Afrique portugaise ; pourtant l’idée est demeurée chez les Portugais comme chez une partie des Noirs africains que le racisme était étranger à la colonisation lusitanienne. Ainsi, lorsque de 20 000 à 30 000 Cap-Verdiens ont émigré aux États-Unis, ils se considéraient comme Portugais, pas commeAfricains, et il en allait de même des 40 000 Cap-Verdiens en Angola.
    Sauf au Cap-Vert, voire à Sao Tomé et Principe, après la suppression de la traite, le Portugal avait été incapable de peupler ces dépendances, et le monde des Blancs y demeura très limité : en Angola, 20 700 en 1920, soit 0,5 % de la population, le reste étant noir pour l’essentiel. Car ici les mulâtres furent rares, 7 500, soit 0,2 %. Cette proportion de Blancs n’augmenta qu’après les réformes de Salazar, qui stoppa le flux des délinquants — à moins de construire pour eux des prisons en Angola ; elle s’éleva, en 1970, à environ 5,1 % de la population totale. Le nombre des mulâtres avait crû, lui aussi, atteignant 53 392 citoyens à cette même date où on comptait 172 529 Blancs et 4 604 362 Noirs…
    La société angolaise n’eut ainsi rien à voir avec celle qui se formait au Cap-Vert ou au Brésil où celle-ci compta jusqu’à 42 % de métis.
    B OERS , N OIRS ET   A NGLAIS EN   A FRIQUE DU   S UD
    Il est sûr qu’en Afrique du Sud le racisme n’a pas obéi aux mêmes us et lois qu’en Afrique du Nord. La comparaison porterait plutôt avec le Sud des États-Unis, le Solid South , encore est-ce bien une apparence, les deux sociétés ayant évolué de manière différente.
    En Afrique du Sud, les Hollandais trouvèrent d’abord des Hottentots qui, en partie, ont disparu en tant que tribu, mais dont le sang coule encore dans les veines des mulâtres et des Noirs de la province du Cap. Lors du grand Trek de 1836 — ce grand exode pour fuir la civilisation mercantile des Anglais installés au Cap depuis 1815 —, les Hollandais, devenus Boers, se heurtent aux Xhosas, aux Swazi et surtout aux Zoulous de Chaka. Après la mort de leur roi, ceux-ci sont écrasés par Andries Pretorius à la bataille de la Blood River ; mais ce sont les Anglais venus du Natal qui ramassent la mise, et les Boers se replient dans l’intérieur, créant les Républiques d’Orange et du Transvaal. Durant de longues décennies, ils se heurtent à nouveau auxXhosas, tandis que les Anglais triomphent définitivement des Zoulous en 1879.
    A la fin du XIX e  siècle, refoulés par les Boers, trois de ces peuples se placent sous la protection des Anglais qui les fixent et les territorialisent : les Swazi, les Sothos, les Tswana. Bientôt la situation se stabilise, si ce n’est que les Boers, comme les Anglais, essaient de mettre la main sur les tribus encore autonomes, ou plutôt sur leurs terres ; cette rivalité aboutit à la guerre de 1901, où d’un commun accord les adversaires décident d’exclure l’emploi de troupes noires. Une fois la paix conclue et l’Union sud-africaine constituée, le Native Land Act de 1913 fixe la part

Weitere Kostenlose Bücher