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Histoire du Consulat et de l'Empire

Histoire du Consulat et de l'Empire

Titel: Histoire du Consulat et de l'Empire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jacques-Olivier Boudon
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en sa qualité de ministre de l'Intérieur. Il considère que la Révolution a eu des effets tout à fait bénéfiques sur le statut des paysans, ce qui a contribué à augmenter leur productivité :
    « Le nombre prodigieux des mutations qui ont eu lieu, depuis trente ans, dans les propriétés, et la création d.un plus grand nombre de propriétaires, ont dû naturellement contribuer à l'amélioration de l'agriculture : une longue expérience nous a appris que le nouveau possesseur d'une portion quelconque de terre en soigne la culture avec plus d'ardeur que l'ancien ; il cherche à en augmenter le produit, et n'épargne rien pour y parvenir ; il défriche tout ce qui lui paraît susceptible de culture ; il plante partout où la terre lui paraît favorable ; il ne se repose que lorsqu'il a réalisé toutes les améliorations possibles. Il existait autrefois, en France, des propriétés d'une immense étendue, dont les produits nourrissaient à peine une famille : les événements en ont fait opérer le partage ; tout a été rendu à la culture, et les récoltes ont décuplé. Des exemples de ce genre se présentent sur toutes les parties de la France. Si l'on compare l'agriculture à ce qu'elle était en 1789, on sera étonné des 163
     
    LA NAISSANCE D'UNE MONARCHIE (1804-1809)
    améliorations qu'elle a reçues : des récoltes de toute espèce couvrent le sol ; des animaux nombreux et robustes labourent et engraissent la terre. Une nourriture saine et abondante, des habitations propres et commodes, des vêtements simples, mais décents, tel est le partage de l'habitat des campagnes ; la misère a été bannie, et l'aisance y est née de la libre disposition de tous les produits 1. »
    Ce bilan doit être nuancé. Il illustre toutefois l'impression de mieux-être qui prévaut dans les campagnes, au moins dans le nord de la France et dans les régions traversées par d'importantes voies de communication, les vallées du Rhône, de la Garonne ou de la Loire. Ainsi, dans la Beauce, l'augmentation constante des prix du froment - de plus d'un tiers des débuts du Consulat à la fin de l'Empire - a largement profité aux paysans, en premier lieu aux fermiers. Les analyses statistiques confirment le constat dressé à l'époque par le préfet d'Eure-et-Loir : « Le fermier a beaucoup gagné à la Révolution ; débarrassé des redevances de toute nature qui pesaient sur lui, il a éprouvé dans la vente des produits de sa location une augmentation sensible et cependant le prix des fermages ne s'est pas élevé dans une proportion qui réponde à ces avantages 2. ». Autrement dit, la rente foncière, qui a pourtant doublé en Beauce entre la fin de l'Ancien Régime et le début de la Restauration, a augmenté moins vite que les revenus des fermiers.
    Quant aux ouvriers agricoles, ils connaissent encore une situation précaire, même s'ils ont eux aussi bénéficié de salaires en hausse.
    Ailleurs, notamment dans les zones isolées ou montagneuses, les progrès sont plus lents à se faire sentir et les méthodes de culture restent très proches de celles qui prévalaient sous l'Ancien Régime.
    Du reste c'est de ces régions montagneuses, le Massif central, les Alpes et les Pyrénées, que partent temporairement chaque année plusieurs dizaines de milliers d'habitants en quête d'un travail saisonnier, synonyme de ressources complémentaires. Dans une grande partie de la France, l'assolement triennal est encore largement pratiqué, qui suppose la mise en jachère d'un tiers des terres cultivées.
    L'impression d'un meilleur niveau de vie tient, il est vrai, à des facteurs autant économiques que psychologiques. Les années 1800-1810 sont favorables au développement de l'agriculture. Les besoins de l'armée, ajoutés à la demande des villes, favorisent l'essor des productions agricoles, tandis qu'un climat relativement clément limite les accidents météorologiques. La demande soutenue contribue à l'augmentation des prix de vente des denrées agricoles et donc favorise l'élévation du niveau de vie des paysans. Les campagnes profitent aussi des effets de la conscription et ce, à un double titre. En appelant sous les drapeaux le tiers d'une génération, jusque vers 1810, l'armée prélève un trop-plein de bras que le travail agricole n'aurait pu employer. En outre, le système du rachat qui permet à un jeune homme argenté de payer un remplaçant pour combattre à sa place contribue à irriguer les campagnes en

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