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Histoire du Consulat et de l'Empire

Histoire du Consulat et de l'Empire

Titel: Histoire du Consulat et de l'Empire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jacques-Olivier Boudon
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circulaire de 1817 rappelant l'obligation de posséder un livret montre qu'il n'était pas encore pleinement entré dans les mœurs. De toute manière, même si les pouvoirs publics s'en inquiètent, ils n'ont pu limiter les migrations ouvrières. La volonté de réglementer les relations de travail se retrouve dans la création des conseils de prud'hommes. Composés de représentants du patronat et de l'élite du monde ouvrier, contremaîtres ou chefs d'atelier, ils sont généralement présentés comme des institutions aux mains des patrons et donc dirigés contre les ouvriers. Cette image doit être corrigée. Certes, les conseils de prud'hommes sont des tribunaux qui ont à juger des conflits entre patrons et salariés, mais dans la très grande majorité des cas, c'est la 174
     

    LES BASES SOCIALES DU RÉGIME
    concertation qui l'emporte. Loin de fonctionner comme une arme contre le monde ouvrier, les conseils de prud'hommes ont favorisé l'harmonisation des points de vue sur le droit du travail. Ils ont ainsi fait revivre l'esprit qui prévalait au sein des métiers de l'ancienne France, disparus quinze à vingt ans plus tôt.
    Au-delà du monde ouvrier, apparaît le groupe des commerçants et artisans, encore liés au monde ouvrier par leur mode de travail, mais déjà proches de la bourgeoisie par la possession d'un petit bien. Le milieu de la boutique et de l'échoppe est ouvert vers les couches supérieures en cette période de mobilité sociale. La porte reste toutefois étroite et le socle sur lequel le régime entend se reposer est extrêmement resserré.

3. LA FRANCE DES NOTABLES
    La France impériale a laissé l'image d'une période propice à l'ascension sociale. La Révolution aurait permis à des enfants des classes populaires d'accéder aux sommets de la hiérarchie sociale.
    Cette image se nourrit de cas nombreux, puisés notamment dans le vivier des officiers supérieurs. Le corps des maréchaux offre ainsi de beaux exemples de réussites spectaculaires. Augereau, fils d'un domestique du faubourg Saint-Marceau à Paris, a gravi tous les échelons de la carrière militaire, comme Lannes, fils d'un métayer de Lectoure, ou Ney dont le père était artisan tonnelier à Sarrelouis.
    Dix autres maréchaux appartenaient par leurs origines au milieu de la petite bourgeoisie, surtout commerçante, à l'image de Murat, fils d'un aubergiste, ou de Masséna, fils d'épicier. Mais la moitié des vingt-six maréchaux de l'Empire provenait de familles de la bonne bourgeoisie, voire de la noblesse, comme Davout, Berthier ou Marmont. Chez les officiers, une même constatation s'impose.
    Seul un cinquième des officiers de l'Empire provient des milieux populaires, ce qui dément l'idée d'une très forte ascension sociale, tout en confirmant l'ouverture de ce corps à l'ensemble des classes de la société. La promotion sociale par l'armée est possible, sous l'Empire, mais elle est limitée, et les portes d'accès se referment un peu plus avec le développement des écoles d'officiers qui accueillent de façon privilégiée des fils de la bourgeoisie voire de l'ancienne noblesse.
    L'armée n'est pas le seul moyen de s'élever socialement. Le monde du négoce, de la banque et des affaires offre d'autres exemples de carrières particulièrement brillantes. Citons en premier lieu le cas de Jacques Laffitte, apprenti charpentier chez son père à Bayonne, puis clerc de notaire et enfin commis chez un négociant grâce auquel il entre chez le banquier Perrégaux à la veille de la Révolution. Il gravit tous les échelons au sein de cet établissement 175
     

    LA NAISSANCE D 'UNE MONARCHIE (1804-1809)
    jusqu'à y être associé en 1806 ; en 1809, à la mort de Perrégaux, il devient l'un des régents de la Banque de France. Il est enfin choisi en 1815 par Napoléon pour gérer sa fortune. Cependant, les honneurs politiques restent à venir. Député de l'opposition sous la Restauration, il est l'un des premiers chefs de gouvernements de la monarchie de Juillet et donc le symbole par excellence de l'ascension des notables dans la France postrévolutionnaire. Son exemple n'est pas unique. Ainsi François Richard, né en 1765 dans une famille de laboureurs normands, quitte la ferme familiale à dix-sept ans pour Rouen où il entre chez un marchand de rouenneries. Puis, arrivé en 1776 à Paris, il se lance dans le colportage de toiles anglaises, sans succès puisqu'il est emprisonné pour dettes. Évadé à

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