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Histoire du Consulat et de l'Empire

Histoire du Consulat et de l'Empire

Titel: Histoire du Consulat et de l'Empire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jacques-Olivier Boudon
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deviennent barons. Au total, la noblesse d'Empire a été attribuée à environ trois mille six cents personnes : mille cinq cents chevaliers, mille cinq cent cinquante barons et cinq cents comtes. Au-delà des membres de l'administration, honorés de droit et qui représentent 22 % de l'ensemble, les principaux bénéficiaires de cette nouvelle dignité sont les officiers, puisque 59 % des membres de la noblesse d'Empire proviennent de l'armée, le groupe restant étant formé par les grands notables de province, tandis que le monde du négoce et des affaires, lieu par excellence des fortunes récentes, n'est guère représenté. La noblesse d'Empire marque ainsi la volonté de pratiquer l'amalgame entre la bourgeoisie, catégorie la mieux représentée (58 % ), les couches populaires (19 % ), mais aussi l'ancienne aristocratie, qui représente près d'un quart de cette nouvelle noblesse (23 % ), proportion qui s'élève même à 40 % à partir de la catégorie des comtes. L'intention affirmée par Napoléon en 1810 était « de faire participer toute la France aux avantages des titres héréditaires » ; elle est de ce point de vue satisfaite. La noblesse d'Empire est donc présentée comme un moyen d'ascension sociale et de cohésion nationale, même si la transmission de cette noblesse impose la possession d'une certaine fortune. En effet, pour pouvoir léguer son titre à son fils aîné, il faut constituer un majorat, formé d'un capital incessible, lié au titre. Seuls les plus fortunés parmi les membres de la noblesse peuvent envisager cette transmission, rendue presque impossible aux officiers pauvres devenus nobles par la grâce de l'Empereur. Ce dernier souhaitait, par cette mesure conservatoire, s'assurer que la noblesse serait toujours associée à la possession d'un patrimoine foncier, symbole à ses yeux de notabilité et de respectabilité.
    Pourtant, l'amalgame voulu par Napoléon n'a été qu'une réussite partielle. La noblesse d'Empire n'a pas joué, au moment de la crise finale du régime, le rôle de rempart de la dynastie que lui avait assigné l'Empereur. Elle reste cependant le symbole d'un édifice social fondé sur le mérite et la propriété qui devait se perpétuer après la chute de l'Empire. De plus, aux heures glorieuses de l'Empire, entre 1808 et 1812, cette noblesse a fortement contribué à asseoir le régime auprès des notables. Elle leur fit miroiter des titres honorifiques que peu ont dédaignés, sans parler des dotations qui ont été offertes à plus de la moitié des nouveaux nobles. Ces dotations reposent pour l'essentiel sur des domaines conquis à l'étranger et sont offertes aussi bien aux maréchaux d'Empire qu'à de modestes chevaliers, pour lesquels elles représentent un moyen de tenir son rang ; ainsi, parmi d'autres, le chevalier Boulnois reçoit une rente de quatre mille francs par an, reposant sur des terres situées en Illyrie.
    Ces dotations représentent, à la fin de l'Empire, une somme annuelle de près de douze l1}illions de francs. Ces sommes, ajoutées aux traitements perçus de l'Etat, ont contribué à l'enrichissement de ce groupe et, dans certains cas, à son enracinement dans la haute 179
     

    LA NAISSANCE D'UNE MONARCHIE (1804-1809)
    société, par l'entremise de beaux mariages. Enfin, ces nouveaux titrés ont favorisé l'essor d'une vie mondaine, dans les salons comme à la Cour, facilitant ainsi l'intégration au régime de leurs proches et des membres de leur clientèle. Si la noblesse d'Empire n'a pas contribué à sauver le régime, en revanche, elle a permis la mobilité sociale dans la France du XIX" siècle. Les trois cinquièmes de ses membres parviennent à conserver leur rang et à s'intégrer aux nouvelles élites nobiliaires, notamment par le biais des mariages, contractés soit entre représentants de la noblesse d'Empire, soit avec des enfants de l'ancienne aristocratie.
     

    3
    Les institutions monarchiques
    L'avènement de l'Empire ne modifie pas considérablement le fonctionnement du régime, même s'il lui donne une plus grande stabilité et confère au chef de l'État une autorité accrue. Plus encore qu'à l'époque du Consulat où subsistait la fiction d'un triumvirat, le maître du pouvoir s'appelle Napoléon.

1. LE GOUVERNEMENT DE LA FRANCE
    L'organisation du gouvernement n'est pas modifiée par la proclamation de l'Empire. En 1804, Napoléon conserve pour l'essentiel les hommes du Consulat. Pourtant, au fil des ans, des

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