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Histoire du Consulat et de l'Empire

Histoire du Consulat et de l'Empire

Titel: Histoire du Consulat et de l'Empire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jacques-Olivier Boudon
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Ces salons du gouvernement, comme les appelle Mme de Chastenay, sont souvent une étape dans la voie du ralliement à l'Empire ; leur fréquentation annonce parfois une invitation à la Cour. De ce point de vue, mener une vie mondaine sous l'Empire est déjà une manifestation d'adhésion au régime. Les opposants les plus irréductibles se terrent dans leur hôtel particulier. En revanche, une fraction de récalcitrants n'hésite pas à confronter ses opinions à celles des hommes du gouvernement. L'entremêlement des réseaux y invite d'autant mieux que, dans une même famille, certains des membres ont accepté de servir l'Empire, d'autres s'y sont refusés. La comtesse de Boigne est par exemple la nièce de l'évêque de Nancy, Mgr d'Osmond. Elle reçoit dans son salon le cardinal Maury, nommé archevêque de Paris par Napoléon en 1810, et l'un des symboles les plus manifestes du ralliement à l'Empire puisqu'il avait été l'un des orateurs les plus hostiles à la Révolution, avant de prêcher auprès du pape la résistance à Bonaparte. Chez la comtesse de Boigne, il s'emploie à convaincre ses hôtes du bien-fondé de son choix : « Dans les premiers temps, il venait souvent chez moi. Il avait entrepris de rallier mon père au gouvernement, et quelquefois ils causaient ensemble sur les avantages et les inconvénients du régime impérial 6. » Cette vie de salon n'est pas propre à Paris ; elle se retrouve en province où la vie politique tente également de s'organiser dans le cadre étroit fixé par le régime impérial.

2. L'EMPIRE EN PROVINCE
    En province, l'action politique est également très contrôlée par les agents de l'État. Plusieurs des préfets nommés en hâte, en 1800, ont été ensuite remerciés, faute d'avoir pu s'adapter à leurs nouvelles fonctions. Mais en 1804, le corps préfectoral a acquis une certaine stabilité et peut donner sa pleine mesure dans l'administration des départements. Ainsi, dans les Hautes-Pyrénées, le premier préfet, Bernard Lannes, a été remplacé par Jean-Pierre Chazal, un 242
     
    L'ENCADREMENT DE LA VIE POLITIQUE
    ancien girondin membre de la Convention, puis du Conseil des Cinq-Cents. Favorable à Bonaparte, il est ensuite entré au Tribunat où il s'est distingué par son opposition au Consulat. Expulsé de cette assemblée en 1802, il est libre pour une autre fonction. Bonaparte l'envoie donc dans les Hautes-Pyrénées, sur la recommandation de Cambacérès. C'est l'exemple type d'un opposant que le Premier consul fait taire en lui trouvant un nouvel emploi, dans lequel s'impose le devoir de réserve. Chazal reste à Tarbes jusqu'en 1813.
    De la même façon, Thibaudeau arrive à Marseille en 1803 et demeure préfet des Bouches-du-Rhône jusqu'en 1814. Le passage de Beugnot en Seine-Inférieure est plus bref, mais décisif dans l'organisation du département ; les succès qu'il a remportés expliquent son entrée au Conseil d'État, puis sa nomination comme ministre des Finances du royaume de Westphalie.
    Les préfets sont les principaux animateurs de la vie politique locale. Ils deviennent de véritables potentats locaux, d'autant plus indépendants du pouvoir central qu'ils en sont plus éloignés. Pourtant, les rappels à l'ordre ne manquent pas. Mais ils sont précisément la preuve de la toute-puissance acquise par les préfets. « Les préfets ne sont que trop enclins à un gouvernement tranchant, contraire à mes principes et à l'esprit de l'organisation administrative », écrit ainsi Napoléon à Champagny, ministre de l'Intérieur, avant de poursuivre plus loin : « L'autorité des préfets est trop considérable ; il Y a à en craindre l'abus plus que le relâchement ; et, à cette occasion, vous ferez une circulaire aux préfets, pour leur faire connaître que je n'entends pas qu'ils impriment aucun arrêté contre les officiers municipaux et leurs subordonnés 7. » La tentation d'un contrôle direct est en effet d'autant plus grande que les préfets ont un rôle prédominant dans le choix des officiers municipaux. Ce sont eux qui nomment les maires des petites communes, celles de moins de cinq mille habitants. Le premier magistrat des autres villes est désigné directement par l'Empereur, mais ce dernier prend en général conseil auprès des préfets.
    Comme Paris, les trois principales villes de province, Lyon, Marseille et Bordeaux, ne sont d'abord dotées que de mairies d'arrondissements. En 1805, elles obtiennent la création

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