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Histoire du Consulat et de l'Empire

Histoire du Consulat et de l'Empire

Titel: Histoire du Consulat et de l'Empire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jacques-Olivier Boudon
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conséquent dans le processus d'apprentissage du suffrage universel en France.
    Le vote n'est sans doute pas la forme la plus manifeste du soutien populaire à Napoléon. Or celui-ci ne fait pas défaut dans les premières années de l'Empire, sauf au sein d'une petite minorité d'opposants dont les manifestations restent alors discrètes. Hors le temps des élections, cette adhésion au régime s'exprime en particulier à l'occasion des fêtes de souveraineté, mais plus encore lors de la visite de l'Empereur qui donne lieu à une véritable mobilisation populaire, attestée par la plupart des témoignages. Le docteur Poumiès de la Siboutie se souvient par exemple de l'élan suscité par l'annonce de sa venue à Périgueux :
    « En 1808, je crois, on annonça qu'il allait traverser Périgueux pour se rendre en Espagne, à Bayonne plutôt, où il devait avoir une entrevue avec la maison régnante d'Espagne. Aussitôt que cette nouvelle fut confirmée officiellement, une garde d'honneur s'organisa comme par enchantement ; nobles, bourgeois, riches marchands s'empressèrent de se faire inscrire. L'uniforme fut arrêté : il était d'une forme élégante, vert, avec parements et passepoil blancs.
    Les chevaux étaient beaux et bien harnachés. Matin et soir, on se réunissait pour les manœuvres. Au bout de quelques jours, il y avait déjà de l'ensemble dans les mouvements et le corps avait pris une tournure passablement militaire. Tout était donc prêt pour recevoir 246
     
    L'ENCADREMENT DE LA VIE POLITIQUE
    le grand homme ; mais il changea son itinéraire et passa par Angoulême. Notre ville en fut pour ses frais. Je note comme une circonstance très remarquable et une preuve de la fusion des partis, cet empressement à se faire inscrire dans une garde d'honneur. On peut dire qu'alors toutes les opinions étaient réunies, tout le monde voulait l'Empereur I l . »
    Incontestablement le désir de paraître et de se montrer au cours d'une cérémonie rassemblant l'ensemble des notables locaux explique cette mobilisation générale, mais on peut aussi y lire une manifestation d'attachement au souverain, dans laquelle la curiosité se mêle à la fascination pour un personnage quasiment irréel.
    Napoléon joue de cette attente, quitte à la décevoir comme à Périgueux. Dans les Hautes-Pyrénées, le résultat n'est guère différent ; il traverse le département en trombe, sans presque s'arrêter, négligeant les arcs de triomphe de fleurs disposés tout au long de son parcours. Déçues d'avoir été traités cavalièrement, les populations visitées n'en sont pas moins fières d'avoir été désignées pour accueillir le souverain. On ne peut réduire aux effets de la propagande et d'une organisation dirigée par les préfets ces élans populaires, même si leur spontanéité est loin d'être totale. Les visites du souverain peuvent du reste être fructueuses. Ainsi l'accueil réservé à Napoléon et Joséphine par Montauban en juillet 1808 a facilité l'érection du nouveau département du Tarn-et-Garonne autour de cette cité.

3. LA PERSISTANCE n'UNE VIE ASSOCIATIVE
    Contrairement à ce qu'on pourrait penser, l'Empire n'a pas éteint toute forme de vie associative. Certes, les réunions politiques sont interdites et les rassemblements sont étroitement surveillés, le Code pénal déclarant illégales, en 1810, les réunions de plus de vingt personnes, ce qui montre la méfiance du pouvoir à l'égard de toute association, fût-elle apolitique. C'est aussi la preuve que l'on avait continué à se réunir depuis l'époque du Consulat. Ces réunions sont nombreuses et de natures très diverses.
    Naturellement, l'Empire ne retrouve pas les formes d'activités politiques qu'avait connues la France au début de la J3.évolution, avec l'éclosion de plus de six mille sociétés politiques. A la fin du Directoire encore, près de six cent soixante avaient reparu, bientôt menacées par le ministre de la Police, Fouché, qui leur avait fait la chasse, les considérant comme des foyers de jacobinisme. Il avait achevé le travail au début du Consulat. Pourtant, dans nombre de villes, on continue de s'assembler entre hommes, pour discuter, jouer, ou tout simplement boire et manger. Ces cercles qui se développent sur le modèle des clubs anglais n'ont pas officiellement 247
     
    LA NAISSANCE D'UNE MONARCHIE (1804-1809)
    d'activités politiques, mais il est fort probable que certains de leurs membres ont fréquenté les

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