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Histoire du Consulat et de l'Empire

Histoire du Consulat et de l'Empire

Titel: Histoire du Consulat et de l'Empire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jacques-Olivier Boudon
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sociétés politiques du temps de la Révolution et ont gardé l'habitude de converser sur les sujets d'actualité, ce qui ne signifie pas que ces cercles soient nécessairement des foyers d'opposition. Certains d'entre eux ont pu cependant se tourner contre le régime. Il en est de même des chambrées qui, dans les villes et bourgs de la France méridionale, notamment en Basse
    Provence, rassemblent les milieux ouvriers, dans un local loué à cet effet où le jeu et la boisson sont les deux activités principales. Très proches dans leur mode de fonctionnement des cercles, les chambrées s'en distinguent par leur recrutement social, moins bourgeois.
    Mais dans l'un et l'autre cas, c'est bien à des réunions d'hommes que l'on a affaire. Entre le cercle bourgeois et la chambrée populaire, la société d'hommes, très répandue dans l'Ouest, notamment dans la Sarthe et le Maine-et-Loire, opère une synthèse. Créée à l'initiative des notables, dès la fin du XVIIIe siècle, elle a rapidement conquis les éléments populaires. Ces sociétés d'hommes, où la consommation de boisson, le jeu, notamment de plein air, et la conversation se mélangent, connaissent un franc succès au début du XIXe siècle. Bien implantées dans les villes, elles se diffusent vers les campagnes de Touraine, du Maine et de l'Anjou, contribuant ainsi à l'essor d'une sociabilité associative qui offre une autre manière de faire de la politique.
    Cet attrait pour l'association se retrouve sur le terrain religieux, avec la renaissance, dès les lendemains du Concordat, des confréries de pénitents dans le Midi ou des charités dans le Nord et en Normandie. Réunions d'hommes chargées notamment d'organiser les funérailles des membres de l'association, mais qui, au moins sous l'Ancien Régime, avaient une vie cultuelle développée dans leur propre chapelle et pratiquaient des formes d'entraide entre membres, ces confréries et charités ont été mises à mal par la Révolution. Elles renaissent rapidement, souvent avec les mêmes hommes, reconnaissables, lors des cérémonies religieuses, à la robe et au capuchon qu'ils portent sur la tête. La plupart de ces associations ont perdu leur mobilier pendant la Révolution et rares sont celles qui ont pu récupérer leur chapelle propre, comme la confrérie des Pénitents blancs de Montpellier dont Cambacérès avait été membre avant la Révolution. Elles doivent donc désormais s'intégrer dans le cadre paroissial, d'autant plus que les évêques, lorsqu'ils autorisent leur renaissance, leur prescrivent en général un règlement strict. C'est le cas dans les Bouches-du-Rhône où Mgr Champion de Cicé les tolère, pourvu qu'elles ne prennent pas le nom de « confréries » ; le préfet Thibaudeau est hostile à leur renaissance, mais il ne peut s'empêcher de noter, dans ses Mémoires, que Portalis et Cambacérès avaient été pénitents avant la Révolution. De fait, le ministre des Cultes se montre extrêmement conciliant à l'égard de cette forme d'association cultuelle. Il laisse les 248
     
    L'ENCADREMENT DE LA VIE POLITIQUE
    autorités locales décider, en fonction des traditions de chaque région, du bien-fondé d'une autorisation : « Les préfets sont juges pour le civil, écrit ainsi Portalis, et les évêques pour le spirituel du degré de tolérance qui doit être accordé aux confréries et ils peuvent, suivant l'exigence des cas, en limiter ou en suspendre les exercices. » Tout le Midi est touché par le phénomène, en particulier le pourtour méditerranéen, mais aussi l'arrondissement de Grenoble où les trois quarts des communes en comptent une. Par rapport à l'Ancien Régime, le phénomène est moins urbain, ces associations tendant à gagner les campagnes et les montagnes, peut-être parce que la surveillance des autorités civiles et religieuses y est moins grande. En Normandie, des associations du même type voient le jour. Ce sont les charités, dont l'origine remonte au XIIIe siècle. Particulièrement nombreuses sous l'Ancien Régime, dans les régions de Rouen et d'Évreux, elles renaissent rapidement après la Révolution, si tant est qu'elles aient réellement disparu. Dans l'Eure, le préfet autorise leur restauration, dès 180l.
    Concentrant de plus en plus leurs activités sur l'organisation des funérailles de leurs membres, ces associations n'en offrent pas moins l'occasion aux hommes d'une même communauté de se réunir régulièrement, et donc

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