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Histoire du Consulat et de l'Empire

Histoire du Consulat et de l'Empire

Titel: Histoire du Consulat et de l'Empire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jacques-Olivier Boudon
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immédiatement. Ce n'est que partie remise.
    À bien des égards, l'année 1810 marque donc un tournant dans l'évolution du régime impérial. Certes, il serait fallacieux d'y rechercher les causes de la chute finale. Mais il est un fait que Napoléon modifie alors sa manière de gouverner. Le mariage autrichien n'en est que le symbole. Il marque la rupture avec l'héritage révolutionnaire, mais peut aussi apparaître comme un signe d'affaiblissement de la part d'un homme qui saît qu'il n'est pas invulnérable et qui cherche, à travers un héritier, à perpétuer son œuvre. C'est un aveu de faiblesse que ne compense pas sa boulimie de conquêtes. La politique d'annexions, justifiée par la poursuite du Blocus continental, est aussi un signe paradoxal d'affaiblissement. Elle montre que Napoléon n'a pas su administrer ses conquêtes, en leur conservant une relative autonomie. De ce fait, il provoque un mécontentement grandissant chez des populations que lasse la pression constante du pouvoir français, d'autant plus que la politique dirigiste imposée par Napoléon tranche avec le pragmatisme développé jusqu'alors. Au début de 1811 , le Grand Empire paraît tout-puissant mais c'est un colosse aux pieds d'argile. La constante opposition de l'Angleterre, la résistance espagnole, les rancœurs de l'Autriche et de la Prusse menacent ce fragile édifice.
     

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    Le développement d'un État autoritaire
    La disgrâce de Fouché, à l'heure du mariage autrichien, et son remplacement par Savary sont devenus les symboles du tournant autoritaire amorcé par le régime impérial à partir de 1810. Certes, la législation policière était déjà sévère, mais l'extension de l'Empire a provoqué un désir de contrôle encore plus fort, tandis que résonne le silence des assemblées. Les tensions nées de cette absence de dialogue devaient aussi rappeler l'existence d'un peuple souffrant, que la répression policière ne peut complètement faire taire.
    1. LE RENFORCEMENT DU CONTRÔLE POLICIER
    Au retour de son voyage de noces dans les départements belges, Napoléon apostrophe Fouché au Conseil des ministres et lui demande des explications sur son rôle dans la négociation entamée avec l'Angleterre et sur l'implication du financier Ouvrard qu'il projette déjà de faire arrêter. Puis, le lendemain, le dimanche 3 juin 1810, à l'issue de la messe entendue comme à l'accoutumée dans la chapelle des Thileries, l'Empereur convoque l'ensemble de ses ministres et leur annonce la destitution de Fouché, le seul à ne pas être présent. Il leur apprend en même temps la nomination au ministère de la Police de Savary. La surprise se peint sur les visages à l'annonce de cette nouvelle, tant la personnalité de Savary semble fade à côté de celle de Fouché. C'est un militaire dont la discipline ne saurait être prise en défaut. Mais Savary est surtout un fidèle de Napoléon. Cet Ardennais, fils d'officier, engagé volontaire à seize ans au début de la Révolution, a été de toutes les opérations commandées par Napoléon depuis la campagne d'Égypte. Il appartenait alors à l'entourage de Desaix, mais à la mort de ce dernier, lors de la bataille de Marengo, Bonaparte se l'attache 324
     

    LE DÉVELOPPEMENT D 'UN ÉTAT AUTORITAIRE
    définitivement. Il est peu après promu, avec le grade de colonel, commandant de la légion de gendarmerie d'élite ; c'est à ce titre qu'il se voit confier la tâche délicate d'enquêter sur l'enlèvement du sénateur Clément de Ris, en septembre 1800. D'autres missions de confiance lui sont ensuite confiées dans l'Ouest. Elles lui valent d'être promu général en 1803. C'est alors qu'intervient l'affaire du duc d'Enghien. Le nom de Savary restera à jamais associé à l'exécution de ce prince enlevé en territoire étranger et fusillé après un jugement sommaire. Tout au long du procès, organisé dans la nuit du 20 au 21 mars, Savary a obéi, avec un zèle remarquable, aux ordres de Bonaparte qui lui avait recommandé de « veiller sur tout ». Il refusera d'accorder tout délai au duc d'Enghien, finalement fusillé dans la nuit. Savary en retire l'opprobre des milieux royalistes, mais aussi le grade de général de division. Nommé duc de Rovigo en février 1808, il multiplie les missions de confiance.
    Espion, diplomate en Russie en 1807, il reprend volontiers du service dans l'armée dès lors que la France est en guerre. C'est ainsi qu'il combat en Espagne de 1808 à

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