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Histoire du Consulat et de l'Empire

Histoire du Consulat et de l'Empire

Titel: Histoire du Consulat et de l'Empire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jacques-Olivier Boudon
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l'élimination des derniers vestiges de l'époque révolutionnaire. Cette traque des jacobins tourne donc à l'obsession, même si elle s'inscrit dans le tournant monarchique du régime voulu par Napoléon. Savary n'épargne pas non plus le clergé et les catholiques qui s'avisent de défendre la cause du pape. Dans ce domaine aussi, arrestations et internements se ils
    sont l'une des manifestations de la crise entre l'Église et Le renforcement de l'autoritarisme se traduit également par le développement de l'emprise sur les esprits. La censure sur les écrits est désormais institutionnalisée, ce que les éditeurs avaient demandé pour éviter que les livres soient condamnés après leur parution.
    Néanmoins, leur souhait est exaucé au-delà de leurs espérances, puisque la politique de répression de l'écrit se montre particulièrement efficace à partir de 1810. Toutefois, le décret du 5 février qui créé la direction de l'Imprimerie et de la Librairie prévoit son rattachement au ministère de l'Intérieur. Ce secteur échappe donc à la tutelle du ministère de la Police, mais il n'en perd pas pour autant de son efficacité. La nouvelle réglementation limite le nombre d'imprimeurs à soixante à Paris et pose les conditions de leur existence. Ils doivent pour exercer obtenir un brevet, également exigé des libraires.
    Mais surtout les imprimeurs ne peuvent publier aucun ouvrage qui n'ait préalablement reçu un visa de la censure. Pour cette tâche, neuf censeurs se mettent au travail en 181 1 ; ils sont bientôt une vingtaine qui travaillent sous l'autorité du directeur général de la Librairie et de l'Imprimerie. Ce poste est tout d'abord confié à Portalis, le fils du défunt ministre des Cultes, mais ce dernier est écarté en janvier 1811
    pour avoir laisser diffuser par son cousin, l'abbé d'Astros, la bulle par laquelle le pape excommuniait Napoléon. Portalis est alors remplacé par le baron de Pommereul qui se distingue par son zèle dans l'application des mesures de censure. Ainsi en 1811, sur six cent quatrevingt-dix-sept manuscrits visés, les censeurs en corrigent cent soixante-huit et en refusent quatrevingt-un. Cette trop grande sévérité irrite Napoléon qui, en 1812, les rappelle à l'ordre ; « Je n'approuve pas la direction que prend la censure ; mon intention est qu'on laisse une liberté entière à la presse, qu'on n'y mette aucune gêne, qu'on se contente d'arrêter les ouvrages obscènes ou tendant à semer des troubles dans l'intérieur. � L'étau se desserre à la fin de l'Empire. Mais le contrôle sur la production littéraire reste fort.
    Germaine de Staël en fait l'amère expérience. Surveillée depuis le Consulat, elle avait pu continuer à écrire et à publier ses ouvrages.

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    LE DÉVELOPPEMENT D 'UN ÉTAT AUTORITAIRE
    Or, en septembre 1810, à l'annonce de la parution de son livre intitulé De l'Allemagne, Napoléon donne l'ordre non seulement de détruire l'ouvrage, mais encore d'en brûler le manuscrit, afin d'empêcher toute diffusion ultérieure. L'Empereur est passé outre la décision de la commission de censure qui avait donné son accord à la publication de ce livre. Savary est chargé de l'exécution de cette décision qui est donc un véritable fait du prince. Le souvenir qu'en a gardé Germaine de Staël est empreint d'une profonde révolte :
    « M. de Montmorency, que j 'interrogeai, m'apprit que le général Savary, autrement dit le duc de Rovigo, avait envoyé ses soldats pour mettre en pièces les dix mille exemplaires qu'on avait tirés de mon livre et que j 'avais reçu l'ordre de quitter la France sous trois jours 4. » Elle parvient toutefois à sauver son manuscrit, donnant au préfet du Loir-et-Cher venu le lui demander, « une mauvaise copie »
    qui lui restait. Dans cette affaire, l'intervention de Savary a été décisive. Il revendique du reste sa responsabilité dans une lettre à Mme de Staël : « Votre dernier ouvrage n'est point français ; c'est moi qui en ai arrêté l'impression. Je regrette la perte qu'il va faire éprouver au libraire ; mais il ne m'est pas possible de le laisser paraître .\ » L'influence de la police sur le contrôle des esprits reste donc forte, même si derrière Savary se profile l'ombre de Napoléon, toujours aussi vindicatif dans son combat contre l'exilée de Coppet.
    La presse n'est pas épargnée. Déjà fortement réduite depuis le début de l'Empire, elle subit une nouvelle purge après

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