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Histoire du Consulat et de l'Empire

Histoire du Consulat et de l'Empire

Titel: Histoire du Consulat et de l'Empire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jacques-Olivier Boudon
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efficacité. Elle avait été recommandée par Napoléon lui-même : « Voyez tout le monde ... Ne maltraitez personne, ne renvoyez personne ; si par la suite, vous avez à vous plain- .
    dre de quelqu'un, il ne faudra pas le déplacer avant six mois 3. » On perçoit cette continuité à la lecture des bulletins de police dont on a longtemps pensé qu'ils s'étaient appauvris à l'époque de Savary.
    Leur publication récente atteste au contraire du souci constant des services du ministère de tenir informé l'Empereur de tous les faits et gestes susceptibles de l'intéresser. Cela n'a rien qui doive surprendre ; ils sont rédigés par les mêmes fonctionnaires qu'à l'époque de Fouché, à savoir Desmarets, chef de la première division du 326
     

    LE DÉVELOPPEMENT D'UN ÉTAT AUTORITAIRE
    ministère, et Jean-André François. Le nouveau ministre doit cependant tenir compte de l'extension territoriale de l'Empire. La création de nouveaux départements étend ses prérogatives. Pour assurer le contrôle de ces territoires, le ministre multiplie les directions générales de la police chargées de superviser l'action des commissaires placés sous leurs ordres. Institués dès 1806, pour l'Italie du Nord, ces directeurs généraux se multiplièrent ensuite. En 181 1, ils sont présents à Rome (Norvins), à Amsterdam (Villiers du Terrage), à Hambourg (Brun d'Aubignosc), à Florence (Dubois) et à Thrin (Douhet d'Auzers). Savary correspondait directement avec eux. Chaque jeudi également, il réunissait les conseillers d'État chargés de contrôler les quatre divisions territoriales prévues dans l'organisation de la police. Grâce à eux, il pouvait avoir une vue plus fine de la situation du pays. Mais l'action du ministre, réputé intransigeant dans ses décisions, reposait toujours sur l'accord de Napoléon. Le durcissement de l'action policière, constaté à partir de 1810, tient au zèle de Savary, mais ne peut s'expliquer que par la pression exercée par Napoléon en ce domaine.
    Le gouvernement n'a pas attendu la nomination de Savary pour accentuer le caractère répressif de la législation. Néanmoins, c'est à Savary qu'il revient de la faire appliquer. En mars 1810, un décret a ainsi rétabli les prisons d'État. Fouché ne l'avait pas soutenu, bien que lui-même ne se soit pas privé de procéder à des arrestations arbitraires. Désormais elles acquièrent un statut légal. Ce décret de 1810 rend en effet possible l'internement d'un suspect sans jugement. Seul devient nécessaire l'avis du conseil privé au sein duquel l'autorité de Napoléon ne souffre aucune contradiction. Ce décret est bien l'un des symboles du retour à des mœurs d'Ancien Régime ; il abroge en effet le principe de la liberté individuelle. Toutefois, son importance ne doit pas être majorée, dans la mesure où son application reste limitée. Il concerne quelques centaines de prisonniers dont beaucoup du reste étaient responsables de délits de droit commun. Ces prisonniers sont quatre cent cinquante-cinq en 1812 ; leur nombre atteint deux mille cinq cents en 1814. La progression est constante et confirme le tour de vis
    du régime. Certes, le
    nombre de détenus dans les prisons
    peut paraître faible, mais
    la détention arbitraire demeure une arme dissuasive. Il faudrait aussi y ajouter les prisonniers « politiques » détenus dans les maisons centrales. En 1811, le conseil privé examine les cas de huit cent quatrevingt-dix-neuf prisonniers ; cent quatrevingt-seize seulement séjournaient dans des prisons d'État, les autres étant disséminés dans les autres prisons de l'Empire. L'examen de ces cas conduit à prononcer la libération de cent quarantecinq détenus. Les prisons d'État ne sont donc pas le seul moyen de s'assurer de la personne d'éventuels opposants. Le régime continue aussi de pratiquer l'exil intérieur, voire le placement en résidence surveillée qui permet de 327
     

    L'ÉCHEC DU SURSAUT DYNASTIQUE (1810-1815)
    contrôler les faits et gestes de personnalités suspectes d'opposition et de les appréhender le cas échéant.
    À peine arrivé au ministère de la Police, Savary s'est particulièrement attaché à traquer les anciens jacobins. Il se lance dès le mois d'août 1810 dans une vaste chasse à l'homme qui le conduit même à lancer des mandats d'amener contre des individus décédés. Peu après, il s'en prend à la magistrature dont il recommande l'épuration, espérant une fois encore

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