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Histoire du Consulat et de l'Empire

Histoire du Consulat et de l'Empire

Titel: Histoire du Consulat et de l'Empire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jacques-Olivier Boudon
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population catholique. « La route était couverte de monde accouru des pays voisins, rapporte le cardinal Pacca qui accompagnait le pape. La foule allait croissant à mesure que nous approchions de Grenoble. C'était un spectacle touchant de voir ce bon peuple se mettre à genoux d'aussi loin qu'il apercevait la voiture, et attendre le passage du pape pour recevoir sa bénédiction 3. » Pour éviter une trop grande publicité concernant la captivité du pape, le gouvernement préfère le renvoyer en Italie. Arrivé à Savone, près de Gênes, le 16 août 1809, il y reste jusqu'en janvier 1812, avant de gagner Fontainebleau où se déroule l'ultime étape de sa captivité.
    En 1809, Pie VII est déjà un vieil homme, âgé de soixantesept ans, dont David avait révélé, à l'époque du sacre, l'état de relative fatigue. Les témoins de sa captivité le montrent également voûté, épuisé. Napoléon lui-même le désigne volontiers par le terme de
    « vieillard ». De fait, le pape n'avait pas épargné sa peine depuis son accession au trône pontifical. Il avait alors restauré le pouvoir temporel des papes en se réinstallant à Rome. Neuf ans plus tard, le 345
     
    L'ÉCHEC DU SURSAUT DYNASTIQUE (1810-1815)
    pouvoir de la papauté paraît de nouveau menacé. Son départ de Rome n'est pas un simple accident conjoncturel. Il s'inscrit dans un projet plus vaste visant à transférer de Rome à Paris la capitale de la catholicité. Napoléon y songeait depuis plusieurs années. L'idée prend corps lorsque l'Empereur fait venir à Paris les cardinaux romains, puis transférer les archives et les bureaux de l'administration pontificale. Dans le même temps, des travaux sont entrepris à l'archevêché de Paris pour y accueillir le pape. L'ambition de Napoléon est de placer ainsi la papauté sous la surveillance directe de sa police, mais il y voit aussi le moyen de consolider la position de Paris comme capitale de l'Empire. Le pape à Paris, sous le contrôle de Napoléon, ce serait la victoire du gallicanisme d'État.
    Pie VII ne peut l'accepter. Dès lors, Napoléon cherche à se passer du pape.
    Le divorce avec Joséphine lui en offre la première occasion. Sans recourir aux services du tribunal de la rote, il fait établir par l'officialité diocésaine de Paris la nullité de son mariage. L'entourage de Pie VII ne l'entend pas ainsi et lorsque les cardinaux présents à Paris sont conviés au mariage de Napoléon et de Marie-Louise, treize refusent de s'y rendre. Pour cet acte de rébellion, ils sont arrêtés et envoyés en résidence surveillée à travers la France. La fronde des « cardinaux noirs », ainsi dénommés parce que Napoléon les a privés de leurs attributs cardinalices, révèle l'ampleur de la désaffection des autorités de l'Église à l'égard de l'Empire. Tandis que ses principaux conseillers sont emprisonnés ou assignés à résidence, Pie VII continue sa résistance depuis Savone. Il reste en contact avec une partie de son clergé et ne se prive pas de donner des directives concernant les affaires de l'Église. Il ne renonce pas à faire valoir ses droits. Dès lors, le projet d'installer le Saint-Siège à Paris perd toute raison d'être. Face à cette fronde, Napoléon use de la carotte et du bâton.
    2. LA REPRISE EN MAIN DES AFFAIRES ECCLÉSIASTIQUES
    Sur le plan intérieur, la principale conséquence de la crise nouée entre l'Empereur et le pape réside dans la vacance prolongée des sièges épiscopaux privés de leurs titulaires. Pie VII refusant d'accorder l'investiture canonique aux nouveaux évêques désignés par Napoléon, ceux-ci ne peuvent accomplir leur charge. À la fin de 1813, dix-sept sièges sur soixante seront ainsi dépourvus de titulaires reconnus par Rome. L'exemple le plus symbolique de cette politique de la chaise vide demeure Paris. Napoléon y avait placé en 1802 le doyen de l'épiscopat d'Ancien Régime, Mgr de Belloy, promu cardinal l'année suivante. Ce dernier avait fini par mourir, en 1808, à la veille de ses cent ans. Pour le remplacer, l'Empereur avait 346
     
    LA CRISE DU SACERDOCE ET DE L'EMPIRE
    d'abord songé à son oncle, le cardinal Fesch, effectivement nommé en 1809. Refusant d'abandonner son évêché de Lyon, et craignant de ne pas obtenir l'investiture canonique, le cardinal Fesch renonce à Paris en septembre 1810. Napoléon décide alors d'y nommer le cardinal Maury. Cette nomination s'inscrit parfaitement dans le tournant

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