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Histoire du Consulat et de l'Empire

Histoire du Consulat et de l'Empire

Titel: Histoire du Consulat et de l'Empire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jacques-Olivier Boudon
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monarchique consécutif au mariage autrichien. Le ralliement du cardinal Maury à l'Empire avait été, en 1805, une des plus belles réussites de Napoléon. Alors qu'il n'était encore qu'un prédicateur de renom, déjà membre de l'Académie française, l'abbé Maury avait fait résonner les travées de l'Assemblée constituante de ses discours en faveur de la monarchie et de la papauté. Plus tard, réfugié à Rome, il était devenu l'un des principaux conseillers de Pie VI qui l'avait créé cardinal en 1794 ; il avait joué ensuite un rôle essentiel dans l'élection de Pie VII et était devenu le représentant de Louis XVIII auprès du nouveau pape. C'est dire l'importance que revêt son ralliement à l'Empire en 1805. Arrivé à Paris en 1806, il devait s'y affirmer un thuriféraire invétéré du régime, devenant aumônier du prince Jérôme et retrouvant son fauteuil à l'Académie.
    L'archevêché de Paris vient donc en récompense de ses loyaux services. Le pape en décide autrement. Il refuse de reconnaître cette nomination et déclare nuls tous les actes pris par le cardinal Maury à la tête de l'archevêché de Paris.
    La diffusion de ces décisions confirme que le pape n'était pas dans un isolement absolu à Savone. Tout un réseau de communications avait réussi à se mettre en place entre le lieu de résidence du pape, pourtant bien surveillé par la police, et les principales villes d'Europe. À Paris, les deux brefs pontificaux déniant tout droit d'exercer ses pouvoirs au cardinal Maury avaient été transmis à l'abbé d'Astros, l'un des trois chanoines de Paris chargés d'administrer le diocèse en l'absence de l'évêque. L'abbé d'Astros n'est pas un inconnu. Neveu de Portalis, il avait contribué à la formation de l'épiscopat concordataire avant d'être associé à la rédaction du Catéchisme impérial. Son entrée en dissidence révèle la fracture provoquée dans le clergé français par la crise religieuse. Par fidélité au pape, une partie de ce clergé, encore minoritaire, a décidé de s'opposer aux choix de Napoléon. Il trouve en l'espèce le soutien de groupes monarchistes, à l'image de l'association des Chevaliers de la foi qui se charge de la transmission des correspondances entre le pape, les cardinaux internés et les ecclésiastiques passés dans l'opposition au régime. La dissidence de l'abbé d'Astros est rapidement découverte, après que la police a saisi copie du bref pontifical du 18 décembre 1810 condamnant le cardinal Maury. Profitant de la cérémonie des vœux au cours de laquelle le haut clergé parisien venait s'agenouiller auprès de Napoléon, ce dernier apostrophe vivement le vicaire général : « Vous êtes l'homme de mon Empire qui m'est le plus suspect ! Il faut être français avant tout ; il faut soutenir les libertés de l'Église gallicane ; [ ... ] j'ai l'épée au côté, 347
     
    L'ÉCHEC DU SURSAUT DYNASTIQUE (1810-1815)
    prenez garde à vous. » La sanction est immédiate. Alors que le cardinal Maury et l'abbé d'Astros se sont rendus au ministère de la Police, le 4 janvier, pour y avoir une explication avec Savary, ce dernier fait arrêter le vicaire général de Paris et le conduit à Vincennes ; il Y restera jusqu'à la fin de l'Empire.
    D 'Astros entraîne dans sa chute son cousin, Joseph Portalis, le fils de l'ancien ministre des Cultes, à qui Napoléon avait confié la direction de la Librairie en 1810. Accusé d'avoir eu connaissance des liens entre l'abbé d'Astros et le pape, il est démis de ses fonctions.
    Parallèlement, la police démantèle le réseau qui avait permis l'acheminement des correspondances pontificales. Plusieurs prêtres sont arrêtés, à l'image du prélat romain De Gregorio, ou de l'abbé Perreau, aumônier des Chevaliers de la foi, une des chevilles ouvrières de ce réseau. La police frappe tout particulièrement à Lyon par où passaient toutes les dépêches en provenance de Savone. Au début de 181 1 , les liens entre le clergé français et le pape se distendent d'autant plus que la surveillance dont ce dernier est l'objet se renforce. La liberté de manœuvre de Pie VII se restreint. Si Napoléon impose aux évêques qu'il a nommés d'aller prendre possession de leur diocèse, il a bien conscience du trouble que suscite la présence de « demi-évêques » à la tête de ces évêchés.
    C'est pourquoi, très attentif à la réaction de l'opinion catholique, Napoléon cherche sans attendre une

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