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Histoire du Consulat et de l'Empire

Histoire du Consulat et de l'Empire

Titel: Histoire du Consulat et de l'Empire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jacques-Olivier Boudon
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concordat italien et la conclusion d'un concordat pour l'Allemagne, en plus de quelques faveurs pour les intérêts français à la cour de Rome. En échange, elle respecterait le territoire pontifical. Ces dispositions, quasiment imposées à Pie VII, sont repoussées par le pape, le 2 décembre 1807. La crise est alors ouverte et la rupture imminente.
    Au début du mois de janvier 1808, Napoléon donne l'ordre à ses troupes de marcher sur Rome ; elles entrent dans la Ville éternelle le 2 février, sous le commandement du général Miollis. Si Pie VII conserve son autorité sur ses États, il n'en est pas moins placé sous le contrôle de la France qui prend alors prétexte de la nécessité d'étendre le Blocus continental, en s'assurant des côtes italiennes. En fait, Napoléon veut aussi régler la question religieuse et faire pression sur le pape. Pour cela, il use de la force, en contraignant plusieurs cardinaux à quitter Rome, dans le but d'isoler le pape. Mais ce dernier conservait une dernière arme, déjà partiellement utilisée dans le cas de l'Italie et dont il allait user sans compter à partir de mai 1808. Désormais, il refuse en effet de donner son investiture canonique aux évêques nommés ou promus en France. Sans cette reconnaissance du pape, les évêques désignés par Napoléon sont incapables d'exercer leurs pouvoirs spirituels sur leur diocèse ; ils ne peuvent ni confirmer les fidèles, ni ordonner de prêtres. Cette initiative a donc pour conséquence la vacance de nombreux sièges épiscopaux, ce qui va favoriser l'extension de la crise religieuse.
    Au moment où Pie VII refuse de reconnaître le nouvel archevêque de Malines, Mgr Dufour de Pradt, l'Espagne s'embrase La transformation de ce royaume en apanage de la France pourrait apparaître comme l'ultime décomposition de l'Europe catholique.
    En fait, la résistance armée dans laquelle s'engage une partie des Espagnols, sous la conduite du clergé, confirme le pape dans son projet de résistance. Les appels à la croisade contre 1'« Antéchrist »
    reçoivent un accueil favorable à Rome où l'on suit avec intérêt la progression de l'armée espagnole. L'insurrection dans le Tyrol à la fin de l'année, puis l'entrée en guerre de l'Autriche donne à la résistance à Napoléon une allure de reconquête catholique à laquelle le 344
     

    LA CRISE DU SACERDOCE ET DE L'EMPIRE
    pape n'est pas insensible. C'est dans ce contexte particulièrement troublé que Napoléon prend la décision de rattacher Rome à l'Empire. L'arrêt est signé le 17 mai 1809. Les États du pape ont alors cessé d'exister. Le pape n'est plus un souverain temporel.
    L'annonce en est faite publiquement le 10 juin. La réaction de Pie VII est immédiate ; il fait placarder sur les murs de Rome une bulle, Quam memoranda, excommuniant les responsables de cette atteinte à l'immunité ecclésiastique. Napoléon n'y est pas nommé, mais son ombre est omniprésente dans le document. L'ordre est alors donné d'empêcher la diffusion de ce texte. Il précède une réaction très vive de Napoléon, informé de cette nouvelle, alors qu'il combat en Autriche : « Je reçois à l'instant, écrit-il à Murat, la nouvelle que le pape nous a excommuniés. C'est une excommunication qu'il a portée contre lui-même. Plus de ménagements ; c'est un fou furieux qu'il faut enfermer. » Et Napoléon donne l'ordre à Murat de faire arrêter le cardinal Pacca et plusieurs collaborateurs du pape.
    Le cas de ce dernier n'était pas formellement réglé, mais le propos de l'Empereur était clair. Quoi qu'il en soit, les autorités françaises présentes à Rome l'interprètent dans le sens d'une arrestation. Le 6 juillet 1809, le général Radet fait briser les portes du palais du Quirinal et s'empare de la personne du pape. A-t-il outrepassé les ordres de Napoléon ? Ce dernier en tout cas s'étonne de la situation faite à Pie VII : « Je suis fâché qu'on ait arrêté le pape ; c'est une grande folie. Il fallait arrêter le cardinal Pacca et laisser le pape tranquille à Rome. Enfin, il n'y a point de remède ; ce qui est fait est fait 2. » L'errance de Pie VII commence. Parti de Rome le 6 juillet, il prend la route de la Toscane, puis, après quatre jours passés à Gênes, il est dirigé vers Grenoble où il arrive le 21 juillet. On ignore alors les conditions qui lui sont faites par le pouvoir, mais l'annonce de son arrivée provoque une certaine émotion au sein de la

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