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Histoire du Consulat et de l'Empire

Histoire du Consulat et de l'Empire

Titel: Histoire du Consulat et de l'Empire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jacques-Olivier Boudon
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en détention à Paris. En juillet, c'est au tour des trois évêques de Tournai, Troyes et Gand d'aller rejoindre les geôles de Vincennes. Le gouvernement obtient ensuite leur démission et les envoie en résidence dans de petites villes de province : Broglie à Beaune, Hirn à Gien et Boulogne à Falaise. Mais ces mesures n'éteignent pas la fronde naissante dans leur diocèse d'origine.
    Enfin, en octobre 1811, Napoléon décide de supprimer la compagnie de Saint-Sulpice qui s'était reconstituée depuis 1800
    sous la houlette de l'abbé Émery et qui depuis lors avait repris sa mission traditionnelle de formation des prêtres. Outre le grand séminaire de Paris, elle dirigeait une douzaine de séminaires en province. Son supérieur, Émery, avait joué un rôle considérable dans la réorganisation concordataire, prônant l'apaisement au début du Concordat. C'est lui notamment qui avait favorisé le retour dans l'Église du cardinal Fesch. Il était ensuite resté un conseiller écouté en matière ecclésiastique, participant notamment aux deux comités ecclésiastiques réunis par Napoléon en novembre 1809 et mars 181 1.
    S'il n'avait pu alors faire prévaloir son point de vue, Émery avait su montrer la constance de ses opinions, s'attirant pour ses critiques cette remarque de Napoléon : « Il a parlé comme un homme sait
    et possède son sujet. C'est ainsi que j'aime qu'on me parle ».
    est donc respecté, y compris par l'Empereur, mais sa mort à la fin du mois d'avril 181 1 allait sonner le glas de la compagnie qu'il dirigeait.
    Napoléon n'a désormais plus aucun scrupule. Il accuse les Sulpiciens de partager les idées de leur ancien supérieur et donc d'être trop favorables au pape. Ils ne sont plus jugés dignes d'assurer la formation du clergé français. Tous les séminaires qu'ils détenaient, y compris le séminaire parisien, doivent être confiés à des prêtres séculiers. La lutte contre les congrégations épargnées se poursuit. Cette mesure contribue aussi à désorganiser catholique. Dans la pratique, cependant, les évêques tentent de trouver une parade en confiant leur séminaire à de jeunes prêtres qui viennent d'achever leurs études à Saint-Sulpice et sont encore imprégnés de l'esprit qui y régnait.
    Apparemment, la suppression de la compagnie de Saint-Sulpice va à l'encontre de la politique menée depuis plusieurs années en faveur de la formation des prêtres. En fait, elle s'inscrit dans un ensemble de mesures visant à reprendre en main le contrôle de l'éducation cléricale, tant au plan des doctrines, avec l'obligation d'enseigner le gallicanisme, qu'au niveau du nombre d'étudiants. C'est dans cet esprit qu'est pris le décret sur les petits séminaires du 15 novembre 1811. Depuis le début du Consulat, les petits séminaires s'étaient multipliés. Ces « écoles secondaires ecclésiastiques », comme on les appelle alors, étaient destinées à conduire les jeunes gens vers le 354
     

    LA CRISE DU SACERDOCE ET DE L'EMPIRE
    grand séminaire. Dans la pratique, en fait, elles accueillaient un nombre croissant de fils de bonnes familles de la bourgeoisie ou de l'ancienne noblesse, recherchant dans un enseignement dispensé par des prêtres un contrepoint à la formation des lycées. Napoléon voit ainsi lui échapper une partie des futures élites du pays, au moment où le succès des lycées est moindre qu'il ne l'escomptait.
    Pour empêcher cette concurrence, il décide qu'il n'y aura plus désormais qu'un petit séminaire par département ; il devra se trouver dans une ville disposant déjà d'un collège ou d'un lycée ; enfin, les élèves des petits séminaires devront suivre parallèlement les cours des établissements publics. Le petit séminaire est donc cantonné à sa seule fonction de formation des futurs prêtres. Pour bien marquer cette spécificité, les petits séminaristes devront porter la soutane dès l'âge de quatorze ans. Ces mesures contraignantes tranchent avec la relative liberté qui prévalait jusqu'alors. Elles ont surtout pour conséquence de désorganiser le réseau des établissements secondaires dans la mesure où la plupart d'entre eux étaient situés dans de petites villes ou des bourgs ruraux et permettaient ainsi de recruter des fils de paysans aisés. La France, dans ses limites actuelles, comptait alors quatrevingt-dix-neuf petits séminaires : trente-deux peuvent être conservés en l'état, vingt-trois doivent être

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