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Histoire du Consulat et de l'Empire

Histoire du Consulat et de l'Empire

Titel: Histoire du Consulat et de l'Empire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jacques-Olivier Boudon
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transférés dans des villes dotées d'un collège ou d'un lycée et quarante-quatre doivent être supprimés. La mesure sur les petits séminaires n'aura pas un effet durable, car elle est rapportée dès 1814, elle contribue néanmoins à accroître la désorganisation déjà perceptible dans l'Église de France.
    Elle suscite du reste des protestations au sein de l'épiscopat, y compris parmi des évêques bien en cour. Ainsi le cardinal Cambacérès, archevêque de Rouen, réagit en décidant la fermeture pure et simple de son petit séminaire, afin d'échapper au contrôle de l'État sur les études cléricales. Le cardinal Fesch lui-même déplore l'attaque faite à la formation du clergé : « Malheur à l'État qui se tromperait au point de détruire un de ses plus grands appuis », s'exclamet-il. Le cardinal Fesch amorce alors un détachement, déjà perceptible au moment du concile, à l'égard de la politique menée par son neveu. Fesch a compris que l'attitude de Napoléon en matière religieuse risquait de lui aliéner à tout jamais l'opinion catholique. Il dirige, il est vrai, un diocèse où l'émotion grandit face à la situation faite au pape et à l'Église. Dès août 1810, le secrétaire général de la police de Lyon adressait au ministre le rapport suivant :
    « Les opinions du clergé sont presque tout entier, à Lyon, ultramontaines ; et il doit être continuellement l'objet d'une surveillance attentive, mais discrète et non marquée. Tout le monde y est dévot ou veut le paraître 6. » Le cardinal Fesch a connaissance de cet état d'esprit lyonnais. Il nourrit les mises en garde adressées à l'Empereur.
    Mais Napoléon refuse d'entendre les avertissements formulés par son oncle ; il le prie instamment, en mars 1812, d'abandonner la Grande 355
     

    L'ÉCHEC DU SURSAUT DYNASTIQUE (1810-1815)
    Aumônerie et de regagner Lyon. Cette disgrâce du plus haut représentant de l'Église de France en dit long sur l'effritement du soutien épiscopal au pouvoir napoléonien.
    La fronde des évêques n'est pas générale, mais elle touche une quinzaine de diocèses situés dans des régions de forte tradition chrétienne comme l'Ouest breton ou le Sud-Est alpin, ainsi que des régions où commence à poindre une résistance au pouvoir napoléonien. Certes, l'opposition de ces évêques reste feutrée ; elle passe notamment par des refus de communiquer les actes du gouvernement ou de répondre à ses demandes. Ces évêques ne sont donc plus, à partir de 1811, des soutiens indéfectibles du régime. Le mythe des « préfets violets » a vécu. La fronde gagne aussi le clergé, provoquant une série d'arrestations, dont sont particulièrement victimes les prêtres belges et italiens. Cette résistance, presque uniquement religieuse, ne menace pas directement le pouvoir politique de Napoléon. Néanmoins, elle instille dans la population l'idée que l'Empire ne fait plus l'unanimité. De ce point de vue, la fronde religieuse prépare la dissidence des catholiques à l'égard du régime.
    4. LE CONCORDAT AVORTÉ DE FONTAINEBLEAU
    Après la vague de mesures prises à l'encontre des catholiques et le transfert de Pie VII à Fontainebleau en juin 1812, la politique antireligieuse de Napoléon marque le pas. L'expédition de Russie l'occupe tout entier, renvoyant à plus tard le règlement des questions ecclésiastiques. Mais, à peine rentré de Moscou, l'Empereur s'emploie à régler définitivement cette affaire. Il écrit à Pie VII le 29 décembre 1812 pour lui faire part de ses intentions, puis lui envoie l'un de ses plus proches conseillers en matière ecclésiastique, Mgr Duvoisin, évêque de Nantes et théologien réputé. Accompagné de plusieurs prélats, Duvoisin négocie un accord avec le pape. Puis Napoléon décide d'intervenir directement, sûr de son autorité et de sa force de persuasion. Il se rend à Fontainebleau, le 19 janvier 1813, profitant d'une partie de chasse, et tente de convaincre le pape du bien-fondé de ses projets. Pendant cinq jours, Napoléon sollicite le pape pour qu'il accepte de signer un nouveau concordat.
    On a parlé de harcèlement à propos de cet épisode. Pie VII, isolé, sans communication avec l'extérieur, a sans doute été fortement pressé, voire menacé, par son visiteur. Mais il est aussi fasciné par Napoléon qui use de son pouvoir de séduction pour le convaincre.
    Le texte soumis au pape, comprenant dix articles, reconnaît la primauté pontificale,

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