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Histoire du Consulat et de l'Empire

Histoire du Consulat et de l'Empire

Titel: Histoire du Consulat et de l'Empire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jacques-Olivier Boudon
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participé aux États généraux, avant de refuser le serment constitutionnel et d'émigrer en Angleterre. Signalé dès 1800 par son Antidote au congrès de Rastadt, publié à Hambourg, il rentre en France et fréquente les salons parisiens, profitant de ses liens de parenté avec le général Duroc. Ecclésiastique en vue, souvent consulté par Bonaparte, il devient l'un des premiers aumôniers de Napoléon lors de la constitution de la Grande Aumônerie en 1804. Puis il est nommé évêque de Poitiers, tout en restant un conseiller écouté de Napoléon. Il l'accompagne à Bayonne, au printemps de 1808, lors de la rencontre avec les souverains espagnols qui devait aboutir à l'annexion de l'Espagne. Pour prix de ses services, l'abbé de Pradt se voit confier peu après l'archevêché de Malines, sis en ces terres belges déjà remuantes que Napoléon cherche à mieux contrôler. Le nouvel archevêque est aussi un des premiers prélats à ne pas recevoir l'investiture canonique du pape ; il s'en passera pour administrer son diocèse, mais ce refus pontifical ne fait qu'exacerber son gallicanisme. Il est sans doute l'un des évêques qui ont le plus poussé Napoléon à adopter une attitude intransigeante à l'égard du pape dans la question des nominations épiscopales. Dès 1810, il fait en effet paraître anonymement un ouvrage intitulé Des évêques nommés et de leur envoi dans les églises vacantes pour prendre possession, dans lequel il affirme que les évêques peuvent se passer de l'approbation pontificale pour administrer leur diocèse. Ces positions expliquent la part de plus en plus grande qu'il prend dans le règlement de la question. Membre du comité ecclésiastique réuni à Paris au début de l'année 181 1 pour préparer le concile, il participe à la délégation envoyée auprès du pape à la fin du mois d'aoüt. Napoléon est tellement satisfait des services de l'abbé de Pradt qu'il le nomme en 1812 ambassadeur à Varsovie. Dans ce poste stratégique, à l'heure où l'Empereur prépare l'expédition de Russie, l'évêque se montre quelque peu dépassé.
    L'archevêque de Malines a donc été l'une des pièces maîtresses dont put disposer Napoléon au sein de l'assemblée des évêques.
    Il lui fallait en effet parvenir à une solution que la dissolution prématurée du concile n'avait pas permis de faire émerger. C'est pourquoi, dans les jours qui suivent, le ministre des Cultes s'emploie 351
     
    L'ÉCHEC DU SURSAUT DYNASTIQUE (1810-1815)
    à recueillir l'adhésion individuelle des évêques présents à Paris sur le projet d'investiture canonique. Au début du mois d'août, il a reçu le soutien de quatrevingt-cinq évêques sur cent quatre. Le 5 août, le concile reprend ses travaux, sous la présidence du cardinal Fesch.
    Il se déclare compétent pour légiférer en matière d'investiture canonique et précise les règles qui devront prévaloir dans l'avenir : si le pape ne donne pas son investiture dans un délai de six mois, celle-ci pourra être conférée par l'archevêque de la province ecclésiastique à laquelle appartient l'évêque nommé, ou à défaut par l'évêque le plus ancien. Mais le concile déclare aussi que cette décision devra être approuvée par le pape. C'est pour cette raison qu'une délégation de huit évêques part pour Savone, le 22 août 1811. Outre l'abbé de Pradt, elle comprend Mgr de Barral, archevêque de Tours, qui joue aussi un rôle essentiel dans une négociation qui fut à deux doigts d'aboutir. Après plusieurs semaines de discussions, le résultat obtenu ne satisfait pas Napoléon qui met finalement un terme aux négociations, en février 1812. En mai, Pie VII est transféré de Savone à Fontainebleau. Le conflit entre le pape et l'Empereur n'est donc pas réglé. L'Église catholique s'enfonce peu à peu dans la crise.
    On peut évidemment s'interroger sur l'importance réelle de ces discussions portant sur une question de droit canonique et penser que les parties en présence ne se disputaient finalement que sur des points de détail. On peut aussi faire valoir que cette question a peu préoccupé les contemporains, dans la mesure où la presse a gardé un silence quasi absolu sur ces débats. Pourtant, la portée de l'événement dépasse de beaucoup le cadre d'une discussion théologique.
    Napoléon a surtout rencontré, dans son différend avec le pape, son premier véritable obstacle. Il a cru pouvoir l'effacer, en s'appuyant, comme

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