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Histoire du Consulat et de l'Empire

Histoire du Consulat et de l'Empire

Titel: Histoire du Consulat et de l'Empire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jacques-Olivier Boudon
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il appartenait déjà à l'entourage de Talleyrand, avant de devenir l'un des meilleurs spécialistes des finances de son temps. Le duc de Dalberg n'était pas entré dans les ordres, bien que sa famille l'y destinât, mais il doit sa carrière à l'influence de son oncle, Carl-Theodor von Dalberg, prince-archevêque de Mayence depuis 1802. Le duc de Dalberg, après avoir accompli plusieurs missions diplomatiques pour Napoléon, était entré au Conseil d'État en 1810. Telles sont les principales figures de l'entourage de Talleyrand, en ce début de 1814 où se prépare le changement de régime.
    « Ainsi que je l'ai dit, il ne se tramait à Paris aucune conspiration contre l'empereur » 7, précise Talleyrand dans ses Mémoires, avant de raconter comment il avait suscité l'envoi auprès des états-majors alliés du baron de Vitrolles. Talleyrand ne le connaît pas alors, mais suit les conseils de Mollien, ministre du Trésor, et d'Hauterive, qui avait conservé le poste de directeur au ministère des Relations extérieures où Talleyrand l'avait nommé quelques années plus tôt. Le baron de Vitrolles, monarchiste, revenu en France après le 18-Brumaire, fait partie de ces nobles qui ont accepté de servir le régime, dans des fonctions d'administration locale - il est maire de Vitrolles et conseiller général des Basses-Alpes - sans véritablement se 408
     

    LA CHUTE FINALE
    rallier à l'Empire. Vitrolles est chargé de faire savoir aux alliés qu'une relève est prête à Paris. Talleyrand ne se contente pas de ce seul contact. Il prépare le renversement de Napoléon en sondant diverses personnalités du régime. Il adresse ainsi un messager au comte Beugnot, que Napoléon a chargé quelque temps plus tôt de reprendre en main l'administration du département du Nord.
    Beugnot voit arriver, au cours du mois de février, un des principaux conseillers de Talleyrand, Laborie, qui lui fait un « tableau pitoyable et vrai de l'état où se trouvait l'Empereur », avant d'évoquer avec lui la formation d'un éventuel conseil de régence : « Laborie me demande mon avis sur la composition de ce conseil, et quel parti je me propose de prendre, si on vient à l'établir 8. » Talleyrand prépare la relève, en cherchant notamment à s'appuyer sur des membres du Conseil d'État. Beugnot en est membre, comme Dalberg ou le baron Louis. C'est bien en ce conseil que se trouve alors l'élite politique du pays.
    Tandis que Talleyrand constitue un réseau aux ramifications nombreuses, les partisans de Napoléon apparaissent débordés. Savary, fidèle entre les fidèles, a perdu foi en sa police. Il laisse s'évader les frères Polignac et se refuse à toute intervention contre Talleyrand, malgré les demandes réitérées de Napoléon. Ses services semblent ignorer ce qui se trame rue Saint-Florentin, ou plutôt ferment les yeux. Savary lui-même a été approché par Talleyrand qui a fléchi ses volontés. Le duc de Rovigo est dans une situation ambiguë. Il sait qu'un retour pur et simple des royalistes au pouvoir lui apporterait des désagréments, à cause du rôle joué dans l'affaire du duc d'Enghien. En même temps, il se refuse à abandonner ses préventions antijacobines, comme y invite Napoléon en appelant à chausser les bottes de 1793. Les mêmes hésitations se retrouvent chez l'archichancelier. Cambacérès a conservé d'importantes prérogatives dans l'appareil d'État, mais il ne sait comment en user. Les lettres qu'il continue d'adresser avec régularité à l'Empereur révèlent l'inquiétude grandissante qu'il nourrit à l'annonce de l'avancée des troupes étrangères, dans l'Est mais aussi le Sud-Ouest. Il continue toutefois à rendre compte de l'activité des divers corps politiques : « Les travaux du Conseil d'État continuent comme dans le temps le plus paisible », note-t-il le 8 mars 1814 9• Le lendemain, il relate la tenue d'un Conseil des ministres, puis des conseils d'administration des divers ministères. Mais l'état de l'opinion publique se détériore. Sur ce point, Cambacérès se montre plus alarmiste que Savary : « Le mal est grand, et s'accroît chaque jour. Nous sommes au milieu de la misère, entourés de gens usés ou irrités. Ailleurs, c'est encore pire ; les rapports officiels et la correspondance particulière sont d'accord et établissent qu'on ne peut plus se défendre, que l'abattement est général, que les signes de mécontentement se manifestent sur divers points et que

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