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Histoire du Consulat et de l'Empire

Histoire du Consulat et de l'Empire

Titel: Histoire du Consulat et de l'Empire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jacques-Olivier Boudon
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mars, le tsar Alexandre, le roi de Prusse, Frédéric
    Guillaume, le prince de Schwarzenberg, le prince de Liechtenstein, le comte de Nesselrode et le général Pozzo di Borgo. Talleyrand est pour sa part accompagné du duc de Dalberg, bientôt rejoint par Pradt et le baron Louis. Au cours de cette réunion, la Proclamation préparée le matin est approuvée, après que le tsar a ajouté une phrase concernant la grandeur de la France. Cette déclaration mérite d'être citée intégralement, car elle conditionne la suite des événements :
    « Les armées des puissances alliées ont occupé la capitale de la France. Les souverains alliés accueillent le vœu de la nation française ; ils déclarent :
    « Que si les conditions de la paix devaient renfermer de plus fo rtes garanties lorsqu 'il s 'agissait d'enchaîner l'ambition de Bonaparte, elles doivent être plus favorisées, lorsque, par un retour vers un gouvernement sage, la France elle-même offrira l'assurance du repos. Les souverains proclament en conséquence :
    « Qu 'ils ne traiteront plus avec Napoléon Bonaparte, ni avec aucun membre de sa famille ;
    « Qu 'ils respecteront l'intégrité de l'ancienne France, telle qu 'elle a existé sous ses rois légitimes ; ils peuvent même faire plus, parce qu 'ils professeront toujours le principe que, pour le bonheur de l'Europe, il faut que la France soit grande et forte.
    « Ils reconnaîtront et garantiront la constitution que la nation fran
    çaise se donnera. Ils invitent par conséquent le Sénat à désigner sur-le-champ un gouvernement provisoire qui puisse pourvoir aux besoins de l'administration et à préparer la constitution qui conviendra au peuple français.
    « Les intentions que je viens d'exprimer me sont communes avec toutes les Puissances alliées. »

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    L'ÉCHEC DU SURSAUT DYNASTIQUE (1810-1815)
    Ainsi, le principe de la destitution de Napoléon est adopté. Il devait permettre d'adoucir le sort de la France. La restauration des souverains légitimes fait également son chemin, même si le nom des Bourbons n'apparaît pas encore dans ce texte. Toutefois, le principe de la souveraineté nationale est conservé, puisque la future Constitution devra convenir au peuple français. Talleyrand a réussi à convaincre le tsar Alexandre du bien-fondé du choix des Bourbons, en mettant en avant le principe de légitimité dont Mme de Staël lui attribuait la paternité. Au soir du 31 mars, alors que les troupes coalisées défilent dans Paris, le peuple apprend par la Proclamation affichée sur les murs le prochain changement de régime. La rue reste calme. Aucun incident ne se produit. Quelques manifestations en faveur du roi se déroulent, mais la transition s'opère sans heurt.
    A l'Opéra, on donne Le Triomphe de Trajan, un des succès du théâtre lyrique du temps. Les souverains présents à Paris y assistent.
    La vie suit son cours.
    Le second acte de la destitution de l'Empereur se prépare dans la nuit. Les sénateurs présents dans la capitale sont convoqués pour le lendemain. Talleyrand a en effet promis au tsar d'obtenir du Sénat un acte formel qui avalise le changement de régime. Talleyrand, en sa qualité de vice-grand électeur, préside la séance du Sénat qui débute à 15 heures, au lieu de réunion habituel, à savoir le palais du Luxembourg. Soixante-quatre sénateurs sont présents sur cent quarante et un que compte alors cette assemblée. Mais quatrevingt-dix d'entre eux se trouvaient alors à Paris, plusieurs vivant cachés. Déjà, dans les jours précédents, une vingtaine de sénateurs s'étaient réunis, autour de Lambrechts et Lanjuinais, pour envisager l'issue de la crise politique qui secouait alors le pays. Libéraux pour la plupart d'entre eux, ils s'étaient souvent comptés dans l'opposition à l'Empire. Talleyrand ne leur laisse pas le temps de prendre les devants. Le 1er avril, il fait voter sans attendre la désignation d'un gouvernement provisoire, composé de cinq membres, après avoir accepté que soit rédigée une constitution respectueuse du droit des assemblées. Talleyrand prend naturellement la tête du gouvernement provisoire. Quatre autres membres le composent : le duc de Dalberg, le comte de Jaucourt, l'abbé de Montesquiou et le comte de Beurnonville. Les deux premiers appartenaient, on l'a vu, à l'entourage de Talleyrand. L'abbé de Montesquiou, royaliste convaincu, s'était également rapproché de lui au début de 1814.
    Enfin, le comte de

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