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Histoire du Consulat et de l'Empire

Histoire du Consulat et de l'Empire

Titel: Histoire du Consulat et de l'Empire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jacques-Olivier Boudon
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nous touchons au moment des plus sinistres événements, si la main de V. M. ne vient promptement 409
     

    L'ÉCHEC DU SURSAUT DYNASTIQUE (1810-1815)
    à notre secours 10. » Et Cambacérès fait état de la recrudescence des suicides pour attester ses dires, révélant une anxiété peu propice à l'action et qui explique en partie l'inertie dont put bénéficier Talleyrand. La France a peur en mars 1814. Les dirigeants ont perdu confiance en leur chef. Cambacérès s'en fait l'écho quand, évoquant la mauvaise santé de l'Impératrice, il note : « Cet état de malaise peut tenir autant aux causes morales qu'à la mauvaise saison Il. » La perte de confiance du pays est pour beaucoup dans l'échec final.
    Pourtant, Cambacérès refuse de sombrer dans le défaitisme. Il se récrie qu'« il n'a jamais été question de faire des adresses à
    [Napoléon] pour lui demander la paix ». Tous les regards sont néanmoins tournés vers cette issue. Nulle autre ne paraît alors envisageable.
    La menace sur Paris est telle qu'un conseil de régence est spécialement réuni le 28 mars pour décider du sort de la régente et de son fils, le roi de Rome. Tous les dignitaires de l'Empire sont présents, autour de Marie-Louise et de Joseph Bonaparte : l'archichancelier Cambacérès, l'architrésorier Lebrun, le vice-électeur Talleyrand, les ministres et les présidents des assemblées, Lacépède président du Sénat, Boulay de la Meurthe président du Conseil d'État et Régnier président du Corps législatif. En revanche, Fouché n'est pas présent ; il n'aurait aucun titre à l'être, mais il n'est de manière
    pas à Paris à cette date. Lors du conseil, une large majorité paraît se dégager en faveur du maintien à Paris, mais le ministre de la Guerre, Clarke, défend l'idée d'un repli sur la Loire où serait organisée la défense du pays. Il est rejoint par Joseph qui exhibe une lettre de Napoléon, datée du 16 mars, dans laquelle l'Empereur semble suggérer cette issue. Talleyrand est naturellement favorable à une telle solution qui sert ses intérêts, mais il se garde de dévoiler ses plans, de crainte d'être découvert. L'enjeu est important. Paris, capitale politique de l'Empire, ne peut être abandonnée sans risquer de voir la ville tomber aux mains des puissances alliées. Or, la perte de Paris signifierait la fin d'un régime qui a fondé sa puissance sur la centralisation parisienne et qui s'identifie à sa capitale.
    Le lendemain de ce conseil, la régente et son fils quittent Paris pour Rambouillet. Ils sont suivis notamment de Cambacérès.
    Joseph lui-même abandonne la défense de Paris aux maréchaux Marmont et Mortier. L'ensemble des dirigeants politiques quittent la capitale pour s'installer à Blois où la Cour s'étoffe ; il devient difficile de s'y loger. Seul Talleyrand parvient à rester à Paris. Les défenses de la ville sont faibles. Quarante mille hommes seulement, placés ,sous le commandement de Marmont et Mortier, protègent Paris. A des soldats aguerris se sont joints des éléments de la garde nationale, nécessairement moins bien formés. Face à eux, les alliés alignent plus de cent mille hommes. Le combat est inégal, d'autant que les autorités refusent d'armer le peuple qui, notamment dans l'Est parisien, serait prêt à lutter contre les armées étrangères, 410
     

    LA CHUTE FINALE
    pourvu qu'on lui fournisse des fusils. Mais la crainte du danger révolutionnaire est la plus forte. Au matin du 30 mars, les armées étrangères sont aux portes de la capitale. Les Prussiens attaquent par le nord-ouest, les Autrichiens à l'est. Les Français résistent, tandis que Napoléon fait route vers Paris pour tenter de retourner la situation en sa faveur. Sans attendre, le maréchal Marmont négocie avec les alliés et finalement signe la capitulation de l'armée de Paris, le 31 mars à 2 heures du matin. Les troupes étrangères font leur entrée dans la capitale à la fin de la matinée.
    Talleyrand, qui a joué un rôle important dans la décision de Marmont de capituler, sort au grand jour. Le matin du 31 mars, il reçoit en son hôtel le comte de Nesselrode, dépêché par le tsar. Avec lui, il prépare une Proclamation au peuple de Paris, rédigée avec l'aide de ses conseillers, l'abbé de Pradt, le baron Louis et le duc de Dalberg. Il n'est pas encore question du retour des Bourbons. Ce texte est discuté lors de la conférence que tiennent chez Talleyrand, au soir du 31

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