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Histoire du Consulat et de l'Empire

Histoire du Consulat et de l'Empire

Titel: Histoire du Consulat et de l'Empire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jacques-Olivier Boudon
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Beurnonville apparaissait comme une caution donnée au Sénat. Ce fils de roturier, entré dans l'armée sous l'Ancien Régime, avait fait toutes les campagnes de la Révolution, avant de se rallier à Bonaparte au moment du 18-Brumaire. Ambassadeur en Espagne, puis en Russie, il était entré au Sénat en 1805 et avait accumulé tous les honneurs sur sa tête. Ainsi, le Sénat s'appuyait sur ses pouvoirs constituants pour défaire l'Empire.
    Comme au 18-Brumaire, le soin mis à respecter au mieux les formes 412
     

    LA CHUlE FINALE
    de la légalité peut surPlendre. Le parallèle ne s'arrête pas là.
    C'est en effet un coup d'Etat parlementaire qui met fin au règne de Napoléon, comme en 1799 un autre coup d'État parlementaire l'avait conduit au pouvoir. Et, pour mieux effacer les quatorze ans du Consulat et de l'Empire, le Sénat établit une pentarchie qui ne peut qu'évoquer le Directoire de cinq membres abattu par Bonaparte en novembre 1799.
    La désignation du gouvernement provisoire le 1er avril 1814
    annonce la fin de l'Empire. Mais Talleyrand voulait empêcher tout retour de Napoléon sur le devant de la scène. Les sénateurs furent donc à nouveau réunis le 2 avril, sous la présidence de Barthélemy, un ancien membre du Directoire. Ils approuvèrent le principe de la déchéance, proposé par Lambrechts. Seuls quelques sénateurs refusèrent de s'associer à ce vote et quittèrent la salle des séances. Le lendemain, l'acte de déchéance est rédigé, puis adopté par soixanteneuf sénateurs présents en séance. Dans les motifs avancés pour expliquer leur geste, les sénateurs mettent en avant les manquements de Napoléon envers les libertés, sa propension à augmenter les impôts sans contrôle, ou encore ses ambitions guerrières. Il lui était ainsi reproché de ne pas avoir su faire vivre une véritable monarchie constitutionnelle. Parmi les soixanteneuf sénateurs responsables de la déchéance de Napoléon, on retrouve ses deux compères du 18-Brumaire, écartés du pouvoir au début du Consulat, à savoir Roger Ducos et Sieyès, on remarque également quelques figures du libéralisme, comme Lanjuinais, Lambrechts ou Grégoire, et d'anciens Idéologues, tels Destutt de Tracy ou Garat.
    Le vote du Sénat est ensuite confirmé par les députés au Corps législatif présents à Paris. Soixantedix-huit d'entre eux se réunissent le 3 avril, ils sont quatrevingt-huit le 4, pour approuver les décisions du Sénat. Ce geste peut surprendre. Il est en effet illégal dans la mesure où le Corps législatif n'avait pas été convoqué dans les formes prescrites. De plus, à aucun moment sous l'Empire le Corps législatif n'avait eu à avaliser les votes du Sénat. La décision de réunir les législateurs présents à Paris a surtout une valeur symbolique. Elle manifeste l'orientation de la France vers un régime de type constitutionnel, fondé sur le bicamérisme. Elle confirme aussi l'attachement du gouvernement provisoire au principe de la souveraineté nationale, les députés étant censés représenter le peuple français. Elle est enfin un hommage rendu à cette assemblée qui avait été ajournée, en janvier 1814, après avoir émis le premier vote de protestation de son histoire. Après une longue éclipse, la France renoue donc avec la tradition parlementaire inaugurée en 1789 et dont nombre des participants des journées d'avril 1814 avaient gardé le souvenir.
    Que pouvait entreprendre Napoléon face à une telle fronde ?
    Replié à Fontainebleau, il est impuissant à faire entendre sa voix.
    Caulaincourt, qui tente de convaincre Talleyrand de défendre les 413
     

    L'ÉCHEC DU SURSAUT DYNASTIQUE (1810-1815)
    intérêts de l'Empereur, est éconduit le 1er avril. Napoléon est également séparé du gros du gouvernement replié à Blois. Il perd enfin le soutien de ses maréchaux. Le 4 avril, en effet, les maréchaux Ney, Lefebvre, Berthier, Oudinot, Moncey et Macdonald font savoir à l'Empereur leur intention de ne plus combattre à ses côtés et lui demandent d'abdiquer. Napoléon s'y résout, non sans amertume. Le jour même, il signe une abdication conditionnelle, avec l'espoir que son fils pourra lui succéder. Les alliés refusent cette solution. Napoléon est donc contraint de signer, le 6 avril 1814, une abdication sans condition. La voie est libre pour le retour des Bourbons.
    Au moment où Napoléon abdique, le Sénat réuni au palais du Luxembourg approuve le texte d'une

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