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Histoire du Consulat et de l'Empire

Histoire du Consulat et de l'Empire

Titel: Histoire du Consulat et de l'Empire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jacques-Olivier Boudon
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la paix civile. Le monde rural surtout qui forme encore l'essentiel de la population sait gré au régime de rester assez lointain. Tant que la guerre reste éloignée, que la pression fiscale et militaire demeure modérée, les campagnes n'ont aucun motif de se soulever. Les droits obtenus en 1789 ont été respectés, les biens acquis ont été garantis, le commerce intérieur n'est plus entravé, la liberté de mouvement elle-même, si elle est contrôlée, reste grande. Malgré le renforcement des structures de l'État, les communautés rurales, reposant sur une exploitation paysanne stabilisée, conservent une très large autonomie ; elles ont même obtenu un droit de vote qu'il leur importe davantage d'exercer quand leurs intérêts propres sont en jeu que 440

CONCLUSION
    pour désigner de lointains représentants. Du reste, le succès des quatre référendums organisés par le pouvoir est modeste. Ces médiocres résultats sont dus davantage à l'indifférence des Français qu'à une réelle opposition à Napoléon. En même temps, en poursuivant, sous d'autres formes, la tradition électorale établie pendant la Révolution, le régime napoléonien acclimate le principe du vote auprès des Français qui acceptent le jeu électoral. De même, malgré les contrôles policiers, la pratique associative perdure, tant chez les ouvriers qu'au sein de la bourgeoisie. Il en est des activités politiques comme des échanges économiques. Pas plus qu'il n'a réussi à empêcher toute entrée de produits anglais sur le sol de l'Empire, Napoléon n'est parvenu à empêcher toute activité politique. De même, dans les assemblées, le contrôle effectué sur les hommes n'a pas fait disparaître toute culture du débat d'idées. Ces parlementaires, formés à l'époque de la Révolution, ont conservé en 1814-1815 la mémoire des joutes révolutionnaires ; ils la transmettent ensuite aux assemblées de la Restauration. Dès lors, le Consulat et l'Empire s'inscrivent aussi dans la lente élaboration d'un régime parlementaire en France. Napoléon est certes hostile aux assemblées, pourtant il les conserve, parce qu'elles demeurent la meilleure manifestation de l'adhésion des notables à son régime. Malgré ses dénégations sur leur caractère représentatif, il n'a pu se passer de ce soutien parlementaire sur lequel repose le pouvoir depuis 1789. En cela aussi, il hérite de la Révolution.
    Cette quête de légitimité est constante tout au long de ce régime.
    Elle explique les changements successifs de constitution ; trois textes sont élaborés en quatre ans seulement pour permettre le passage du Consulat au consulat à vie, puis à l'Empire. Ces constitutions, sanctionnées par le corps électoral, manifestent le souci permanent de Napoléon Bonaparte d'obtenir la reconnaissance populaire, en même temps qu'un pouvoir accru. En 1810, c'est le second mariage de l'Empereur qui joue ce rôle. La mise en scène de cette union, puis du baptême du roi de Rome, venant après le sacre de 1804, confirment la détermination de Napoléon d'enraciner en France le régime qu'il a fondé. Les craintes perceptibles lors de l'affaire Malet en 1812 montrent cependant la faiblesse de cet échafaudage. La monarchie créée par Napoléon est en effet ambiguë.
    Elle offre les apparences de la tradition en réemployant un cérémonial hérité de l'Ancien Régime, en multipliant les références aux antiques dynasties, en recréant une vie de cour et même une noblesse. Elle prend aussi les allures d'une monarchie chrétienne en s'appuyant fortement sur l'Église catholique, que ce soit lors du sacre ou du baptême du roi de Rome. Dans le même temps, cette monarchie ne remet pas en cause les principes révolutionnaires. La noblesse d'Empire, théoriquement ouverte à tous et ne dispensant pas de privilège, ne revient pas sur le principe de l'égalité civile. De même, le soutien demandé à l'Église catholique ne récuse pas le 441
     

CONCLUSION
    principe de neutralité de l'État émis dès l'élaboration du Concordat lorsque étaient reconnues d'autres religions que le catholicisme.
    Napoléon échoue cependant à fonder ce qui aurait pu être une monarchie moderne, car, sauf, à l'époque des Cent-Jours, il renonce à laisser s'exprimer les assemblées. L'enracinement dans la monarchie s'est en effet accompagné d'une lente extinction du débat parlementaire. Le renforcement de la monarchie est aussi contemporain de la

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