Histoire Romaine
possessions romaines de la rive
droite, les sept bourgs ( septem pagi ) et les salines importantes placées
à l’embouchure du Tibre ; comment le roi Ancus a fortifié la tête de pont,
le mont de Janus (ou Janicule) sur la rive droite et a construit sur la rive
gauche, le Pirée romain, le port et la cité commandant les bouches du fleuve ( Ostia ).
Les campagnes longeant la rive étrusque ont tout d’abord, on le voit, appartenu
à Rome : ce que rien n’a démontré mieux que l’existence d’un sanctuaire
consacré dans un temps reculé à la bonne déesse ( Dea Dia [39] ), et placé à la
hauteur de la quatrième borne milliaire sur la route plus tard construite pour
aller au port ( via portuese ). Là se célébraient les grandes fêtes de l’Agriculture,
et les processions des frères Arvales. Là vivait, de temps immémorial, la gens
Romilia ; la plus illustre entre toutes les familles romaines. Le Janicule
fit donc originairement partie de la ville, et Ostie fut sa colonie, son
faubourg, allais-je dire. Qu’on ne croie pas que le hasard a été pour quelque
chose dans toutes ces créations. Le Tibre était pour le Latium, la route
naturelle du commerce : son embouchure, sur une côte sans découpures, y
offrait au navigateur un unique et nécessaire ancrage. Le Tibre aussi constitua,
de tout temps pour les Latins, une utile défense contre l’invasion des peuples
établis au Nord. Il y fallait bien un entrepôt pour la traite fluviale et
maritime, et une citadelle pour assurer aux Latins la possession de leur
frontière du côté de la mer. Or, quel lieu était plus propre à cette
destination que l’emplacement de Rome, réunissant à la fois les avantages d’une
forte position et du voisinage du fleuve ; de Rome, qui commandait les
deux rives jusqu’à l’embouchure : qui offrait une escale facile aux
bateliers descendus par le Tibre supérieur ou l’Anio, et un refuge, plus sûr
que les autres refuges de la côte, aux petits navires d’alors fuyant devant les
pirates de la haute mer ? Rome doit donc sa précoce, importance, sinon sa
fondation même, à des circonstances toutes commerciales et stratégiques.
Citons-en d’autres preuves, bien plus concluantes que les
contes faits à plaisir et jadis acceptés par l’histoire. Notons d’abord las
anciennes et étroites relations, avec Cœré, qui jouait, en Étrurie, le rôle de
Rome dans le Latium ; relations créées par la voisinage et l’amitié
commerciale. Notons l’attention singulière prêtée au pont du Tibre, à sa
construction et à son entretien ; regardés comme l’un des objets intéressant
la république [40] :
notons la galère placée dans les armes de la ville ; les droits de douanes
prélevés dès cette époque sur toutes les importations ou exportations d’Ostie
destinées à la vente ( promercale ) ; celles réservées à la
consommation personnelle du maître de la cargaison, en demeurant affranchies ( usuarium ).
De même encore, l’argent monnayé a été de bonne heure en usage à Rome, et des
traités de commerce avec les places trans-maritimes y ont déjà été conclus. Tout
cela fait comprendre, ce que d’ailleurs la légende confirme, comment Rome n’a
pas été fondée et bâtie d’un seul coup ; comment elle s’est faite peu à
peu ; comment enfin, parmi les villes latines, elle fut la plus récente, peut-être,
au lieu d’être la plus vieille. Avant l’établissement du grand marché ( emporium )
sur les bords du Tibre, les terres antérieures ont été occupées et peuplées ;
le mont Albain et les autres collines de la campagne s’étaient couronnées de
leurs citadelles. Que Rome ait été créée en vertu d’une décision prise par les
Latins confédérés : qu’elle doive plutôt sa naissance au coup d’oeil et à
l’entreprise d’un fondateur oublié depuis ; ou qu’elle soit le produit
naturel de ce mouvement commercial, attesté par de sûrs indices, peu importe
après tout : nous ne tenterons pas, à cet égard une conjecture peut-être
impossible.
À ces considérations sur l’heureuse situation commerciale de
Rome, d’autres observations viennent utilement s’ajouter. Quand l’histoire
éclaire ces temps de ses premières lueurs, la ville apparaît déjà dans son
unité exclusive, avec son enceinte fermée, au milieu de la confédération latine.
Tandis que les Latins persistant à habiter des villages ouverts, et ne se
rassemblent dans la citadelle
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