Histoire Romaine
légitimes il pouvait acquérir des terres dans
toute l’étendue du Latium, et y vaquer librement à ses affaires. Si les cités
avaient quelques différends entre elles, le pouvoir fédéral les tranchait sans
doute par sa sentence, ou par voie d’arbitrage. Mais ses attributions
allaient-elles jusqu’à restreindre au détriment des cités, leur souveraineté
individuelle, leur droit de paix et de guerre ? c’est ce que rien ne
démontre. On n’en peut douter d’ailleurs ; par le fait de la confédération,
une guerre locale pouvait devenir fédérale, qu’elle fût offensive ou défensive ;
et en pareil cas, les troupes unies obéissaient à un général commun. Mais on n’en
peut pas conclure que toutes les cités fussent dans tous les cas et de par la
loi, astreintes à fournir leur contingent ou qu’à l’inverse, il ne leur fut
jamais permis de mener pour leur propre compte, une guerre particulière, fut-ce
même contre un membre de la fédération. Du moins, pendant les fêtes latines, à
en croire certains indices comme en Grèce durant les fêtes fédérales, il
régnait dans tout la Latium, une sorte de trêve de Dieu [31] : les
belligérants alors, devaient se donner mutuellement des saufs conduits. Quant
aux droits appartenant à la cité ayant la préséance, il est impossible d’en
déterminer la nature et l’étendue : je ne connais nulle raison qui
autorisa à considérer les Albains comme ayant exercé une hégémonie véritable
sur le Latium ; et très probablement leurs privilèges ressemblaient à la présidence
honoraire accordée par les Grecs à l’Édile [32] .
Dans ses commencements la confédération n’eut point à vrai dire un droit stable
et coordonné : tout y fut variable ou indéterminé : mais comme elle
ne fut jamais une agrégation, due au hasard de peuplades plus ou moins
étrangères, elle devint promptement et nécessairement la représentation dans l’ordre
politique et légal de la nationalité latine. Elle a pu ne pas enfermer toujours
dans son alliance la totalité des cités du Latium ; mais elle n’a non plus
jamais, admis des non-Latins dans son sein. Elle a eu ses pareilles en Grèce, non
point tant dans l’Amphictionie delphienne, que dans les ligues béotienne et
étolienne.
Nous nous en tenons à cas quelques linéaments : ne pas
se contenter d’une simple esquisse, et vouloir le tableau complet, c’est s’exposer
à l’erreur. Nous ne décrirons pas la mouvement et le jeu de ces éléments
anciens de l’unité latine : nul témoin n’est venu dire comment les cités
se sont tour à tour rapprochées ou évitées. Mais un fait important demeure :
c’est que, sans abandonner à jamais, au profit du centré commun, leur autonomie
séparée, elles ont cependant éprouvé et activé en elles le sentiment d’une
commune et réciproque dépendance, et préparé la transition nécessaire du
particularisme cantonal, par ou commence l’histoire de tous les peuples, à
celui de l’unité nationale, par où ils achèvent, ou doivent achever la
révolution de leur progrès.
Chapitre IV – Les
Commencements de Rome.
À quelques trois milles allemands (six lieues) en amont de l’embouchure
du Tibre, s’élèvent, près de ses rives, un certain nombre de collines, plus
hautes sur la rivé droite, plus humbles sur la rive gauche : à ces
dernières, depuis deux mille cinq cents ans, s’est attaché le grand nom de Rome.
D’où est venu ce nom ? quand est-il apparu ? L’histoire l’ignore :
selon les premières notions qui nous parviennent, les habitants de la cité
fondée en ce lieu, ne s’appellent point les Romains mais les Ramniens ( Ramnes ),
suivant la règle grammaticale de l’élision des voyelles, familière aux langues
primitives, et que les Latins ont d’ailleurs promptement abandonnée [33] . L’orthographe du
mot Ramnes est par elle-même un sur témoin de son antiquité immémoriale. D’où
est-il dérivé ? quel sens a-t-il ? Rien ne nous l’indique d’une façon
sûre : peut-être, par Ramnes, faut-il entendre les hommes de la forêt ou
des bois.
Les Ramniens n’occupaient point seuls les collines Tibérines.
La division administrative de l’ancienne Rome la montra sortie de la fusion de
trois tribus, peut-être indépendantes à l’origine, celle des Ramniens, celle des
Titiens et celle des Lucères. Il s’est passé là un phénomène de synœcisme
pareil à celui qui a donné naissance à
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