Histoire Romaine
Athènes [34] .
Cette triple division de la cité romaine remonte si haut, qu’elle
est passée dans la langue politique. Les mots partager et partie, chez les
Romains, expriment à proprement dire le partage par tiers ( tribuere , tribus )
seulement et à la longue, comme pour le mot quartier, chez les modernes, le
sens primitif spécial s’est perdu dans une acception toute générale, et qui ne
tient plus compte du nombre [35] .
L’union accomplie, chacune des trois tribus primitives, posséda son tiers du
territoire commun, et fut également représentée, soit à l’armée, soit dans le
conseil des anciens. L’on retrouve aussi la trace du partage tripartite dans
tout le système du culte. Les membres des anciens collèges sacerdotaux, les
Vierges sacrées, les Saliens, les frères Arvales, les Lupercales, les Augures, sont
toujours au nombre divisible par trois. Combien d’erreurs, d’absurdités, ont
été d’ailleurs entassées dans les livres à l’occasion du triple élément de la
cité romaine ? Il est le point de départ de la critique inintelligente qui
a voulu faire sortir la nation romaine d’un mélange d’hommes accourus de divers
cotés, ou qui, ailleurs, s’efforce de représenter les trois grandes races
italiques comme ayant fourni chacune son contingent à la Rome primitive. Le
peuple romain à un tel compte, ce peuple qui fut exclusif entre tous, qui a
façonné à lui seul sa langue, sa constitution et sa religion ne serait plus qu’un
informe ramassis de débris étrusques, sabins, helléniques ou même pélasgiques !
Laissons de coté toutes ces hypothèses fondées sur le vide ou contraires au bon
sens, et disons en peu de mots tout ce que l’on peut savoir de l’origine des
peuplades qui ont constitué la cité romaine.
Les Romains étaient latins cela ne peut faire un doute ;
ils ont donné leur nom à la cité romaine nouvelle, ils ont essentiellement
contribué à fixer la nationalité formée de l’union de ses divers membres. Des
Lucères il est difficile de dire quelque chose. Rien d’ailleurs ne défend de
voir aussi en eux une peuplade latine. Quant à la seconde tribu, celle des
Titiens, les traditions sont unanimes à leur assigner la Sabinie pour lieu d’extraction.
L’une de ces traditions, source de toutes les autres peut-être, appartenait à
la confrérie appelée aussi Titienne [36] ,
laquelle aurait été fondée à l’occasion même de l’entrée des Titiens dans la
cité et en vue d’assurer la conservation des rites sabins qu’ils avaient
apportés avec eux. Il est donc présumable qu’à une époque reculée, alors que
les races latines et sabelliques n’étaient point encore aussi fortement
séparées par la langue et les moeurs, que le furent plus tard les Romains et
les Samnites, une tribu sabellique quelconque est entrée dans le sein d’une
communauté latine. En outre comme d’après les données de leur tradition la plus
ancienne et la plus vraisemblable, les Titiens ont maintenu leur existence
indépendante en face des Ramniens, il faut croire qu’ils ont obligé ceux-ci à subir
leur cohabitation ( synœcisme ). A ce point de vue nous en convenons, il y
a eu là mélange de deux nationalités ; mais mélange superficiel et dont, quelques
siècles plus tard l’établissement à Rome du Sabin Attus Clauzus (ou Appius
Claudius ), suivi de sa nombreuse clientèle, rappellera la forme et les
conditions. Ni l’accueil fait aux Titiens parmi les Ramniens, ni le droit de
cité donne aux Claudiens dans Rome, ne peuvent permettre de classer les Romains
parmi les peuples de sang mêlé. A l’exception de quelques détails introduits
dans le cérémonial religieux, vous ne trouvez nulle part chez eux les
manifestations de l’élément sabellique : rien enfin dans la langue latine
ne révèle l’atteinte sérieuse qu’elle en aurait dû recevoir dans une telle hypothèse [37] . Il serait
étonnant, répétons le, que l’introduction parmi les Latins d’une seule tribu
non latine ait suffit pour altérer d’une façon sensible le caractère national. Ajoutons
aussi, car il ne faut point oublier ce fait, qu’au temps où les Titiens sont venus
se fixer à coté des Ramniens, la nationalité latine avait le Latium tout entier,
et non point seulement la territoire romain, pour centre. La cité nouvelle et
tripartite de Rome, nonobstant l’immixtion de quelques éléments d’origine
sabellique, n’a donc point cessé d’être ce
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