Histoire Romaine
viennent encore vivifier l’histoire. Plus
tard, une cité s’est formée sur le Palatin ; elle devient florissante, et
s’enferme dans la septuple enceinte ; elle s’assure en même temps la
possession des bouches du Tibre. La Rome ancienne, et avec elle les Latins
eux-mêmes, déploient alors un certain mouvement dans l’organisation de leurs
libertés et de leur commerce. Les moeurs urbaines se développent à Rome ; les
peuplades séparées s’y réunissent en un centre plus compact, et s’allient entre,
elles ; et, enfin, l’unité définitive de la grande ville se fonde, le jour
où se construit le mur de Servius. A dater de ce moment, elle va prétendre à la
préséance et à l’hégémonie dans la Confédération latine ; elle luttera
pour la conquérir, et elle deviendra assez forte pour achever enfin sa conquête.
Chapitre V – Les
Institutions primitives de Rome.
Le père et la mère, les fils et les filles, le domaine
agricole et l’habitation de la famille, les serviteurs et le mobilier
domestique, tels sont partout, hormis là où la polygamie fait disparaître la
mère, les éléments naturels et essentiels de l’unité ménagère. La diversité qui
se remarque entre les peuples doués du génie de la civilisation tient, avant
toute chose, au développement de ces institutions ; les uns y apportant un
sens plus profond, des moeurs et des lois plus tranchées que ne le font les
autres. Nul peuple n’a égalé les Romains dans la rigueur inexorable de leurs
institutions du droit naturel.
La famille, composée de l’homme libre, que la mort de son
père a fait maître de ses droits ; de son épouse, que le prêtre lui a unie
dans la communauté du feu et de l’eau, par le rite sacré du gâteau au sel ( confarreatio ) ;
de ses fils ; des fils de ses fils avec leurs femmes légitimes ; de
ses filles non mariées, et des filles de ses fils, avec tout le bien que chacun
d’eux possède : telle est l’unité domestique, base de l’ordre social, à
Rome. Les enfants de la fille en sont exclus, bien entendu, dès qu’elle est
passée, par le mariage, dans la maison d’un autre homme ; ou quand, procréés
en dehors du légitime mariage, ils n’appartiennent à aucune famille. Une maison,
des enfants, voilà, pour le citoyen romain, le but et l’essence de la vie. La
mort n’est point un mal, puisqu’elle est nécessaire ; mais que la maison
ou la descendance périsse, voilà un vrai malheur. On l’empêchera à tout prix, dès
les premiers temps, en donnant à l’homme sans enfants le moyen d’en aller
solennellement chercher dans le sein d’une famille étrangère, et de les faire
siens en présence du peuple. La famille romaine, ainsi constituée, portait en
elle-même, grâce à cette subordination morale puissante de tous ses membres, les
germes d’une civilisation féconde dans l’avenir. Un homme seul peut en être le
chef : la femme, sans doute, petit aussi bien que lui acquérir et posséder
la terre et l’argent : la fille a dans l’héritage une part égale à celle
de son frère ; la mère hérite aussi sur le même pied que les enfants. Mais
cette femme ne cesse jamais d’appartenir à la maison : elle n’appartient
point à la cité ; et, dans sa maison, elle a toujours un maître, le père, quand
elle est la fille ; le mari, quand elle est l’épouse [46] ; son plus
proche agnat mâle, quand elle n’a plus son père et qu’elle n’est point mariée. Eux
seuls, et non le prince, ont droit de justice sur elle.
Mais, sous le toit conjugal, loin d’être asservie, elle est
maîtresse. Suivant l’usage romain, écraser le grain sous la meule, vaquer aux
travaux de la cuisine, constituent la tâche imposée à la domesticité ; ici,
la mère de famille exerce une haute surveillance ; puis elle tient le
fuseau, qui, pour elle, est comme la charrue dans les mains du mari [47] .
Les devoirs moraux des parents envers leurs enfants étaient
profondément gravés dans le coeur du Romain. C’était un crime à leurs yeux que
de négliger un fils, que de le gâter, que de dissiper le bien patrimonial à son
préjudice. D’un autre côté, le père dirige et conduit la famille ( pater
familias ) selon la loi de sa volonté suprême. En face de lui, tout ce qui
vit dans la maison est absolument sans aucun droit : le boeuf comme l’esclave,
la femme comme l’enfant. La vierge, devenue épouse par le libre choix de l’époux,
a cessé
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