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Hitler m'a dit

Hitler m'a dit

Titel: Hitler m'a dit Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hermann Rauschning
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délais. Mais on perd le souffle à constater combien tout concourt aux desseins de cet homme le mène de succès en succès. Des visiteurs vont et viennent. On leur donne des ordres. On leur adresse des convocations menaçantes. C’est un style nouveau des relations politiques d’où toute courtoisie est exclue. L’Allemagne, le monde entier, acceptent tout cela, comme s’il était naturel qu’un homme renverse tous les usages de la diplomatie, que le premier personnage du Reich reste assis sur sa montagne, au fin fond de l’Allemagne, et qu’il oblige ses chefs de services aussi bien que les diplomates étrangers à plier à ses fantaisies leurs convenances et leur travail.
    Là-haut un bizarre édifice s’érige, qui semble donner forme à des rêves de collégien ou des fantaisies de romans policiers. Dans ce site bavarois, on se souvient tout naturellement du roi Louis II de Bavière, de ce roi de légende, avec ses palais wagnériens, sa solitude et sa folie. Dissimulé dans une gorge rocheuse, masqué à tous les yeux, un ascenseur escalade plusieurs centaines de mètres. Il débouche dans une maison de cristal, invisible au milieu des rocs sauvages, face à la montagne sévère du Watzmann. C’est là que, planant au-dessus du monde, inaccessible, trône le Führer allemand. C’est son aire. C’est de là qu’il affronte l’Éternité, qu’il Jette un défi aux siècles.
    Ses rêves ambitieux prennent figure, l’un après l’autre. Mais d’autres songes le hantent : les souvenirs importuns du passé, les doutes torturants de l’avenir. Les crises nerveuses reviennent sans cesse, ébranlant Hitler jusqu’à la démence. L’inquiétude lui ravit tout sommeil. Il n’est plus seul maintenant, quand il ne veut Plus l’être. Il n’a qu’à presser sur un bouton, et les ai des de camp accourent. Les avions et les automobiles amènent tous les visages humains que le Führer désire voir. Souvent, la nuit, des jeunes gens sont tirés de leur lit, pour faire oublier à leur maître la peur, les soucis et la solitude qui le torturent. Sous les lustres, devant la haute cheminée de l’immense hall, ces hommes ignorants, obséquieux et indifférents, bavardent, ricanent, échangent des propos graveleux, tandis qu’Hitler marche sans trêve de long en large, comme le Jean-Gabriel Borkmann d’Ibsen.
    Mais il est sujet au vertige, cet architecte de sommets. Sait-il que tout un peuple suit d’un regard anxieux son ascension sur les barreaux de l’échelle, vers le faîte de la tour qu’il doit couronner de feuillage ? que ce peuple attend la minute où le grimpeur perdra pied et s’abîmera sur le sol ?
    Pour le moment, il est debout et poursuit ses desseins. Chacune de ses idées est réalisée au moment où elle naît. Seules, les inventions ne vont pas aussi vite qu’il le désire. Là, rien ne se fait au commandement, tout doit être gagné par le travail, point par point. Alors, Hitler s’est également mêlé aux inventeurs. Il invente comme le faisaient jadis les potentats, avec le cerveau d’autrui, et tout se passe presque comme à l’époque des faiseurs d’or, quand les seigneurs assoiffés de richesse enfermaient les alchimistes dans des tours solitaires jusqu’à ce qu’ils eussent trouvé la formule et que l’or fût dans le creuset. Aujourd’hui, il s’agit de mystérieuses inventions de guerre, de torpilles aériennes et de rayons mortels. Hitler s’est toujours intéressé à ces problèmes de la technique. Il savait montrer les avantages et les défauts de chaque moteur d’automobile, avec un croquis à l’appui, à ses Gauleiter étonnés. C’est pour lui un plaisir rare de donner à ses collaborateurs, des conseils de spécialiste. Comme les grands seigneurs d’autrefois aimaient à s’entretenir de leurs chevaux et des questions d’élevage, ces aristocrates du nazisme s’entretiennent, à longueur de journée, de leurs moteurs, de leurs automobiles et de leurs avions privés. Mais Hitler leur est supérieur. Il établit des projets, il perfectionne. Il dessine. N’a-t-il pas été dessinateur autrefois ! Il a gardé de son ancien métier une espèce de patte et de savoir-faire. Rien, disent ses courtisans, n’échappe à sa compétence. C’est un génie universel. Il distribue des idées à tout le monde : aux architectes et aux généraux, aux savants et aux poètes, aux hommes d’État et aux économistes. Tous attendent de lui l’inspiration

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