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Hitler m'a dit

Hitler m'a dit

Titel: Hitler m'a dit Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hermann Rauschning
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meilleures conditions. Mais l’emploi de cette arme reste limité. Elle est importante surtout en tant que moyen d’affaiblir l’adversaire avant les hostilités. Nos guerres à nous se mèneront, du reste, avant les opérations militaires, et j’imagine que nous aurons les moyens de juguler l’Angleterre, au cas où elle voudrait marcher contre nous. Ou encore, l’Amérique…
    — « Croyez-vous, mon Führer, que les États-Unis recommenceront à se mêler des affaires de l’Europe ? » demanda notre troisième compagnon qui, à l’époque, était le jeune Führer des S.A. de Dantzig.
    — « Dans tous les cas, nous saurons leur enlever jusqu’à l’idée d’essayer. Il existe des armes nouvelles particulièrement efficaces en pareille éventualité : l’Amérique est en permanence au bord de la révolution, et il ne me sera pas difficile d’y fomenter des émeutes et des troublés, de façon que MM. les Américains soient suffisamment occupés par leurs propres affaires. Ces gens-là n’ont rien à voir en Europe. »
    — « Vous venez de nous dire, reprit Forster, que l’on contaminerait l’ennemi dès avant les hostilités. Comment pensez-vous arriver à ce résultat, en temps de paix ? »
    — « Par des agents à nous, par d’inoffensifs voyageurs. C’est encore et toujours le moyen le plus sûr, le plus efficace qu’on ait trouvé jusqu’à présent. Du reste, n’oubliez pas que les effets de cette arme ne sont perceptibles qu’au bout de quelques semaines et qu’il faut parfois même plus longtemps avant qu’une épidémie se manifeste. Peut-être utiliserons-nous aussi les bacilles au point culminant de la guerre, quand nous sentirons faiblir la résistance de l’ennemi. »
    La conversation se poursuivit encore sur certains détails de la future guerre des gaz et des microbes. Nous nous trouvions chez Hitler, dans la véranda exiguë de la villa Wachenfeld, sur l’Obersalzberg. Le chien-loup d’Hitler, une bête magnifique, était couché aux pieds de son maître. Les pics des montagnes brillaient de l’autre côté de la vallée, couronnant une pente de riantes prairies. C’était par une féerique matinée d’août, baignée de la lumière un peu crue, annonciatrice de l’automne, qui se renouvelle constamment dans les montagnes bavaroises. Hitler fredonnait un air d’un opéra de Wagner. Il me parut distrait, versatile. Loquace au début, il sombra presque aussitôt dans un silence renfrogné. C’était, il faut le rappeler, l’époque où le national-socialisme approchait de sa crise la plus grave. Le parti se trouvait alors dans une situation presque désespérée, ce qui n’empêchait pas que dans chaque parole du Führer, on sentît l’accent de la conviction absolue d’arriver bientôt au pouvoir et de conduire le peuple allemand vers un destin nouveau. Nous parlions de la guerre, de son issue et du tour tragique qu’avaient pris en 1918 toutes les victoires allemandes.
    — « Nous ne capitulerons jamais, s’écria Hitler. Nous succomberons peut-être, mais nous entraînerons un monde dans notre chute… » Il fredonna quelques mesures caractéristiques du Crépuscule des Dieux. Notre jeune ami des S.A. rompit le silence en suggérant que c’était la supériorité du matériel ennemi qui avait été la cause de l’issue malheureuse de la guerre, ce à quoi Hitler répliqua : « La décision d’une guerre ne dépend pas du matériel, elle dépend toujours des hommes. »
    — « Pourtant, les découvertes nouvelles et la supériorité des armements décident du sort de peuples entiers et de classes sociales. Et n’est-ce pas cela que vous entendiez, mon Führer, quand vous disiez, il y a un instant, que la guerre future revêtirait un aspect totalement différent de celui de la dernière guerre. Les nouvelles armes, les inventions techniques modifieront totalement la conduite de la guerre. Elles bouleverseront toute la stratégie d’autrefois. Aujourd’hui, l’Allemagne a la supériorité des armes et des découvertes techniques. »
    — « Non, la stratégie ne varie pas, en tous cas pas du fait des découvertes techniques. C’est une erreur absolue. »
    Hitler s’anima. « Dites-moi quelles modifications ont eu lieu depuis la bataille de Cannes. L’invention des armes à feu, au moyen âge, qu’a-t-elle donc changé aux lois de la stratégie ? » Je reste sceptique en ce qui concerne la valeur des découvertes

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