Hitler m'a dit
ignoré assez longtemps les détails de cette horrible nuit, qu’il ignorait encore l’ampleur des exécutions…
Je me rappelais tous ces bruits tandis qu’Hitler marchait de long en large. Il s’arrêta : « Je me suis engagé dans une voie strictement légale et personne ne pourra m’en détourner », dit-il. « Toutes les objections qui m’ont été faites, toutes les difficultés qui se dressent encore devant nous, je les ai prévues avant tous ces pessimistes empressés qui m’assomment, et j’en ai tenu compte. Rien de ce qui est arrivé ne m’a surpris. Avec la même certitude inébranlable, j’atteindrai le but gigantesque de notre révolution. Je n’ai pas besoin des conseilleurs, ni des censeurs, de ces bons apôtres qui voudraient faire de leur indiscipline la loi de notre développement, de ces gens qui éprouvent un malin plaisir à compter sur leurs doigts toutes les raisons qu’ils trouvent de prévoir notre ruine et qui exagèrent les difficultés inévitables au début de toute grande entreprise. Comme si ces idiots ne feraient pas mieux de s’armer et de m’encourager pour notre dur combat, en fixant les yeux sur les chances positives et non sur les aspects négatifs de notre immense tâche. Est-ce que je ne sais pas mieux qu’eux que nous ne tenons pas encore le pouvoir ? Mais c’est ma volonté qui décide. J’écraserai quiconque n’obéira pas à mes ordres. Je n’attendrai pas que la rébellion soit publique et connue de tous. J’agirai dès le moindre soupçon d’insubordination. Je serai implacable à mes ennemis et rien ne m’arrêtera. »
Hitler pérora encore un instant sur ce thème de sa toute-puissance. Puis son humeur changea. Il s’apitoya sur lui-même. « Ces bandits entassent sous mes pas les obstacles, cinq minutes avant la mort du vieux maréchal, au moment même où tout dépend de savoir qui sera président du Reich, moi ou quelqu’un de la camarilla réactionnaire. Pour leur seule bêtise ces gens mériteraient d’être fusillés. Ne leur ai-je pas répété que seule l’union compacte et serrée de notre parti peut assurer le succès de notre assaut ? Le poteau d’exécution pour qui se permet de danser hors du rang ! N’ai-je pas adjuré dix fois, cent fois, ces gens de m’écouter. Et c’est maintenant à l’heure la plus dangereuse, que je me laisserais dire par les réactionnaires que je ne sais pas faire régner l’ordre, ni la discipline dans ma propre maison ? que mon parti est un foyer de révolte, pire que le communisme ? que la situation est plus grave qu’au temps de Brüning et de Papen ? Je me laisserais poser un ultimatum par ces lâches et ces misérables, moi, moi ? » Il hurlait à tue-tête.
— « Mais ils se trompent » reprit-il sur un ton plus calme. « Ils croient que je suis au bout de mon rouleau. Ils se trompent tous. Ils ne me connaissent pas. Parce que je viens d’en bas, parce que je suis sorti de la « lie du peuple » comme ils disent, parce que je manque d’éducation, parce que j’ai des manières et des méthodes qui choquent leurs cervelles d’oiseaux. Ah ! si j’étais des leurs, je serais un grand homme, dès aujourd’hui. Mais je n’ai pas besoin qu’ils viennent me certifier ma capacité et ma grandeur. L’insubordination de mes S.A. m’a déjà coûté de nombreux atouts. Mais j’en ai encore d’autres en main. Je saurais encore m’en tirer si les choses allaient mal.
» Le plan de ces beaux messieurs ne réussira pas. Ils ne pourront pas, pour la succession du Vieux, passer par-dessus ma tête. Qu’ils essaient de désigner un chef provisoire de l’État, de jeter dans mes jambes un de leurs hommes de paille ! Pour cela, il faut mon consentement et je ne le donnerai pas. Le peuple ne veut pas de la monarchie des Hohenzollern. Moi seul pourrais y décider les masses. Moi seul pourrais les persuader qu’une monarchie est nécessaire. Mais je ne le ferai pas, ils n’ont pas la moindre vision des réalités, ces arrivistes impuissants, ces âmes de bureaucrates et d’adjudants ! Avez-vous remarqué comme ils tremblent, comme ils s’humilient devant moi ? J’ai bousculé leurs combinaisons. Ils s’imaginaient que je n’oserais pas, que je serais lâche. Ils me voyaient déjà pris dans leurs filets. J’étais déjà, pensaient-ils, leur instrument. Et derrière mon dos, ils se moquaient de moi, ils pensaient que j’étais fini, que j’avais perdu même
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