Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Hitler m'a dit

Hitler m'a dit

Titel: Hitler m'a dit Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hermann Rauschning
Vom Netzwerk:
l’appui de mon parti. Mais j’avais percé depuis longtemps toutes ces machinations. Je leur ai donné une volée de bois vert dont ils se souviendront. Ce que j’ai perdu dans la purge des S A. je le regagne en me débarrassant des conspirateurs féodaux et des aventuriers professionnels, des Schleicher et consorts.
    » Si maintenant, j’en appelle au peuple, le peuple me suivra. Si j’en appelle au parti, le parti se dressera comme un seul homme. Ils n’ont pas réussi à me le couper en deux. J’ai supprimé les meneurs, même les meneurs éventuels qui guettaient dans l’ombre. Les réactionnaires ont voulu me séparer du parti pour s’emparer de moi comme d’un instrument docile. Et bien, me voilà debout devant eux, plus fort que jamais. Avancez donc, Messieurs Papen et Hugenberg, je suis prêt pour le round suivant. »
    C’est ainsi qu’Hitler s’encourageait lui-même. L’audience était terminée. Il me donna l’impression d’un homme qui venait de se faire une piqûre de morphine.

XXIX
 
LA DEUXIÈME RÉVOLUTION
    Les prévisions d’Hitler étaient justes. Le grand coup lui réussit. Il succéda à Hindenburg, quand le maréchal mourut à Neudeck, au mois d’août, trop tôt, ou trop tard. Peu de gens connaissent les dessous du serment prêté par la Reichswehr à Hitler. Je ne suis pas de ceux-là. J’ai vu le corps d’Hindenburg avant son transfert au monument commémoratif de la bataille de Tannenberg.
    Il reposait sur son lit de mort, à Neudeck, un lit de fer dans une petite pièce nue. Cette modeste maison de Neudeck, à peine modernisée, était le type de la gentilhommière prussienne de l’Est. Elle contrastait avec la lourdeur des nouvelles bâtisses et avec le luxe des nouveaux dirigeants. Elle me rappelait Kadinen, l’une des résidences préférées du Kaiser.
    Certaines traditions unissaient ma famille à la propriété de Neudeck ; en effet mon arrière grand-père était revenu, cent ans plus tôt, des guerres de l’indépendance, comme aide de camp de la brigade de Benckendorff et von Hindenburg. Encore au début de l’année, j’avais été reçu en audience, à Berlin, par le vieux maréchal. Sa mémoire avait déjà baissé, et, par moments, il ne reconnaissait plus ses visiteurs. Pourtant ce jour-là, je l’avais trouvé assez éveillé et dispos et il m’avait parlé longuement de Dantzig.
    L’été suivant, à Neudeck, bien que déjà touché au front par la mort, il avait encore des heures fraîches et enjouées. La visite d’un prince japonais l’avait diverti ; il s’était intéressé à la description de certaines coutumes nippones. À l’occasion, il savait rire et faire d’innocentes plaisanteries, chose dont son Chancelier Hitler eut bien été incapable. Il avait reçu le rapport d’Hitler sur l’exécution du 30 juin et avait trouvé que tout était réglé le mieux du monde. Il avait même réconforté Hitler en lui disant qu’il n’y avait point de naissance sans douleurs et que le nouveau Reich pouvait bien coûter un peu de sang.
    Cet optimisme sénile du vieux soldat n’a pas dure, semble-t-il, jusqu’au terme de sa vie. Couché déjà sur son lit de mort, il a dû faire dans les intervalles lucides de son agonie, des réflexions que nous ne connaissons pas. Ce qui est sûr en tout cas, c’est qu’Hindenburg est mort en laissant à ses successeurs l’ordre de restaurer la dynastie des Hohenzollern. Il ne pouvait se représenter l’avenir de l’Allemagne comme assuré que sous la vieille dynastie dont le pouvoir s’était graduellement enraciné au cours d’un long développement historique.
    Oscar von Hindenburg, son fils, me reçut comme je quittais la chambre mortuaire, après m’être incliné une dernière fois devant le vieux maréchal. Nous n’eûmes que le temps d’échanger quelques paroles banales. La propriété était déjà cernée par les S.S.
    J’assistai également à la cérémonie funèbre à Tannenberg. Il me fallut entendre le discours sacrilège à la fin duquel Hitler faisait entrer au Walhalla le vieux soldat chrétien, dont la piété était connue de tout le monde.
    Hitler était parvenu à ses fins. La deuxième révolution était ajournée ; il devenait le maître de l’Allemagne et chaque jour qui passait consolidait sa puissance. Peu de temps après les funérailles, Hitler parla de la deuxième révolution dans le cercle de ses intimes et fit ensuite circuler ses déclarations comme

Weitere Kostenlose Bücher