Hitler m'a dit
une consigne, parmi les chefs du parti. C’est ainsi que j’en eus connaissance, bien que je n’aie pas assisté à la réception donnée par Hitler à l’occasion de sa reconnaissance officielle, comme Führer du Reich allemand.
— « Mon socialisme est autre chose que le marxisme. Mon socialisme n’est pas la lutte des classes, mais l’ordre. Qui se représente le socialisme comme la révolte et la démagogie des foules n’est pas un national-socialiste. La révolution n’est pas un spectacle pour le divertissement des masses. La révolution, c’est un dur labeur. La masse ne voit que les étapes parcourues. Mais elle ne connaît pas, et elle n’a pas non plus à connaître quelle somme de travail secret il faut fournir, avant de pouvoir faire un nouveau bond en avant. La révolution n’est pas achevée, elle ne peut jamais être achevée. Nous sommes le mouvement, nous sommes la révolution perpétuelle. Nous ne nous laisserons jamais fixer et figer. Ce que j’ai fait récemment reste incompréhensible à beaucoup de personnes. Mais le succès m’a donné raison. En l’espace de six semaines, mes adversaires du parti, ceux qui voulaient faire mieux que moi, ont reçu l’éclatante démonstration que les événements du 30 juin étaient nécessaires et justifiés. Aux yeux du public, j’ai mis fin à la révolution. Mais nous la transportons à l’intérieur de nous-mêmes. Nous gardons notre haine bien au frais dans la glacière et nous pensons au jour où nous jetterons bas le masque pour apparaître enfin tels que nous sommes et que nous resterons toujours. Je ne puis encore vous dévoiler tous mes plans. Mais je vous demande d’emporter avec vous la conviction que le socialisme, tel que nous le comprenons, vise non pas au bonheur des individus, mais à la grandeur et à l’avenir de la nation toute entière. C’est un socialisme héroïque. C’est le lien d’une fraternité d’armes qui n’enrichit personne et met tout en commun.
« En attendant, j’assure l’ordre et je me mets au travail. Notre première tâche est de réarmer et de nous préparer à la guerre, qui est inévitable. Notre deuxième ache est de créer les conditions économiques et sociales les plus favorables au développement de notre force armée. Désormais, l’ordre allemand sera celui d’un camp retranché. Nous n’avons plus à penser qu’à nous-mêmes et à nos besoins vitaux. » Il réfléchit un instant et ajouta : « Pour le moment, les S.A. doivent passer par le purgatoire. Mais le jour viendra où je les récompenserai et les élèverai aux plus hauts honneurs. » Il conclut avec des sanglots dans la voix : « Même ceux qui sont morts l’autre jour ont donne leur vie pour la grandeur de notre mouvement. Ils avaient cru bien faire en se séparant de moi. Ils ont paye pour cette erreur fatale. Ils ont dû subir la peine qui attend, chez moi, quiconque ne sait pas obéir. »
XXX
LE PLAN D’UN « ÉTAT CORPORATIF »
La réforme sociale et économique qu’Hitler s’était imaginée n’était pas, on le vit bientôt, chose aussi simple que la discipline d’un « camp retranché ». Au reste, s’était-il rien imaginé de précis ? Dans tous les cas, il avait fait travailler ses techniciens d’arrache-pied, et, parmi les brochures officielles présentées par l’ingénieur Feder, on trouve en effet un travail sur la « Réforme corporative du Troisième Reich ». Peu de temps après la prise du pouvoir, on vit fleurir tout un bouquet de projets plus ou moins fantaisistes qui tendaient à instaurer un « ordre nouveau ». Tous se réclamaient d’un principe qui sonnait bien aux oreilles : « L’intérêt général passe ayant l’intérêt particulier. » De ce principe devait naître, d’après les uns, un nouveau système économique dans lequel le profit personnel devait être supprimé, au moins dans toute la mesure possible. Suivant les autres, il fallait trouver, dans un système hiérarchique d’économie dirigée par l’État, un compromis entre les intérêts particuliers et les intérêts nationaux, de manière à satisfaire les uns et les autres.
Le programme était plus facile à exposer qu’à réaliser. Signifiait-il que l’Allemagne allait devenir un État corporatif ? Signifiait-il une économie totalement dirigée ? Était-ce le socialisme d’État ? Avant tout, il fallait agir, faire étalage d’activité. Le but apparaîtrait plus tard
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