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Il était une fois le Titanic

Il était une fois le Titanic

Titel: Il était une fois le Titanic Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: G.A. Jaeger
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    Comme dans toute pièce de théâtre, la communauté du Titanic abritait des individus peu recommandables. Dans les salons de première classe, leur présence était une tradition. Ils y tenaient ouvertement leur rôle. Depuis l’ouverture des lignes transatlantiques, les paquebots avaient toujours attiré les aigrefins de tout poil. Escrocs, filous et rats d’hôtel formaient avec les joueurs professionnels une engeance que les compagnies avaient tout d’abord tenté d’écarter. Mais, plutôt que d’engager leur responsabilité vis-à-vis de la clientèle en leur interdisant le passage, elles avaient préféré fermer les yeux en les considérant comme des passagers ordinaires. Seul un « avis particulier », placardé par le commissaire du bord, mettait en garde les hôtes fortunés du navire contre les agissements indélicats des tricheurs qui s’inviteraient aux tables de bridge. La liberté du client primait sur toute autre considération.
    Pour ce voyage inaugural, trois passagers furent identifiés comme étant des joueurs aux antécédents crapuleux. Soupçonnés d’escroquerie, ils avaient pour noms George Bradley, Charles Romaine et Harry Homer, alias Brayton,
Rolmane et Haven. Un quatrième personnage, dont le nom de scène était Rogers, était entré dans le huis clos du navire. Identifié comme repris de justice, de son vrai nom Jay Yates, il avait fait irruption au départ de Queenstown 128 .
    En tout état de cause, cette population privilégiée – à la scène comme à la ville – était elle-même sujette à toutes les rumeurs. La fortune suscitant le fantasme et la légende, il se disait volontiers, dans les étages inférieurs du navire et de la société, que tous les Astor, Hayes, Widener et Guggenheim ne profiteraient pas impunément de leurs prérogatives. Que le temps se chargerait de revisiter le cours des choses, demain ou dans dix ans. À leur avis, la fin de l’histoire était annoncée, de la même façon que la guerre était proche, quand bien même les chancelleries en niaient l’évidence.
    Mais ce n’était que le début du voyage. À partir de ce vendredi 12 avril 1912, la vie s’était organisée à bord. Après le premier petit déjeuner servi en cabine et composé de thé, de café ou de chocolat, de fruits et de biscuits, une seconde collation matinale était à la disposition des voyageurs de première classe. On y trouvait de la viande froide, du poisson, des légumes et des œufs, ainsi que des pâtisseries chaudes et des sirops. Un peu plus avant dans la matinée, on pouvait se réchauffer en consommant du bouillon proposé par le personnel de pont. À midi, des sandwichs étaient distribués en attendant le déjeuner de 13 heures annoncé par le clairon. Servi dans la grande salle à manger située au centre du navire, il était composé d’un hors-d’œuvre, suivi de trois plats, de légumes et de desserts. Riche et varié, il permettait de se sustenter avant l’après-midi consacré à la lecture et au courrier que les radiotélégraphistes se chargeraient de transmettre lorsque le navire serait en contact avec une station terrestre. On pouvait également flâner sur les ponts-promenades, jouer au palet, manger des glaces ou des douceurs en attendant
le cake, le chocolat et le pain grillé de 16 heures, dispensé en guise de goûter. De quoi patienter jusqu’aux compotes, confitures et marmelades de 18 heures ! Une heure plus tard, après avoir laissé le temps à ses hôtes de changer de vêtement, un nouveau coup de clairon annonçait le dîner que le commandant Smith partageait avec ses passagers. Chaque soir, il invitait de nouvelles personnalités à sa table en s’assurant de satisfaire la vanité de chacun.
    Le premier soir de la traversée, les passagers se présentaient en tenue de ville, ainsi que l’exigeait l’étiquette de la croisière 129 . Le restaurant gastronomique, où l’on pouvait se rendre entre 20 et 23 heures, offrait une carte déclinée par les meilleurs chefs à l’attention des plus fins gourmets. Le reste de la soirée se passait généralement au fumoir, dans la bibliothèque ou les vérandas que fréquentaient plus volontiers les femmes en discourant sur la vie du bord. C’est au Café parisien – spécialement conçu pour le Titanic – que Helen Candee recevait ses courtisans et leur coterie. Les stewards y passaient fréquemment chargés de corbeilles de fruits, que l’on accompagnait d’une liqueur,

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