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Il était une fois le Titanic

Il était une fois le Titanic

Titel: Il était une fois le Titanic Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: G.A. Jaeger
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gagner Cherbourg, où il était attendu pour son escale française. Il n’y resterait que deux heures, le temps d’embarquer deux cent soixante-quatorze nouveaux passagers, pour plus de la moitié des voyageurs de première classe venus de la gare Saint-Lazare par convoi spécial.
    Si depuis 1907 le port de Cherbourg recevait à quai les navires de la White Star Line en partance pour l’Amérique, ses plus gros liners mouillaient dans les eaux profondes de la rade, à l’écart du port, en raison de leur trop fort tirant d’eau. C’était notamment le cas de l’ Olympic et du Titanic .
    À bord, l’après-midi avait été radieux. Les passagers étaient pour la plupart accoudés au bastingage pour admirer la côte à la tombée du jour. Il était 18 h 30 lorsque la chaîne d’ancre se dévida dans l’écubier. « Le soleil brillait encore, un vent léger venait coucher la fumée surgissant en hautes volutes noires des cheminées beige et noir aux couleurs de la White Star 118 . » Une célèbre photographie montre le Titanic à son mouillage, constellé de lumières. Ce cliché, qui constitue l’avant-dernière photographie du Titanic , fut
considérablement retouché pour faire impression sur les cartes postales . On peut aisément s’en assurer en observant la fumée qui sort par erreur de sa quatrième cheminée postiche… Sa toute dernière représentation date du lendemain, au départ de Queenstown.
    Les deux navettes nouvellement construites par la compagnie pour assurer le transbordement des voyageurs attendaient à quai. Les cent trois émigrants arrivés à la gare de Cherbourg, principalement venus d’Europe de l’Est et du Moyen-Orient, avaient le cœur serré lorsque la première navette les emmena vers le Titanic . Pesamment chargé de bagages et de sacs postaux, le Traffic s’approchait maintenant de la haute coque noire du paquebot. Et ce que ces passagers étaient en train de vivre ne leur tirait que des larmes d’appréhension et d’angoisse car ils entraient dans l’inconnu, muets, blottis les uns contre les autres.
    Lorsque le Nomadic quitta le port à son tour, les passagers des première et deuxième classe, exaltés par le spectacle, exprimèrent quant à eux leur plaisir et leur impatience. Sur le pont E, qui avait ouvert sa grande porte sur bâbord au niveau de la ligne de flottaison, les nouveaux arrivants furent accueillis au son de la White Star March , interprétée par l’orchestre du bord. Puis ils furent dirigés vers les cabines par les stewards, avec tous les égards dus à la couleur de leur ticket d’embarquement correspondant à leur rang, à leur notoriété, ou plus simplement à la somme qu’ils avaient déboursée pour cette traversée historique.
    Dans les coursives des ponts supérieurs, on pouvait apercevoir John Jacob Astor, considéré comme l’un des hommes les plus riches du monde, Benjamin Guggenheim, capitaine d’industrie qui avait fait fortune dans les mines et les fonderies, ou encore sir Cosmo, un aristocrate écossais dont l’épouse, lady Duff Gordon, dirigeait une célèbre maison de mode. Des épouses légitimes et des maîtresses en titre y croisaient des femmes du monde telles que Charlotte Cardeza, voire quelques demi-mondaines comme Margaret Tobbin, dite Molly Brown.

    En regagnant le port, le Nomadic emporta vingt-quatre voyageurs dont la courte traversée s’achevait à Cherbourg. Et, tandis qu’il accostait, le Titanic s’apprêtait à lever l’ancre. Sur la passerelle, le commandant Edward John Smith attendait que le commissaire McElroy lui confirmât que tout le monde était à bord et la porte du pont E soigneusement verrouillée. Il était 20 heures lorsque les trois coups de sirène retentirent de nouveau.
    Le pilote, qui assurait le mouillage, n’avait pas quitté le bord. Son bateau, qui se trouvait sous le vent du paquebot, attendait qu’il eût guidé le bâtiment vers la sortie, entre la digue de Querqueville à bâbord et le fort de l’Ouest à tribord. Il viendrait alors à couple pour le récupérer, puis s’en irait attendre l’arrivée d’un autre navire. Il s’appelait Louis Castel et était particulièrement apprécié des officiers de la White Star, dont le port de Cherbourg était devenu l’escale de luxe de la ligne. « Un homme qui tient entre ses mains la fortune d’un armateur et la vie d’un équipage doit présenter de puissantes garanties de science et d’expérience », écrivait

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