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Il était une fois le Titanic

Il était une fois le Titanic

Titel: Il était une fois le Titanic Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: G.A. Jaeger
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haut du pont des embarcations, le passager de deuxième classe Lawrence Beesley vit la silhouette de la cathédrale St. Colman s’estomper au-dessus de la ville. « Le Titanic fit un quart de tour sur lui-même, jusqu’à ce que son étrave pointât vers la sortie de la rade. Et quand il mit toute la vapeur pour s’arracher à la côte, les petites maisons de Queenstown s’effacèrent complètement 124 . »
    Les premières heures s’étirèrent lentement, comme si le navire avait voulu laisser à ses passagers le temps de s’organiser. Chacun vaquait au rangement de ses malles dans les cabines ou de ses balluchons dans les entreponts. Puis la plupart partirent explorer le navire.
    Sur les ponts supérieurs, la clientèle privilégiée du Titanic entrait en représentation. Magnats des chemins de fer ou des mines comme Charles Melville Hays, artistes de renom tel Francis Millet se mêlaient à des hommes politiques aussi influents que le major Archibald Butt, aide de camp du président des États-Unis, William Taft. Au milieu de cet aréopage où s’étaient naturellement immiscés quelques aventuriers à l’affût de proies éventuelles, une jeune divorcée faisait figure d’héroïne. Elle s’appelait Helen Churchill Candee. Belle, disponible, elle était la reine de ce théâtre sur lequel venait de se lever le rideau.
    Quand le soleil déclina, la mer était vide de toute part. le Titanic semblait naviguer hors du temps. Comme une légende détachée de toute réalité terrestre. Un conte fantastique. Lawrence Beesley écrit à ce sujet : « Du pont supérieur, c’était magnifique d’observer les ondulations de la mer s’écartant du navire, jusqu’à rencontrer la ligne
d’horizon. Et, sur l’arrière, de contempler le sillage de l’écume blanche brassée par les hélices 125 . »
    Le commandant Smith avait demandé qu’on ne fît fonctionner que vingt-quatre chaudières. Cinq restèrent ainsi de réserve, ce qui donnait au navire une vitesse de croisière de 21 nœuds, suffisante pour respecter le calendrier sans incommoder les passagers par un bruit superflu.
    La première nuit, le Titanic glissa sur les eaux noires de l’Atlantique Nord dans lequel il venait de pénétrer. La matinée du lendemain, 12 avril, fut particulièrement fraîche. Rares furent les passagers qui se hasardèrent longtemps à l’extérieur. Dans les coursives, les stewards parlaient d’un champ de glace que le Titanic serait amené à traverser dans deux ou trois jours. Dès ce moment, il n’était question que de cette curiosité dans les conversations. Personne ne voulait manquer le spectacle d’une mer gelée, hérissée d’icebergs à la dérive !
    En attendant, comme l’océan le long de la coque, le temps s’écoulait fluide et régulier, à peine contrarié par une intrigue amoureuse et deux ou trois joueurs de cartes échauffés aux tables des fumoirs. Les altercations elles-mêmes, dont les passagers des ponts inférieurs étaient les témoins quotidiens, n’eurent aucune conséquence sur le cours des choses.
    Dans le grand escalier de première classe, qu’elle descendait avec une désinvolture étudiée, Helen Churchill Candee avait fait la connaissance de deux gentlemen célibataires qui n’eurent aussitôt d’yeux que pour elle. Ils s’appelaient Hugh Woolner et Edward Kent. D’autres prétendants, comme Edward Pomeroy Colley ou Mauritz Hakån Björnström-Steffansson, étaient désireux de partager un peu de son temps et de son attention, mais la jeune femme donna rapidement la préférence au moins entreprenant, voire au plus réservé de ses soupirants.

    Le Titanic était constitué d’une société complexe, avec ses intrigues et ses retournements, comme dans une pièce de théâtre rythmée par les usages du bord. Les protagonistes qui s’y croisaient plusieurs fois par jour échangeaient leurs répliques où se nouaient cabales et complots. « J’aurais très bien vu, poétise Michel Mohrt, telle passagère que l’on avait surprise au bar, flirtant avec des messieurs différents, tomber sous le coup d’une balle vengeresse, au beau milieu du grand escalier 126  », point central du décor.
    Certains observateurs ont comparé les grands paquebots à des villes flottantes. « Mais alors, précisent Michel Mohrt et Guy Feinstein, avec seulement leurs charmes et leurs prestiges, débarrassées des ennuis, des difficultés qui les rendent de moins en moins supportables 127

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